Un conseil : ne regardez pas la bande-annonce.
Je vous suggère de ne pas le faire pour deux raisons :
1- On y voit plusieurs scènes clés-en fait, beaucoup trop de scènes importantes à mon goût.
2- Le montage et la mise en scène de la bande annonce ne rendent pas justice à l’ensemble du film.
Après, si vous le souhaitez, vous pouvez la voir analysée avec beaucoup d’humour par Studio Ciné live ici. Mais ne comptez pas sur moi pour la diffuser et tuer le suspens.
Premier bon point du film : la volonté de se démarquer, une envie de changer tout en respectant l’original. Car, oui, il y a un scénario original qui n’entre pas dans la continuité directe des autres versions, mais qui est en même temps un explication crédible pour le film Planet of the Apes (1968) et ses suites.
Ici, pas d’évolution, pas de guerre nucléaire !
Le film est centré sur le pouvoir de la génétique, des thérapies géniques et sur ses conséquences involontaires…
La Planète des singes : les origines se passe de nos jours, sur la Planète Terre. En travaillant sur un virus pour soigner la maladie d’Alzheimer, un scientifique rend un singe intelligent et devient ami avec lui… Mais il doit abandonner « César ». César est joué par Andy Serkis, habitué à incarner des personnages de synthèse. Il a ainsi été le Gollum de la saga du Seigneur des anneaux.
César se retrouve enfermé auprès de ses semblables, martyrisé par un gardien d’une pension pour primates. (Le blond Tom Felton, le méchant Draco de Harry Potter, présent dans deux blockbusters de l’été) … De quoi le dégoûter des humains…
Le film nous livre une explication plausible de la guerre entre les primates devenus intelligents et les humains. Une explication différente du roman de Pierre Boulle, des films et de la série TV précédentes.
L’histoire fonctionne plutôt bien, l’engrenage de violence est bien décrit, l’angoisse monte juste quand il faut – la rebellion ayant lieu dans le dernier tiers du film… Mais certaines scènes ont fait rire la salle (ce qui n’était certainement pas l’effet escompté) ou ne fonctionnaient pas (quand César se met à parler par exemple.)
Deuxième bon point : les effets spéciaux – je cite le dossier de presse pour l’explication technique :
« Le studio d’effets spéciaux WETA (oscarisé pour Avatar) a conçu les singes en CGI en intégrant la technologie de motion capture. »
Au début, j’avais un peu peur. Puis, très rapidement, mes yeux se sont habitués et j’ai fini par oublier que les singes étaient en CGI pour me concentrer sur l’histoire. Certaines scènes sur le pont de San Francisco ou dans le laboratoire coupent le souffle. Cela nous change du maquillage des seventies (voir ci- dessous)!
Dernier point : le casting
Le choix de James Franco pour interpréter Will est une bonne idée : cet acteur a le vent en poupe, et se sort bien de ce rôle de jeune Docteur Frankenstein.Là encore la bande annonce ne lui rend pas justice.
Le lunaire John Lithgow joue son père atteint d’Alzheimer et les scènes entre ces deux hommes et César fonctionnent bien.
En revanche, Freida Pinto est moins crédible en primatologue. Elle est certes plus jeune et jolie que les vraies Jane Goodall ou Dian Fossey (sa vie et sa mort sont relatées dans Gorilles dans la brume). Cependant son rôle est mince : c’est la petite amie / voix de la sagesse qui prévient le personnage de James Franco qu’il ne faut pas chercher à contrôler certaines choses : « C’est mal, Will ». « Certaines choses ne doivent pas être changées ! »
Une réflexion certes très philosophique, mais son personnage m’a semblé trop effacé et » zen » au vu de l’histoire.
La relation entre César le singe et Will son père adoptif est plus intéressante, et Andy Serkis – sous l’image de synthèse – arrive à faire passer autant voire plus d’émotions que Friday Pinto. Cette impression ne vient pas forcément de l’actrice ; je pense que c’est le rôle qui n’est pas assez important. Les autres rôles (protagonistes ou adjuvants) sont aussi peu développés au niveau psychologique – mais tous ont une influence sur l’histoire.
Le » plus » du scénario, c’est que ce film de science fiction prend le temps de construire une atmosphère anxiogène, de poser les bases d’une saga. On se doute bien qu’on échappera pas au combat final hommes versus singes, mais le film va plus loin qu’une bataille géante. On ne s’ennuie pas et on en redemande, car on rentre bien dans l’histoire. Même si certains moments laisse perplexe.
La toute fin nous fait pressentir une suite en instaurant un vrai suspense. Ne partez pas tout de suite, attendez le générique…
Pour finir, une citation tirée du film Attenberg :
« Il y a plus de sens et de compréhension mutuelle dans un regard échangé avec un gorille, qu’avec n’importe quel autre animal. Si jamais il existait la moindre possibilité d’échapper à la condition humaine et de vivre de façon imaginaire dans le monde d’une autre créature, ce serait dans celui du gorille. »
Sir David Attenborough , Une Vie sur Terre
Sir David Attenborough n’a visiblement pas vu « la Planète des singes »…
BONUS
- Dossier complet sur le roman, les films, la série, le dessin animé (Cet article de Philippe Heurtel a été publié en 2002 dans L’Année de la Science-fiction et du Fantastique au Cinéma (L’Oeil Du Sphinx)
- MAJ janvier 2012 : le DVD / BR est sorti en décembre dernier, juste pour les fêtes de fin d’année !
J’ai bcp aimé ce film. Et ton article est très complet. Effectivement, de nombreuses personnes ont ri dans la salle à des moments qui moi, ne me semblaient pas drôles, et plongée comme je l’étais dans l’intrigue, je n’ai pas compris 😉
Merci pour ton commentaire ! A bientôt.
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