HOMMAGE À JOHNNIE TO : la masterclass
Forum des Images, le 1er juillet 2012 :
Après l’avant-première de « La vie sans principe« (présentée par le réalisateur, dans le cadre de la « Nuit Hong Kong » le samedi 29 juin) et juste après la projection du documentaire « Johnnie Got his Gun » d’Yves Montmayeur, a eu lieu la Masterclass Johnnie To.
Who’s Johnnie To ?
« Réalisateur incontournable et figure éminemment respectée du cinéma de hongkongais, Johnnie To signe en 1980 son premier film The Enigmatic Case et multiplie ensuite les succès au box office dans des styles très variés, se faisant connaître internationalement avec son film The Heroic Trio (1993).
Soucieux de son indépendance, il s’associe en 1996 à son ami scénariste Wai-Ka-fai pour fonder la société de production Milkyway Image. Dès lors, il trouve un équilibre entre films grand public et productions plus personnelles et devient le maître dans l’art du polar avec The Mission en 1999, son premier film distribué en France.
Mais Johnnie To est aussi un passeur attaché à la découverte de nouveaux talents. Après avoir collaboré avec des grands noms du cinéma hongkongais tels que Tony Leung, Andy Lau et Maggie Cheung il souhaite mettre en avant avec Milkyway image de nouveaux acteurs, réalisateurs et scénaristes et ainsi donner une nouvelle impulsion au cinéma hongkongais. »
(Présentation de Johnnie To – via le site de Paris Cinéma)
18 h 30 : Johnnie To arrive au Forum des images, suivi de Xavier Leherpeur (France Inter, Studio CinéLive…) et de son interprète cantonais. Ponctuel, Johnnie To ne fut pas avare de son temps. Le réalisateur s’est livré longuement, la rencontre aura duré 2 heures, soit une trentaine de minutes supplémentaires par rapport à la durée annoncée.
Compte-rendu sommaire de cette rencontre exceptionnelle.
- A propos de son parcours
- A propos de la cinéphilie de Johnnie To, et des cinéastes qui l’ont influencé …
Quand j’étais jeune, il y avait un entrepôt où travaillait mon père. A côté de l’entrepôt, un cinéma … Je passais devant ce cinéma quand je rentrais de l’école ; j’allais me planquer derrière l’écran depuis l’entrepôt ! J’ai vu plein de films »à l’envers » de 8 à 12 ans. A l’époque, je rentrais vers 17 heures, et à ce moment de la journée on ne passait que des films occidentaux. Inconsciemment toutes ces images me sont restées en tête. A la TVB, j’ai commencé à avoir un salaire… J’allais au ciné pendant les vacances : je regardais 4/5 films par jour, au hasard !
- D’où vient son envie de faire autant de films ? (J.To a réalisé 55 films !)
Au début le cinéma était un job alimentaire. C’est vers le milieu des années 90 que cette envie s’est développée . Je me considère comme un élève qui est en train d’apprendre. Je ne pense pas avoir atteint le bout du chemin !
- Au sujet des films de genre
Pour moi, les grands films nous permettent de connaître le monde. A mon avis, un grand film d’action doit quand même comporter un aspect « culturel ». Le cinéma est un divertissement qui devrait permettre aux gens de réfléchir.
- Ce qui fait un bon film noir à ses yeux…
Pour moi, dans un bon polar, il y a de très bons personnages. La qualité du récit guide la réussite du film. Si les caractères ( des personnages) sont riches, cela peut donner un très bon film.
- A propos de son expérience à la télévision.
Est-ce que cette expérience l’a aidé pour le cinéma ?
A la télévision, il fallait travailler très vite : si on est lent, on est viré ! Il m’arrivait de tourner une trentaine de séquences par jour. Évidemment, cela m’a servi pour mon travail de réalisateur de cinéma. Mais le temps, c’est un problème secondaire au cinéma.L’important, quand on tourne un film, c’est le travail créatif. Je ne travaille jamais avec un story-board – déjà, je n’ai pas de scénario ! J’ai les choses en tête. Les comédiens en savent pas ce qu’ils vont faire.
Ma société, Milky Way, a fait des films comme the Mission, PTU, Sparrow. Ce sont des créations au jour le jour, sans scénario.
Il y a aussi un autre type de films, plus commerciaux, et là on a un scénario plus ou moins fini mais jamais de storyboard !
- Au sujet de la ville de Hong Kong
- La recette d’un bon « gunfight » (fusillade) …
Je n’aime pas les scènes de « gunfight » où le type abat dix hommes d’un coup. Je trouve cela comique en fait : c’est trop loin de la réalité. Dans Hong Kong, on voit peu de gens qui se promènent avec des flingues…
Je me mets dans la peau d’un mec qui a six balles à utiliser : que va-t-il faire ? Dans le gunfight , il y a le héros avec son arme à feu. Et il y a l’adversaire qui n’est pas un figurant qu’on abat en deux secondes. Il n’est pas idiot, il doit réagir ! Les personnages vont réagir selon leur psychologie. C’est comme cela que je conçois mes scènes de gunfight…. Après ces conditions de départ vient la gestion de la scène… A un moment donné Paul est dans une situation avantageuse. Puis, c’est Pierre, son adversaire ! Entre les deux, il y a des intervalles … C’est plus un combat psychologique qu’une scène d’action pure.
- Pourquoi Johnnie To aime tourner la nuit…
En journée, on a du mal à contrôler la lumière naturelle. J’aime bien les contrastes entre la clarté et l’obscurité dans les scènes de nuit. A vrai dire, souvent, je n’ai pas les moyens d’engager un directeur artistique pour me conseiller (et quand j’ai une idée, je n’aime pas que quelqu’un me donne un autre avis !)
- Pourquoi Johnnie To travaille- t-il toujours avec les mêmes personnes ?
Ils (les membres de son équipe) sont bons et me connaissent bien. Il m’arrive souvent de commencer un film et de partir sur autre chose… Enfin, ce sont des gens qui m’obéissent !
- Au sujet de Milky Way Image
Quand on a créé Milky Way, ce qui était important pour nous, c’était l’aspect créatif. on voulait fair des films originaux qui aient une « patte ». Le monde du cinéma est vaste. Chacun tourne ses films à sa façon. Pour moi , rien n’est impossible ; si ça ne marche pas, au moins, on aura essayé.
- A propos de la « Fresh Wave »
Au bout de dix ans, Milky way a imposé son image. Pour la décennie suivante, j’ai pensé qu’il était nécessaire de produire une relève . le temps nous dira si c’est une réussite, ou pas. La ville de HK peut être considérée comme le territoire chinois où il y a le plus de libertés. Cette liberté a tendance à disparaître ; c’est donc important de former une relève … pour la survie de Hong Kong. Je n’ai pas participé à la sélection des films ; elle a été faite par un parterre d’étrangers et de Chinois. Peut-être à cause de leur jeunesse, ces réalisateurs filment des sujets qui leur sont proches. Peut-être qu’ils vont élargir leur champs d’action avec le temps. Ce qui m’intéresse, c’est qu’ils se préoccupent de notre avenir commun.
- Son dernier projet : « Drug Wars »
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Rencontre avec le réalisateur Johnnie To (杜琪峰 en chinois, Dù Qífēng en mandarin, To Kei-fung en cantonais).
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Oh, la veinarde ! Une photo aux côtés de Johnnie To ! Je t’ai vue, je crois ; et j’ai pas réussi à avoir son autographe. ^^ Merci pour ces extraits choisis avec pertinence. Dis-moi, est-ce que tu sais si la master class a été rediffusée ou msie en ligne ? Il me semble que oui, mais je ne sais plus où. J’ai juste trouvé la transcription audio sur le site du Forum des images.
Bonjour, ce n’est pas moi sur la photo;)
Il y a en effet eu captation vidéo … Je pense qu’il faut aller voir sur le site du festival Paris cinéma qui organisait l’événement.
je vais me renseigner de mon côté…
Merci de me lire et à bientôt !
Bonjour, ce n’est pas moi sur la photo;)
Il y a en effet eu captation vidéo … Je pense qu’il faut aller voir sur le site du festival Paris cinéma qui organisait l’événement.
je vais me renseigner de mon côté…
Merci de me lire et à bientôt !
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