L’Espagne est en crise, on le lit tous les jours. Chômage en hausse, dette qui explose, exode de la jeunesse et fuite des cerveaux… Cette crise n’a pas découragé Alex et David Pastor, au contraire : elle semble les inspirer. Ces deux frères, à défaut d’avoir un gros budget, compensent avec des idées. Après nous avoir livrés « Infectés », ils reviennent avec « Los últimos días ». Encore une histoire de fin du monde, ou plutôt de la fin de notre monde…
CRITIQUE
L’Apocalypse est un sujet à la mode au cinéma : »2012″, « World War Z », »Take Shelter« , « After Earth« … sans parler des super-héros qui sauvent la planète in extremis (Avengers, Man of Steel…).
Le scénario d’apocalypse des frères Pastor se démarque néanmoins des autres : ici, point de destructions massives, point de zombies mais un étrange virus qui empêche les gens de sortir dans les espace ouverts. Une sorte d’agoraphobie tellement puissante que les reclus meurent, pris de panique, dès qu’on les expose à l’air libre… Un virus que l’on pourrait comparer à celui de « Phénomènes« de M. Night Shyamalan, mais passons (je n’avais pas beaucoup aimé le scénario de « Phénomènes« ).
Mais revenons à nos derniers jours à Barcelone. Au début, je ne comprenais pas grand-chose à « Los últimos días », à cause de son récit éclaté ou plutôt de ses flash-backs… Je pensais même voir des incohérences ( le GPS…), et je ne trouvais pas les personnages spécialement attachants. Puis tout s’est mis en place, je suis vraiment « rentrée dans le film » grâce à un scénario plutôt malin.
« Los últimos días » n’est pas seulement une dystopie. C’est une métaphore de la société actuelle. Il offre un regard sur la crise actuelle, en Espagne, à Barcelone plus précisément. Mais ce qu’il nous montre pourrait se passer n’importe où. Peur de l’avenir ; le personnage de Marc ne veut pas d’enfant « dans ce monde ». Peur du chômage (Enrique est embauché pour licencier les gens). Peur du monde extérieur et repli vers les écrans et les nouvelles technologies. Méfiance envers les médias et les politiciens qui incitent les gens à sortir de chez eux et consommer…
Le duo formé par le personnage de Marc et de celui censé le virer, Enrique (José Coronado) est forcé au début, mais ces deux personnages vont devenir solidaires. Certains diront que cette alliance a été vue des centaines de fois, moi je la trouve plutôt crédible.Crédibles, les acteurs le sont également, malgré certaines scènes un peu trop appuyées par la musique et des situations flirtant avec le ridicule ( la collecte d’eau)… Quim Gutiérrez (déjà remarqué dans le prenant« Inside ») n’est pas mal du tout en trentenaire maladroit et désespéré. Quant à Marta Etura, on la voit certes peu mais elle est touchante. Je pense que de nombreuses femmes se reconnaîtront dans son personnage. José Coronado, lui , a une gueule, et une forte personnalité, ce qui convient au personnage d’Enrique. D’abord fortement antipathique, il se mue en homme blessé et en héros devant nos yeux.
Passons à la forme du film. Certains effets de caméras m’ont un peu gênée… Je me dois préciser que je n’ai pas vu le film sur grand écran. La qualité de son et d’image est donc bien moins bonne que si je l’avais découvert en salle, surtout au niveau des effets spéciaux. Je ne peux donc pas trop me prononcer sur les effets spéciaux. Les frères Pastor n’ayant certainement pas le budget d’un blockbuster de science fiction américain, se débrouillent visiblement avec les moyens du bord. Ils filment donc les sous-sols de Barcelone, et jouent habilement de notre claustrophobie et de la peur du noir ! Puis arrivent des scènes plus spectaculaires, comme un Barcelone désert, des barricades de caddies dans un supermarché avec des hommes retournés à l’état de sauvages… Il est aussi intéressant de revoir la boutique de la femme de Marc ou l’ancien appartement du couple. Les frères filment bien ce côté avant /après le virus. De même, progressivement, ils nous montrent un retour en arrière, l’humanité semblant retourner à une vie primitive (Marc et Enrique se retrouvent nez à nez avec un ours qu’ils doivent tuer avec des lances en bois.)
En conclusion
Un film d’anticipation qui prend de l’ampleur au fur et à mesure de sa vision. Les frères Pastor indiquent dans le dossier de presse que le film est un film optimiste, à l’inverse de leur premier long métrage, « Infectés ».
Effectivement, le film critique notre mode de vie actuel, et envisage un futur totalement différent… Et si, comme les Mayas le pensent, la fin du monde n’était en effet pas la fin de tout, mais un changement de mode de vie après une crise ? C’est ce que les frères Pastor semblent vouloir croire. En ces temps de désert cinématographique, vous pouvez tenter de vous réfugier dans une salle obscure passant « Les Derniers jours »… Effet claustrophobique garanti ?
- Pour en savoir plus :
Fiche film : Les Derniers jours – film 2012 – AlloCiné.
Titre original : Los últimos días
Date de sortie : 7 août 2013
1h 40min
Réalisé par Alex Pastor, David Pastor
Avec Quim Gutiérrez, José Coronado, Marta Etura plus
Genre : Action , Science fiction
Nationalité : Espagnol
Site officiel : http://www.rezofilms.com/distribution/les-derniers-jours
LES DERNIERS JOURS from REZO on Vimeo.
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