Il était une fois un film belge qui faisait sensation dans les festivals (Berlin, Cannes, Paris Cinéma, le festival du film romantique de Cabourg…)
Ce film porte un drôle de nom : « Alabama Monroe » – en anglais : « The Broken circle breakdown » !
Découvrez l’histoire bouleversante qui se cache derrière ce titre énigmatique, ainsi que mon avis sur le film.
CRITIQUE
(avec des spoilers.)
[ Note introductive : Attention, voici un film à forte charge émotionnelle. J’ai vu ce film il y a plusieurs mois déjà, et j’y pense très souvent. J’hésitais à écrire quelque chose « Alabama Monroe », tant ce film m’a marquée.
Ceci dit, quand un film vous hante, quand vous éprouvez le besoin d’en parler autour de vous (voire à la radio), c’est qu’il est temps de poser votre avis sur le papier. Dont acte.
Il faut dire que je n’étais pas préparée. La bande annonce et le synopsis laissaient entrevoir une histoire d’amour conflictuelle sur fond de bluegrass. Mais le nouveau film de Felix Van Groeningen (« La Merditude des choses ») est bien plus que cela… Puisqu’il traite du cancer (une maladie à laquelle je suis particulièrement sensibilisée, comme j’imagine beaucoup d’entre vous), de perte et de mort. Voilà, vous êtes prévenus.
Fin de la parenthèse. ]
Synopsis
« Didier et Élise vivent une histoire d’amour passionnée et rythmée par la musique. Lui, joue du banjo dans un groupe de Bluegrass Country et vénère l’Amérique. Elle, tient un salon de tatouage et chante dans le groupe de Didier. De leur union fusionnelle naît une fille, Maybelle… »
(In DP)
Plus belge la vie avec « Alabama Monroe » !
Felix Van Groeningen a recours à un récit éclaté, ou plutôt à une structure non linéaire à l’aide de flash- back et d’avance rapide sur la relation entre Elise et Didier. Le réalisateur mélange éléments dramatiques avec des moments plus légers et des chansons de bluegrass… Il laisse le soin aux spectateurs de reconstituer l’histoire.
J’ai été totalement impliquée dans le récit, et profondément émue, même si je voulais garder une certaine distance par rapport à l’histoire. Quand j’ai compris que l’enfant du couple souffrait d’un cancer, j’ai vraiment eu un coup au cœur ! D’une manière générale, je trouve que le sujet du cancer est très délicat à aborder au cinéma. Et lorsqu’il s’agit d’enfants, c’est presque un sujet tabou.
Il est donc louable que le film traite de ce thème, mais qu’est-ce que c’est dur à regarder !
Il faut préciser que ce drame n’a rien à voir avec « La Guerre est déclarée« , même si le thème est le même. L’ambiance n’est pas du tout la même… Le film de Valérie Donzelli était autobiographique, elle jouait son propre rôle, ainsi que son fils et son ancien compagnon. On connaissait donc l’issue du combat contre la maladie et il y avait une sorte de mélange entre scénarisation et réalité. Alors qu’ici nous sommes dans la fiction et les acteurs belges donnent tous une solide performance dans un rôle de composition.
Veerle Baetens est formidable dans le rôle de l’originale Elise Vandevelde. Dire qu’elle vit le personnage est une litote. Elle est à la fois forte et fragile, violente et douce. Son interprétation n’est jamais tiède, jamais forcée, elle est toujours intense et juste. Ses scène de disputes avec Didier sont vraiment impressionnantes.
Johan Heldenbergh donne tout ce qu’il a et ce qu’il est dans le rôle de Didier Bontinck. Cet acteur est un peu la muse de Van Groeningen : ils ont déjà travaillé sur deux films ensemble. « Alabama Monroe » est aussi son bébé…
En effet, c’est Johan Heldenbergh qui a signé la pièce de théâtre dont est tiré le film. C’était également l’idée de Johan Heldenbergh d’avoir recours à la musique bluegrass, et de créer un groupe de musique où il serait interprète avec Veerle Baetens. Tout comme son personnage, Heldenbergh affectionne particulièrement cette musique américaine. Le bluegrass, c’est la musique des « losers » , des gens de peu. Et d’ailleurs cette musique country traditionnelle, déjà entendue dans « O’Brother« , s’accorde parfaitement à l’histoire et en renforce les émotions. La musique est un lien dans le couple et rythme les évènements de leur vie commune. Un peu comme les tatouages d’Elise, qui ont leur importance dans le récit (pour l’anecdote, l’actrice n’est pas tatouée ; les tatouages ont été dessinés par une artiste bruxelloise, Emy La Perla.)
Alors, bien sûr, on pourra chercher la petite bête dans « Alabama Monroe », ses faiblesses.
Le film aborde une multitude de thèmes comme la vie, la mort , la maladie, la politique américaine, la naissance, le couple, la maternité et la paternité, la recherche sur les cellules souches et la religion.
Ainsi, Elise croit en une certaine spiritualité et se tourne vers la religion (la superstition ?) pour apaiser son deuil, alors que Didier est farouchement anticlérical et athée…
Et parfois vouloir trop en mettre dans un film nuit à son propos, à mon avis. Cependant, l’ensemble est tellement marquant qu’il serait dommage de se formaliser pour des détails.
En plus d’aborder des thèmes difficiles, »Alabama Monroe » teste nos limites – avec par exemple une scène où Didier, dans un long monologue et en plein concert, s’en prend à la religion et la politique.
Je pense aussi à une scène de dispute magistrale entre les deux acteurs. Nous sommes aussi mis à rude épreuve avec les scènes d’hôpital avec Maybelle (sa petite interprète, Nelle Catrysse, 5 ans, est confondante de naturel). Cela fait du bien d’être bousculé de temps en temps, de sortir de sa zone de confort…
En conclusion : Felix Van Groeningen a réussi un film beau et triste, comme la vie.
Doté d’une superbe bande originale et d’une histoire à vous fendre le coeur, Alabama Monroe est définitivement un film à voir ! Prévoyez tout de même un stock de mouchoirs.
***
Informations sur Alabama Monroe
2012 – Belgique
110 min – VOSTF ( langue flamande)
Meilleur scénario et Meilleure actrice (Veerle Baetens) à Tribeca
- Site officiel : http://www.alabamamonroe-lefilm.com
- La bande originale : http://www.alabamamonroe-lefilm.com/musique/bande-originale.html
Alabama Monroe – Bande-annonce VOSTF
(par Bodega films)
La bande annonce est superbe !! J’ai lu ton billet en diagonale et j’irai voir ce film !!
🙂