Une avant – première slovène, c’est plutôt rare à Paris !
Aussi, c’est avec plaisir et curiosité que je me suis rendue, le 3 juin, au Cinéma des Cinéastes ( Paris 17 ème ) qui projetait ce film dans le cadre de l’ « Ami européen » (projection de films et débats entre réalisateurs européens).
Pour son premier long métrage, Rok Biček s’est inspiré d’un histoire vraie dont il a été témoin, il y a 14 ans, lorsqu’il était au lycée.
Pendant 1h52, le spectateur est en immersion totale dans une classe de jeunes gens âgés d’environ 17 ans.
Ces derniers sont traumatisés par l’arrivée d’un professeur d’allemand autoritaire, remplaçant une prof cool et appréciée, partie en congé maternité, et par le suicide d’une camarade prénommée Sabina.
Comme il faut toujours trouver un coupable à « l’intolérable » , à savoir la mort d’une jeune fille, la plupart de élèves vont désigner le prof « pur et dur »et le système éducatif comme responsables de ce drame…
S’ensuit une rébellion des élèves, une sorte de folie collective, intéressante dans le sens où le réalisateur ne prend pas parti.
Filmé en Cinémascope, caméra à l’épaule et n’utilisant aucune lumière artificielle, ce film peut paraître décevant au niveau de l’image qui est parfois tremblotante.
Mais j’ai vite oublié ces détails techniques car j’ai été happée par cette histoire très réaliste.
Igor Samobor, ce nom ne vous dit peut être rien , mais si vous voyez le film , vous apprécierez certainement sa prestation remarquable dans la peau de Robert Zupan , respectueux des rituels et fan de Thomas Mann.
Il se complaît, par exemple, à citer le grand écrivain : « La mort est plus l’affaire des survivants que de la personne elle-même ».
Quand il prend en main (de fer ) la classe peu habituée aux exigences de la discipline, il est, pour la plupart des élèves, un être détestable.
Pourtant, il est le seul à avoir été interpellé par l’attitude de Sabina lorsqu’elle avait lancé en classe un » Pourquoi vivre ? » ne suscitant pas de réaction apparente chez ses camarades !
Ce film montre bien les difficultés de la communication.
C’est une source de réflexion inépuisable sur les rapports « enseignants – enseignés » et sur le travail du deuil.
A noter une phrase non anodine d’un élève asiatique, l’un des rares étrangers de la classe : « Vous les Slovènes , quand vous ne vous entre-tuez pas, vous vous suicidez » .
A travers ces mots, Rok Biček a voulu exprimer la souffrance de son pays marqué par l’oppression.
Pour lui, lors du débat (animé par Camille de Casabianca de l’ARP ) qui a suivi la projection , ce film est la métaphore d’une société de faibles, de « moutons » face à des radicaux qui agissent violemment.
Le cinéaste a précisé que seulement cinq acteurs étaient professionnels.
Il a montré le film « Entre les murs » aux comédiens pour leur expliquer « où ils devaient tendre dans leur façon de jouer « .
Les parents, que l’on voit lors d’une réunion instaurée par le proviseur, sont les parents des jeunes acteurs.
J’ai trouvé que ce film était très dense, très bien maîtrisé au niveau de la mise en scène.
J’ai apprécié la qualité des dialogues. J’ai été « bluffée » en particulier par le discours final de Zupan, d’une grande intelligence.
Mais je peux comprendre que le huis clos puisse paraître pesant à certains.
Le 3 juin 2014, ce film, réalisé en 2013, n’avait pas encore trouvé de distributeur en France …(édit mars 2014 : PANAME DISTRIBUTION a décidé de le distribuer, le film sort en salles le 4 mars!)
Mais il a déjà été de nombreuses fois primé. Il a reçu, entre autres, le Prix du Public du Festival d’Angers 2014, le Prix Fedeora à la Mostra de Venise 2013 et a été sélectionné pour représenter la Slovénie aux Oscars 2014 …
(source de la fiche film et de l’affiche originale : Allociné)
Synopsis :
« À l’arrivée de leur professeur principal remplaçant, une classe de sympathiques lycéens se trouve confrontée à une discipline accrue et à un enseignement plus austère. Ce professeur d’allemand concentre vite toutes les critiques. Les élèves mènent ouvertement la fronde. La tension monte, et quand une jeune fille de la classe se suicide, la responsabilité du professeur parait indiscutable aux yeux de ses camarades. L’escalade des provocations ne fait alors que commencer, laissant les autres enseignants dépassés par les événements, et les élèves face à toutes leurs violentes contradictions. »
source : http://www.paname-distribution.com/
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Prix FEDEORA de la Settimana internazionale della critica, Venezia 2013
Prix Cineuropa au Festival de Cinéma Européen des Arcs 2013
Prix du Public au 26ème Festival Premiers Plans d’Angers 2014
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