Les films d’horreur et de serial killers, ce n’est pas trop ma tasse de thé. Mais THE VOICES, le projet de Marjane Satrapi était assez loufoque pour me plaire : rentrer dans la tête d’un serial killer … L’idée de voir des animaux( ou des têtes décapitées) parler avec le grand naturel comme dans un cartoon me semblait en effet être un excellent point de départ.
Jugez-en par vous-même en lisant le synopsis :
« Jerry vit à Milton, petite ville américaine bien tranquille où il travaille dans une usine de baignoires. Célibataire, il n’est pas solitaire pour autant dans la mesure où il s’entend très bien avec son chat, M. Moustache, et son chien, Bosco. Jerry voit régulièrement sa psy, aussi charmante que compréhensive, à qui il révèle un jour qu’il apprécie de plus en plus Fiona – la délicieuse Anglaise qui travaille à la comptabilité de l’usine. Bref, tout se passe bien dans sa vie plutôt ordinaire – du moins tant qu’il n’oublie pas de prendre ses médicaments… » (in DP)
AVIS :
Beaucoup d’humour (noir) dans le film, on pense aux frères Coen… Mais aussi une belle fantaisie. Au niveau visuel, le film est très réussi. Si Marjane Satrapi n’entend pas de voix, en revanche, elle a bel et bien des visions. Cette artiste a commencé par être peintre, et on sent que cela a clairement influencé » The Voices ». Chaque plan est un tableau. On sent aussi le sens du détail ( confirmé par l’entretien que M.S. nous a offert à la fin de la projection.) Il est à noter qu’un grand soin est accordé aux couleurs, je pense à aux vêtements de Jerry (uniforme rose, veste jaune ou bleu électrique), au maquillage de Fiona, aux décors… Lorsqu’il ne prend pas son traitement, Jerry voit la vie en rose, tout est beau, même l’usine semble tirée d’un conte de fées.
Par flashs, en revanche, la réalisatrice nous montre toute l’horreur de ses crimes. Et là on est terrifié et mal à l’aise. Le film change souvent de ton, oscillant entre la comédie, le drame ( les meurtres commis par Jerry, son trauma enfantin, et pas mal de suspense et de tension !!) le gore (discret et pudique selon Marjane Satrapi, et d’ailleurs merci à elle de ne pas insister sur les meurtres en eux mêmes ). Pour contrebalancer cette noirceur, on a droit à des répliques assez amusantes – notamment du chien et du chat- et à un générique de fin en forme de comédie musicale.
Ryan Reynolds dont j’avais pu découvrir le goût pour la noirceur dans « Buried » il y a quelques années, est excellent. On a de l’empathie pour lui, il parait à la fois innocent, maladroit, on a de la sympathie pour lui… Et pourtant c’est un serial killer (malgré lui ou pas ? telle est la question) totalement inquiétant et effrayant. Son physique de beau gosse et son sourire parfois un peu benêt contraste avec son regard et ses faits et gestes !
Ryan Reynolds prête sa voix à ses deux meilleurs amis, le chat (Monsieur Moustache) et le chien (Bosco). Si le chien semble l’aimer et lui dicter la voix de la raison, le chat le pousse au crime… bien entendu cette lutte entre chien et chat, entre ange et démon, entre bonne et mauvaise conscience, cette dichotomie, est symptomatique de la folie de Jerry et ne prêterait pas à rire dans un autre film. Mais avec ce scénario et cette mise en scène, on trouve cette convention très plaisante, voire hilarante par moments. Il faut dire les accents pris par l’acteur pour incarner chat et chien sont excellents… et bien entendu les meilleurs dialogues sont ceux entre Jerry et ses animaux. la thérapie animale ne marche pas bien pour Jerry !
Si Reynolds a le rôle le plus important, les autres têtes d’affiche ne sont pas en reste.
Gemma Arterton est encore une fois l’Eve tentatrice, la pin up qui affole les hommes, elle attire également toute notre sympathie. Encore une fois, elle connaîtra une fin originale (Gemma Bovery, « Quantum of Solace »…)
Anna Kendrick, elle, joue la girl next door, avec une certaine subtilité. Elle représente la possibilité d’un amour normal, d’une vie de couple « normale ». Encore une fois, très bon choix de casting…
Tout comme Jackie Weaver dans le rôle de la psy ( au départ, ce devait être une actrice plus jeune qui devait incarner la psychiatre de Jerry, mais là on adhère totalement au côté maternant de Jackie Weaver.) Les rôles secondaires sont également bien choisis (Adi Shankar, Ella Smith…)
Marjane Satrapi nous montre avec « the Voices » qu’elle peut réaliser un film de genre international tout en gardant de l’originalité et de la fantaisie. Bref, qu’on peut mélanger les genres et créer sa propre tambouille. Le résultat est assez atypique mais la mayonnaise prend !
THE VOICES
11 mars 2015
Un film de Marjane Satrapi
Avec Ryan Reynolds, Gemma Arterton, Anna Kendrick,Jacki Weaver, Gulliver McGrath, Stephanie Vogt, Adi Shankar, Ella Smith
Catégorie Comédie dramatique
Durée 1h43
Réalisation Marjane Satrapi
Scénario Michael R. Perry
Directeur de la photographie : Maxime Schwerbrock
Montage Stéphane Roche
Costumes Bettina Helmi
Musique Olivier Bernet
Un film LE PACTE
Un grand merci au Pacte pour la projection rencontre avec Marjane Satrapi.
La bande annonce m’a laissée dubitative. Pas sûre d’aller au cinéma.
Oui elle est spéciale, comme le film. Je suis contente d’avoir vu le film en tout cas, car l’ensemble est mieux que la bande annonce.
Ah j’adore la dernière phrase, bon résumé ! Je dois dire que j’ai été quand même déroutée par le mélange des genres, pourtant je savais à quoi m’attendre ! C’est étonnant de rire en savourant les scènes comiques avec les animaux (les meilleures selon moi !) et d’angoisser voire d’avoir de la peine pour ce personnage qui est torturé et tout sauf drôle en fait ! Mais au final cela m’a plu et je salue encore la grande Marjane Satrapi ! Super casting effectivement, chacun collait parfaitement à son rôle.
Merci pour le commentaire 🙂