The Program de Stephen Frears, biopic sur Lance Armstrong, champion controversé de cyclisme, sort le 16 septembre 2015 sur nos écrans après un passage au Festival de Toronto (TIFF).
AVIS
Stephen Frears, âgé de 74 ans, n’est pas un réalisateur spécialiste des » feel good movies « .
Il est doué pour décrire les ambiances sulfureuses (« Les liaisons dangereuses » ) et les coulisses , où règne l’hypocrisie, d’un palais royal ( » The Queen » ) ou d’une institution catholique (« Philomena » ).
Cet homme n’y va pas par quatre chemins, comme le prouve l’affiche de son dernier film sur Lance Armstrong.
On peut y lire en gros caractères, sur le visage du comédien interprétant le célèbre cycliste : CHAMPION MENTEUR HÉROS TRICHEUR.
Il fallait oser.
On imagine les réactions, si ces termes figuraient sur l’affiche d’un biopic concernant un de nos hommes politiques ou un des dieux du stade !
Dans « The Program » , adapté du livre de David Walsh intitulé » Seven Deadly Sins : My pursuit of Lance Armstrong« (traduction : Sept péchés capitaux ; A la poursuite de Lance Armstrong ), le cinéaste nous entraîne dans les coulisses du cyclisme.
Ce film est captivant car il allie le suspense d’un thriller et l’intérêt d’une documentation très riche.
De plus, il a trouvé un acteur formidable ( Ben Foster, aperçu notamment dans Les amants du Texas ) qui ressemble physiquement au cycliste et qui réalise une vraie performance artistique.
Le bruit court sur Internet que l’acteur aurait consommé les mêmes drogues que le cycliste afin de ressentir les mêmes sensations et paraître plus crédible.
La conscience professionnelle atteindrait là son paroxysme …
Cette fiction raconte la chute de celui qui a été dégradé de ses sept titres de champion du monde et auquel a été retirée la légion d’honneur …
Mais une grande partie du film est aussi consacrée à l’histoire de David Walsh ( remarquablement interprété par Chris O’Dowd ).
Ce journaliste obstiné s’est évertué à dénoncer le scandale concernant le dopage dans le monde du cyclisme.
Ce qui est particulièrement intéressant est de voir l’évolution du jugement du journaliste, qui semblait admirer le cycliste au début de sa carrière et qui ensuite semble avoir mis toute son énergie à le détruire.
Stephen Frears sait montrer la complexité des personnages.
Il nous montre Lance Armstrong, fragilisé par son cancer , ne cachant aucun détail de sa dégradation physique.
A ce moment- là, il est difficile de ne pas être touché par le courage, la détermination, la volonté de celui qui veut remonter sur un vélo malgré un très mauvais état général.
Lance Armstrong est même rendu très sympathique et émouvant quand il décide de créer une fondation pour aider les malades atteints d’un cancer …
Et puis plus tard , c’est un homme insensible, mégalo, colérique, mué par l’argent qui se présente sous nos yeux.
Ce qui est aussi très étonnant, c’est que le battant battu ne semble guère abattu. Et il se bat toujours, à ce jour pour garder une partie de sa fortune.
On retrouve certains traits de caractère du héros de « Foxcatcher« .
Les courses sont tellement bien retranscrites qu’on ne sait plus si elles sont réelles ou fictives.
Guillaume Canet endosse le rôle sulfureux du médecin responsable du programme de dopage, Michele Ferrari.
Je n’ai pas trouvé sa prestation extraordinaire contrairement à celle de Jesse Plemmons, qui interprète Floyd Landis, un coureur compatriote d’Armstrong , un des premiers à reconnaître le dopage.
En conclusion, ce film est dynamique, rythmé comme une course.
Il décrit avec talent le portrait d’un homme hors du commun dont on garde un souvenir amer …
THE PROGRAM
de Stephen Frears
Sortie le 16 septembre 2015
Distribution : Studiocanal
Avec Ben Foster, Chris O’Dowd, Guillaume Canet, Dustin Hoffman, Lee Pace, Denis Ménochet.
- Pour aller plus loin
➨Facebook https://www.facebook.com/TheProgramFR
➨ »Sept péchés capitaux ; A la poursuite de Lance Armstrong » paru depuis le 19 août 2015 aux éditions J‘ai lu