Folles de Joie (La Pazza Gioia) est le 12e film de Paolo Virzì… on embarque avec Valeria Bruni Tedeschi et Micaela Ramazzotti, évadées d’une clinique psychiatrique… Le film est passé à la Quinzaine des réalisateurs au festival de Cannes cette année. Il sortira dans les salles françaises le 8 juin.
Synopsis:
Beatrice est une mythomane bavarde au comportement excessif.
Donatella est une jeune femme tatouée, fragile et introvertie.
Ces deux patientes de la Villa Biondi, une institution thérapeutique pour femmes sujettes à des troubles mentaux, se lient d’amitié.
Une après-midi, elles décident de s’enfuir bien décidées à trouver un peu de bonheur dans cet asile de fous à ciel ouvert qu’est le monde des gens « sains».
(via Bac films)
Avis : Folles de joie … Living la vida loca …
En regardant l’affiche, on a l’impression qu’il s’agit d’un « Thelma et Louise« .
Au début du film, on pense que ce sera un huis clos, dans une clinique – qui ressemble à un hôtel d’ailleurs qu’à l’hôpital psychiatrique de « Vol au dessus d’un nid de coucou » ou à celui de « Girl, interrupted » (« une vie volée » en français).
Beatrice (Valeria Bruni Tedeschi), aristo bipolaire ( mais aussi mythomane, parano, narcissique, érotomane par moments et un peu maso) n’a pas le droit de quitter cet établissement, et elle ne rêve que d’une chose : retrouver sa liberté, son train de vie et son amant. L’arrivée de Donatella (Micaela Ramazzotti), jeune femme suicidaire qui a perdu la garde de son fils, va changer sa vie … Une amitié entre ces deux femmes va naître…
Au but du compte, « Folles de joie » ne ressemble ni à « Thelma et Louise »( même si on retrouve les thèmes du road trip et de l’amitié entre deux femmes un peu perdues), ni à « Vol au dessus d’un nid de coucou » (traitant aussi de la maladie mentale) ; l’histoire m’a semblé totalement plausible, sans exagération – il suffit de voir la batterie d’experts psy qui ont été consultés sur ce film pour s’en convaincre.
Les deux héroïnes sont attachantes, mais Virzi nous montre aussi leur part sombre.
La blonde, Beatrice, est amusante, elle nous fait rire avec ses répliques bien senties – elle dit tout ce qui lui passe par la tête :
– « Vous êtes moches ! Vous êtes pauvres ! ».
Cependant elle peut aussi s’avérer nuisible pour son entourage. Je crois que c’est le plus grand rôle de Valeria Bruni Tedeschi, certes déjà habituée à la thématique de la folie (« Les Gens normaux n’ont rien d’exceptionnel », ou « Ma Loute« ).
Paolo Virzi retrouve l’actrice après » les Opportunistes« , où elle était déjà excellente, et exploite encore plus le talent de l’actrice pour les rôles de femmes à failles, tout en lui permettant d’exploiter sa veine comique.
La brune, Micaela Ramazzotti, a des faux airs de Béatrice Dalle. L’actrice interprète une écorchée vive avec conviction, une « marginale » qui veut plus que tout au monde revoir son fils… C’est l’exact opposé de Beatrice que ce soit dans le comportement, dans l’allure ou même leur milieu social. Je ne connaissais pas cette actrice, et j’avoue que j’ai été bluffée. J’ai appris que c’était la femme du réalisateur… une chose est sûre : il ne l’a pas ménagée, elle n’est vraiment pas à son avantage dans le film ! Un peu comme Olivier Assayas avec Maggie Cheung pour « Clean ».
« Folles de joie » est un film autour d’une amitié entre deux femmes (une « sistamance » ou « soromance », bref, une « bromance » au féminin). C’est aussi une réflexion sur la folie et la normalité. Et dans quelles conditions on souhaite traiter une maladie mentale.
Il faut savoir qu’en Italie, il existe une loi unique au monde en droit de la santé mentale : la loi 180. Les hôpitaux psychiatriques traditionnels sont hors la loi et ont été remplacées par des communautés thérapeutiques comme celle du film, une jolie villa qui ne semblent pas être médicalisée.
Il faut souligner que le personnel soignant est dépeint dans le film comme particulièrement proche et attentionné envers ses patientes. Une image différente de la représentation classique des films de ce genre! Dans le générique de fin, on nous en dit plus sur ces communautés thérapeutiques.
« Folles de joie » possède un duo d’actrices épatant, des dialogues qui font mouche. Ce film nous fait passer par tout un tas d’émotions ; de la joie à la tristesse , du rire (il y a beaucoup d’humour) aux larmes. Un vrai ascenseur émotionnel. C’est un beau film avec une histoire prenante, malgré quelques légères baisses de rythme.
FOLLES DE JOIE
AU CINÉMA LE 8 JUIN 2016
Un film de Paolo Virzì
Avec Valeria Bruni Tedeschi et Micaela Ramazzotti
Sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs 2016
Distributeur : Bac Films
Sortie en DVD et BRD le 2 novembre 2016