« La Danseuse » nous raconte la vie de Loie Fuller, pionnière de la danse moderne, et sa relation complexe avec Isadora Duncan. Ce premier film sélectionné au dernier Festival de Cannes dans la catégorie Un Certain Regard sort en salles le 28 septembre.
Synopsis : Rien ne destine Loïe Fuller, originaire du grand ouest américain, à devenir une icône de la Belle Epoque et encore moins à danser à l’Opéra de Paris. Même si elle doit se briser le dos et se brûler les yeux avec ses éclairages, elle ne cessera de perfectionner sa danse. Mais sa rencontre avec Isadora Duncan, jeune prodige avide de gloire, va précipiter sa chute.
AVIS – La Danseuse : la danse ou la vie ?
Cela commence comme un western et cela finit à l’Opéra Garnier …
Le film de Stéphanie Di Giusto vaut surtout pour la reconstitution des danses de Loïe Fuller (1862-1928). La réalisatrice n’a voulu faire appel à aucun effet spécial, aucun décor artificiel et Soko, non doublée, s’est beaucoup entraînée, pendant plusieurs semaines, pour imiter Loïe. Il n’y a pas de champs /contrechamps, pas d’effets spéciaux et la réalisatrice sait filmer les corps… J’ai vraiment apprécié les séquences dansées de Loïe/Soko.
L’actrice exprime parfaitement la souffrance endurée pour exprimer une forme d’art et de beauté, l’envie de communiquer, le sentiment d’être mal-aimée et une certaine incapacité à aimer et se laisser aller.
La toute jeune Lily-Rose Depp, dans l’un de ses premiers rôles, campe une Isadora Duncan arriviste et égoïste (une étoile est-elle née ?). La vraie danseuse du film, c’est Isadora, et Loïe le sent bien, elle sait qu’Isadora se sert d’elle pour se faire remarquer, et elle est pourtant attirée comme un aimant vers cette jeune fille . »Vous ne pouviez pas trouver quelqu’un qui vous fasse plus de mal ! » dira le personnage (fictif) de Gaspard Ulliel.
Autant dire que le casting des deux femmes est vraiment parfait : Lily Rose Depp, légère, frêle, gracieuse, fraîche, désinvolte, est l’opposée de Soko, musclée, forte, douloureuse, plus « performeuse »dans son jeu.
Les autres acteurs comme Gaspard Ulliel (dans un rôle d’abord énervant puis extrêmement touchant), Mélanie Thierry (tout en sobriété) , Denis Menochet, François Damiens , Amanda Plummer– et j’en oublie- sont également très convaincants, chacun dans leur registre.
Stéphanie Di Giusto a donc bénéficié d’une belle interprétation, de jolis plans en lumière naturelle (bravo à Benoît Debie) …
Ce premier film est au final assez classique, notamment la fin, alors que Loïe Fuller était tout sauf conformiste et « se cherchait ».
« La Fuller » fut actrice, metteur en scène, éclairagiste, chorégraphe, artiste, danseuse, ou performeuse ?, actrice de théâtre, mannequin …Bref, une show girl sortant du cadre de la danse traditionnelle. Elle sortait aussi des cases de par son comportement et par ses attirances.Une femme en quête d’un idéal, le BEAU.
La découverte de sa vocation, son ascension sociale et artistique, ses amours contrariées, puis sa chute et l’ultime baroud d’honneur… on a déjà vu ce type de scénario, et oui, du coup on pense à « Black Swan », autre film où l’amour de la danse passe avant tout le reste pour l’artiste.
Mais il y a des longueurs, et des lourdeurs. Et quand je parle de longueurs, c’est peut-être la construction du récit qui alourdit certaines séquences et en esquisse d’autres.
Ce premier film, qui a nécessité 6 ans de travail, reste finalement un biopic bien sage malgré son envie de départ de dépeindre une personne hors norme. Il faut dire qu’en matière de films sur la danse, la concurrence est rude, surtout depuis les « Chaussons rouges » de Powell et Pressburger.
Le film reste intéressant cependant pour l’évocation d’une femme libre, une pionnière de la danse moderne, dont l’inventivité fut copiée par de nombreuses imitatrices…
La Danseuse de Stéphanie Di Giusto
présenté au Festival de Cannes 2016 (sélection Un certain regard).
Avec Soko, Gaspard Ulliel, Mélanie Thierry, Lily-Rose Depp, François Damiens,Louis-Do de Lencquesaing, Amanda Plummer, Denis Menochet…
durée : 1 h 48 min
LE 28 SEPTEMBRE 2016 AU CINEMA
J’ai pu assister à l’avant-première exceptionnelle de « LA DANSEUSE » en présence de l’équipe du film (SOKO et la réalisatrice.) La réalisatrice a dit qu’elle aurait aimé faire un film muet sur Loie Fuller… je ne peux que me demander ce que La Danseuse serait devenu sans dialogue.Sans doute un film au pouvoir plus évocateur et envoûtant… Mais peu marchand !