La palme d’or du dernier festival de Cannes a été attribuée à un film suédois * réalisé par Ruben Östlund : The Square. A découvrir en salles le 18 octobre.
Synopsis
Christian est un père divorcé qui aime consacrer du temps à ses deux enfants. Conservateur apprécié d’un musée d’art contemporain, il fait aussi partie de ces gens qui roulent en voiture électrique et soutiennent les grandes causes humanitaires. Il prépare sa prochaine exposition, intitulée « The Square », autour d’une installation incitant les visiteurs à l’altruisme et leur rappelant leur devoir à l’égard de leurs prochains. Mais il est parfois difficile de vivre en accord avec ses valeurs : quand Christian se fait voler son téléphone portable, sa réaction ne l’honore guère… Au même moment, l’agence de communication du musée lance une campagne surprenante pour The Square : l’accueil est totalement inattendu et plonge Christian dans une crise existentielle.
AVIS : The Square, un film qui sort du cadre !
Le titre provient du film d’une exposition monté par le réalisateur il y a quelques temps. Lorsque l’on se trouve à l’entrée du « sanctuaire » appelé « the square » (effectivement c’est un carré dessiné au sol) il faut venir en aide à la personne qui se trouve également dans ce « square »…
Attention : ceci n’est pas une critique du monde de l’art contemporain, même si le réalisateur utilise ce milieu pour contextualiser son film.
Le réalisateur nous met devant nos contradictions , nos « faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais« … voilà le film à la fois idéaliste et misanthrope (surtout au début).
The Square n’est pas formaté, c’est du cinéma contemporain qui nous aiguillonne, nous fait réfléchir (entre autres) sur nos lâchetés quotidiennes, nos idées reçues sur la bienséance et la bien-pensance … De nombreuses thématiques sont abordée, comme , le manque de communication, la futilité, les contradictions, ou encore l’éducation.
Les filles du héros divorcé sont visiblement gâtées et élevées selon l’éducation moderne et bienveillante. Résultat : elles en font voir de toutes les couleurs à leur père, déjà menacé du pire par un jeune enfant avide de justice ; un jeune garçon des quartiers défavorisés qui le terrorise comme le ferait Al Capone.
Vraiment malin, cynique et parfois malaisant, The Square nous secoue, nous sort de notre zone de confort. Mais on rit !
Au niveau formel, on note quelques plans qui sortent de l’ordinaire. Certains passages sont volontairement étirés, nous enfermant avec les protagonistes !
Alors oui, le film dure un peu trop longtemps, cependant on ne ne s’ennuie pas d’autant plus que le film prend l’allure d’une succession de sketches vécus par l’acteur principal. En parlant de ce dernier : Claes Bang gagne à être connu (il joue un homme immature, lâche, sûr de lui, un brin misogyne qui va prendre conscience de ses faiblesses.)
Terry Notary qui joue l’homme singe se distingue également. Elisabeth Moss en femme névrosée et insistante est intéressante. Enfin, Dominic West – qui ne fait que passer – compose une belle caricature…
A l’instar de Snow therapy, son précédent film, Ostlund nous offre un drame satirique réussi, marquant, avec des propos et une forme d’une grande ambition.
Sera-t-il éligible aux Oscars ? Ou est il trop perché ? En tout cas voilà un film qui divise… et un réalisateur qui sait « faire le buzz » !
BONUS : Ruben Östlund
aime faire réagir : cela se voit à la fois dans le film mais également pour la promotion qu’il en fait. Il a par exemple demandé à des invités venus du monde de l’art d’assister à la projection parisienne de The Square en smoking, une sorte de mise en abyme… citons dans les rangs des présents : Sophie Calle ou encore celle Orlane. Lors de cette avant-première, le réalisateur a laissé sa carte de crédit, son portefeuille et son portable dans chacune des salles de projection du Centre Pompidou….
THE SQUARE
De Ruben Östlund
Avec Claes Bang, Dominic West, Elisabeth Moss
*Nationalités du film : suédois, allemand, danois, français
durée : 2 h 22 min
Pour moi, ce fut une expérience du malaise. Impossible de rire aux déboires des personnages. Tout est laid, sale, vain et triste.
L’art doit secouer et ébranler, mais mettre en scène l’absurde et le moche demande un talent qui n’est pas donné à tous.
Entendons-nous bien ce n’est pas un rire de détente c’est souvent un rire » jaune ». En même temps, qqs moments absurdes sont rigolo quand l’assistant traque le téléphone de son patron toute une journée, ou l’installation tas de sable… mais c’est un film qui divise ça c’est certain et je pense que le réalisateur nous met volontairement mal à l’aise.
Même jaune, impossible de rire. Ce mécanisme de défense s’est totalement grippé chez moi devant ce film.
Je comprends car il y a deux scènes pour lesquelles j’ai détourné les yeux