Tous les chemins mènent à Marilyn ! La dernière fois, je vous parlais de l’exposition Marilyn à la Maison des Amériques, suite à la publication du livre d’Adrien Gombeaud – livre qui décrivait la star à travers ses photos (et la vie d’un de ses photographes).
Cette fois, c’est mon club de lecture qui me proposait de voir The Misfits (Les Désaxés), la lecture du roman étant notre choix de décembre. Les Désaxés est en effet un film américain de John Huston sorti en 1961, adapté du roman d’Arthur Miller. Alors prenez votre chapeau, enfilez votre jean et vos bottes, on part à la chasse aux mustangs et en rodéo avec les Désaxés….
Synopsis (via Wikipédia)
Reno dans le Nevada, la ville des mariages expéditifs… et aussi celle des divorces rapides.Le mécanicien sur automobiles Guido conduit Roslyn au tribunal pour le divorce de celle-ci ainsi que son amie et logeuse Isabelle. Guido rencontre son ami le cow-boy Gay, un aventurier dilettante. Le hasard fait que tous se retrouvent dans un bar après l’officialisation du divorce, et que tous ont envie d’« autre chose ».
Un livre, un film …
Encore une adaptation, me diras-tu, cher lecteur. Certes, c’est une adaptation, mais pas n’importe laquelle, et pas faite n’importe comment, puisque c’est l’auteur du roman, Arthur Miller, qui en signe l’adaptation – et qui a rédigé ce texte en guise de scénario. (Même s’il s’en défend un peu par moments dans sa préface.)
J’ai lu que Miller avait du mal à adapter son roman ( dans les notes de l’éditeur du magnifique livre Fragments, les textes intimes de Marylin, il faudra que je vous en parle une autre fois), mais il est clair que le mari écrivain de Marylin Monroe a écrit pour la caméra.
J’en veux pour preuve la préface des Misfits :« … ceci est une histoire conçue comme un film, où chaque mot est là pour indiquer à l’appareil ce qu’il doit voir, aux acteurs ce qu’ils doivent dire. […] Les Misfits utilise finalement l’optique du film, en vue de créer une fiction qui allierait les qualités directes de l’image aux possibilités de transmission de l’écriture. »
Dans mon club de lecture, quelqu’un a mentionné le terme de « caméra embarquée »… C’est exactement cela.
Le film est fidèle à la virgule près au roman. (Il y a bien une ou deux ellipses ou phrases déplacées mais pas plus : mes copines lectrices et moi-même avons vérifié !)
Pour en savoir plus sur ce livre
Un conseil : ne faites pas ce que j’ai fait – au milieu de la lecture, je n’ai pas pu résister : j’ai emprunté le DVD. Je ne pense pas que ce soit la meilleure méthode pour analyser, ou même apprécier le livre ou le film. Mais cela n’empêche pas d’avoir un avis, je vous rassure !
Avis sur le film
Chant du cygne pour un trio de stars
Dans les Désaxés, il y a Marilyn Monroe. Marilyn/ Norma Jean/ Roslyn; on ne sait plus quelle est la personnalité que l’on voit à l’écran! A l’époque, son mariage battait de l’aile avec Miller … et pourtant Arthur Miller et le réalisateur John Huston choisissent une fin ouverte mais optimiste (Miller écrit même : leur amour n’est pas voué à l’échec car il les élève)…
John Huston est un grand cinéaste mais je n’ai pas senti de véritable mise en scène en regardant les Misfits, je n’ai pas vu de signature de Huston. J’ai vu le roman mis en images.Une belle illustration. Point.
Le tournage était apocalyptique (relations houleuses entre le réalisateurs et les acteurs, Marylin et Gable en mauvaise forme…)
Je pense que, par conséquent, Huston s’est concentré sur la direction d’acteurs.
En même temps, Montgomery Clift, Marylin et Clark Gable devaient trouver une étrange résonance à la propre vie en disant leur texte. Ils « sont » déjà un peu les personnages ; bien sûr il y a un travail de composition du personnage, mais amoindri par les ressemblances avec leur propre vie. J’ignore si Miller avait en tête Clift pour le personnage de Perce, mais il est clair qu’il a tout fait pour convaincre Gable de figurer dans le film. D’ailleurs, Miller a dédicacé son roman « à Clark Gable, qui ignorait la haine. »
J’avoue que regarder un film « chant du cygne » était émouvant. Gable est mort avant d’avoir vu le film, Monroe culpabilisa de cette mort ( la femme de Gable lui reprocha d’avoir affaibli son mari par son comportement sur le tournage). Elle entretenait d’ailleurs une relation particulièrement avec Gable car sa mère lui faisait croire que Clark Gable était son père. Quant à Montgomery Clift, il avait subi un grave accident et ne s’était pas remis de son opération… ce qui rend très poignante la scène où il téléphone à sa mère et lui dit que les médecins l’ont tellement recousu qu’elle ne le reconnaîtrait pas !)
Cependant, bizarrement, je n’ai pas été spécialement émue par l’histoire. Mon intérêt pour les personnages s’est estompé au fil du film…
Je recommande tout de même chaleureusement de regarder The Misfits pour deux raisons :
– Le casting est superbe. Je n’ai pas mentionné Eli Wallach mais il est excellent dans le rôle de Guido. A noter la performance de Marilyn quand elle explose de colère… Je ne l’avais jamais entendu crier ainsi !
– Le thème développé en filigrane, la disparition du cowboy et du mythe de l’ouest… Car les « misfits » , les désaxés, ce sont les mustangs que l’ont tue pour en faire de la chair à pâtée pour chiens, mais ce sont aussi les cow-boys et autres idéalistes qui doivent rentrer dans le rang et accepter de rejoindre une société plus capitaliste.
Ce thème trouve un écho dans la vie des acteurs : monstres sacrés du cinéma hollywoodien, ils sont concurrencés puis seront dépassés par une nouvelle ère de stars… Les stars de la télévision par exemple.
Les Misfits seront de retour dans les salles obscures dans le cadre de la Rétrospective Littérature et Cinéma de la Filmothèque du Quartier Latin !
Bande annonce :
Bel article ! Tu as été bien inspirée !
Merci Ilse !
Ping :La Rétrospective Littérature et Cinéma 10 janvier au 14 février 2012 à la Filmothèque « Les écrans de Claire
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