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[Critique] Au Cas où je n’aurais pas la Palme d’Or de Renaud Cohen

Au Cas où je n’aurais pas la Palme d’Or de Renaud Cohen

France / 2011 / 1h25 / Couleur

Interprétation: Renaud Cohen (Simon), Emmanuel Salinger (Médecin), Frédéric Pierrot (Producteur), Julie Gayet (Julia), Maurice Bénichou (Dieu, acteur, Rabbin), Samir Guesmi (Yossef), Bruno Todeschini (Chef opérateur), Éric Véniard (Scénariste), Éric Bonicato (Ami comédien)

Réalisation et scénario :  Renaud Cohen

Sortie le 8 août 2022 2012 😉

 

Synopsis

Simon, cinéaste, la quarantaine tourne plus souvent en rond qu’il ne tourne de films.

A la suite d’un pari perdu, il se rase les cheveux, et découvre une étrange bosse au sommet de son crâne.

Se pensant condamné, il réquisitionne, famille, amis, acteurs et pavillon aux Lilas pour tourner sans attendre la comédie de sa vie !

Critique

 

Simon et « la dame du CNC »  © Jour2fête

Voici mon « auto – avis » sur cette autofiction autocritique (Attention, je vais beaucoup utiliser « je » dans cette critique, parce qu’un avis personnel est tout indiqué pour ce film …personnel. En plus, j’ai rencontré Renaud Cohen au Festival du film de Cabourg).

Journal intime d’un tournage fauché ( photo via le page Facebook du film)

Comment faire un film quand on n’a pas un rond, comment se lancer ? Retrouver l’envie de tourner, sans que cela vire à l’obsession ?  Si les écrivains connaissent l’angoisse de la page blanche, Simon est un R.A. : un « réalisateur anonyme » qui n’a pas tourné depuis 10 ans. Jusqu’au jour où il se découvre une bosse en forme de kippa sur le crâne…   Simon, c’est Renaud Cohen, réalisateur du film. Fiction et réalité se rejoignent, car Renaud Cohen a attendu dix ans avant de retourner un long métrage en France. (Il avait signé en 2001 un premier long métrage de fiction, « Quand on sera grand », dans lequel Mathieu Demy interprétait un trentenaire inquiet pour son avenir – un autre doppelganger du réalisateur ?). Préparez-vous donc à une mise en abyme, et à un « film dans le film ».

Ajoutant à cette confusion entre fiction et réalité, la vraie famille du réalisateur joue dans le film : les enfants et la compagne de Renaud Cohen, ses parents, son frère. Parce que c’était gratuit (lire l’interviewde Renaud Cohen pour en savoir plus ! ). Saluons les apparitions d’acteurs professionnels comme Julie Gayet, Maurice Bénichou (qui avait déjà joué dans « Quand on sera grand », Bruno Todeschini, ou encore Emmanuel Salinger  qui ont joué le jeu avec humour. Frédéric Pierrot en  producteur, quelle bonne idée !  Cohen s’est bien entouré et semble avoir constitué une vraie famille de cinéma.

Julie Gayet et Renaud Cohen ( photo via la page Facebook)

Des références cinéphiles

Renaud Cohen dit de son personnage qu’il est incarne, Simon, son double de fiction, qu’il est un Woody allen juif. C’est exactement cela: Simon, c’est le petit frère français de Woody : hypocondriaque, gentil, névrosé … Mais ici on est dans un film d’auteur français fait avec les moyens du bord.

Pourtant ce n’est pas Woody, mais un autre réalisateur – acteur qui  parle à Simon : Nanni Moretti ; Simon entend la voix de son mentor (en  italien s’il vous plait !). Moretti est l’autre référence du film : il coache véritablement Simon.Et comme Nanni Moretti dans « Journal intime », il traite de la mort. Dernier fantasme d’égotiste : il filme son propre enterrement, avec des proches éplorés.

Simon a aussi une photo de Bruce Lee qui lui parle (oui, tout va bien, depuis « Paris Manhattan » de Sophie Lellouche, on sait qu’il suffit d’afficher un poster de votre acteur /réalisateur favori pour qu’il vous parle.). En effet, Renaud Cohen – et donc Simon- parle le mandarin et son frère également. D’où  une saynète excellente d’écriture de scénario à quatre mains et en chinois ! De manière générale, et sans vouloir en  révéler le contenu, voir les tentatives d’écriture de scénario dans le film sont jubilatoires…Voir Simon rechercher des subventions est également amusant. L’acteur réalisateur porte un regard à la fois tendre et acerbe sur son monde, et sur le monde du cinéma.

Le film a un petit côté irrévencieux et mine de rien, nous livre une légère satire du monde du cinéma (mais sans amertume). J’en veux pour preuve les dialogues de Simon avec le CNC, autres temps forts du film. Quant aux séances des réalisateurs anonymes, elles sont à mourir de rire. Cet aspect du film devrait parler aux (futurs) réalisateurs et faire rire le spectateur lambda. En tout cas, moi j’ai ri ! Bien entendu il y a des temps morts, on sent qu’il y a de l’improvisation, mais c’est un film tourné en quinze jours, pas le dernier Christopher Nolan.

En conclusion

Sorti bien après le festival de Cannes, »Au Cas où je n’aurais pas la Palme d’Or » est un film plaisant et rafraîchissant au milieu des dessins animés et blockbusters estivaux.

J’ai apprécié ce « second premier film » pour son humour décalé et aussi pour sa démarche un peu casse-gueule. Tourner un film narcissique (et donc pas fédérateur), en quinze jours, avec très peu de moyens, c’est possible et Renaud Cohen nous le montre ! J’espère qu’il ne suivra pas le modèle de son animal de compagnie : la tortue – et qu’il ne mettra pas une autre décennie pour sortir un long de fiction.

Pour aller plus loin 

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