Menu Fermer

[Critique] The Master de Paul Thomas Anderson avec Joaquin Phoenix, Philip Seymour Hoffman, Amy Adams…


The-Master-Affiche-300x399

CRITIQUE

A la sortie du film de P.T. Anderson, je n’avais pas envie de l’analyser. Certes, je souhaitais en parler car c’est un film énigmatique et déstabilisant. Mais je voulais aussi … dormir car le film possède un côté  à la fois ennuyeux et hypnotique.

Le lendemain, je produisais ce tweet :

Très déçue par The Master. On dirait que P.T. Anderson ne sait pas où il va, et se regarde filmer. Joaquin Phoenix et Amy Adams sont top !

Le surlendemain, mon avis avait encore évolué, hésitant entre répulsion et attirance. Tiens,  cela ne serait pas un des sujets du film ?

The Master, ça parle de quoi au juste ?

Si ce film m’a autant dérangée, c’est parce qu’il n’y a pas de message, et que l’histoire est un puzzle.  On ne sait pas quel est  le  véritable propos de The Master. Dénoncer une secte comme la Scientologie ? Parler du traumatisme de l’après Guerre aux USA dans la société  américaine en pleine période « Mad men » ? Dépeindre l’emprise et la dépendance psychologique ?  Critiquer les médecines alternatives ? Tout cela à la fois … Le film est assez différent des autres films de Paul Thomas Anderson. Le plus proche par ses thèmes, serait peut-être le superbe Magnolia. On retrouve aussi la relation maître/élève, père/fils dans d’autres films comme There will be blood.

Dans The Master,  P.T. Anderson ne prend jamais le spectateur par la main pour raconter son histoire. Ce devrait être une bonne chose  : qu’il fasse confiance à notre intelligence, mais je suis restée sur le carreau. Trop de trous dans le récit. Trop d’interprétations à faire. Et aucune émotion ressentie, même si j’ai trouvé les acteurs formidables – surtout Joaquin Phoenix.

385359_541891175823140_786818179_n

Des acteurs … magistraux !

Joaquin Phoenix est métamorphosé physiquement.  Le film doit avoir une résonance toute personnelle pour lui. En effet , les parents de Joaquin faisaient partie de la secte des Enfants de Dieu… Étant le seul des enfants Phoenix à ne pas avoir de prénom symbolique*, Joaquin prit le surnom de « Leaf » (feuille).

Note : *Il a trois sœurs : Rain, Liberty et Summer . Son frère aîné, l’acteur River Phoenix, est décédé en 1993 d’une overdose.

Joaquin « Leaf » Phoenix est connu pour ses prestations très fortes de personnages excessif, comme l’empereur Commode de Gladiator ou encore Johnny Cash dans Walk the Line. Il est vraiment excellent dans le rôle de Freddie Quell : ancien marin, borderline, alcoolique, obsédé sexuel (le test de la tâche d’encre  est révélateur !) hanté par les regrets – notamment par la possibilité d’une histoire d’amour qu’il s’est refusée.
On comprend donc sa nomination à l’Oscar : Joaquin Phoenix est incroyable de violence et de folie dans ce film. Excessif. Avec un jeu à la fois théâtral et « animal ». Alors oui, c’est outré un jeu outré, c’est excessif, c’est du grand Phoenix !

Le personnage d’Amy Adams est très intéressant. Amy Adams incarne la femme du gourou Dodd qui  finalement porte la culotte dans leur couple. Amy Adams s’avère stupéfiante de froideur et d’autorité. On aurait aimé en (sa) voir plus sur ce personnage. Amy Adams lorsqu’elle quitte le registre sentimental et joue des rôles dramatiques nous montre l’ampleur de son talent. Et donc, nomination aux Oscars amplement méritée.

A côté, Dodd, le gourou( Philip Seymour Hoffman) paraît presque fade… Philip Seymour Hoffman (superbe dans Magnolia de P.T. Anderson) est un grand acteur et certains de ses face- à- face avec Joaquin sont électrisants.
A part ces moments, et les interactions avec sa femme, j’ai trouvé ce Master … fade (désolée). Peut-être que  le réalisateur voulait nous montrer un gourou qui a ses failles, dominé par sa seconde épouse et par sa famille (dysfonctionnelle, la famille). Philip Seymour Hoffman a lui aussi été nommé aux Oscars pour ce rôle. Pourtant, je suis restée assez hermétique à son interprétation. Je m’attendais à plus de folie, plus de charisme de la part de cet acteur. Un gourou qui hypnotise les gens doit tout de même faire part d’une grande force de conviction, et ne pas s’énerver à chaque fois qu’on le contredit.

P.T. Anderson, l’art pour l’art ?

On a l’impression que dans ce film, ce qui compte, c’est l’image. P.T. Anderson aurait-il appliqué à la lettre la formule : »le media, c’est le message » ? La forme compte-t-elle plus que le fond pour le réalisateur ?

The Master est un film d’une grande beauté formelle … des cadrages très travaillés (parfois des hors champs judicieux) et de lumières étudiées. Cette très belle photographie est associée à un énorme travail sur le son et la musique. Et d’ailleurs certains plans se retrouvent dans les film, tels des souvenirs ou des obsessions ! PT Anderson nous écrase presque avec ses images et sa mise en scène… Magistrales !

Oui mais Monsieur Anderson, l’art pour l’art ? Vraiment ? Alors que vos œuvres sont d’habitude si passionnantes (There Will Be blood, Boogie Nights, Magnolia . . .  ) ?

Ici, le rythme du récit se fait lent (hypnotique), puis procède par ellipses et flash-back,  on décroche ! Et on se raccroche  au wagon car on veut savoir comment la relation entre « The Master » et son pupille va évoluer ; et puis, on veut savoir pourquoi le film est nommé aux Oscars,  et a gagné le Lion d’Argent à Venise. Dépendance et envie d’indépendance…

Bref, The Master est un film difficile d’accès, qui ne plaira pas à tout le monde. Techniquement, c’est magnifique et maîtrisé… Mais un récit décousu… A l’image de l’affiche du film, un film sujet à interprétation qui ne laissera personne indifférent.

3p_the_master

THE MASTER 

Réalisé par Paul Thomas Anderson
avec Joaquin Phoenix, Philip Seymour Hoffman, Amy Adams…

Durée : 2h17

Date de sortie cinéma : 9 janvier 2013
Distributeur : Metropolitan FilmExport


The-Master-2

 Synopsis

Freddie, un vétéran, revient en Californie après s’être battu dans le Pacifique. Alcoolique, il distille sa propre gnôle et contient difficilement la violence qu’il a en lui…
Quand Freddie rencontre Lancaster Dodd – « le Maître », charismatique meneur d’un mouvement nommé la Cause, il tombe rapidement sous sa coupe…

2 Comments

  1. Ping :Oscars 2013 : les nominations | Les écrans de Claire

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.