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[Critique] Quartet de Dustin Hoffman

Le premier film de Dustin Hoffman, adapté de la pièce éponyme de Ronald Harwood écrite en 1999 était attendu au tournant. Alors, Quartet vous fera-t-il vibrer ou ferez-vous la sourde oreille à ses charmes ?

quartet

 

CRITIQUE

Quartet est un film sans âge. Le pitch est d’une grande simplicité : une nouvelle venue dans un groupe va tout bouleverser et raviver souvenirs et vieilles rancœurs… Le décor : une maison de retraite anglaise  qui fait plus penser à un hôtel quatre étoiles qu’à un  hôpital. Les héros : des octogénaires qui ont connu l’amour, la gloire et la beauté, réunis par une passion commune : la musique ! (Ce sont des spécialistes de l’opéra de l’art lyrique à la retraite.). Ils tendent – presque – tous vers un but : participer au gala de fin d’année, gala qui leur permettra de renflouer les caisses de leur chère maison de retraite…

Un casting et un réalisateur « young at heart »

Le réalisateur / chef d’orcheste de ce Quartet, c’est Dustin Hoffman et ses soixante – dix printemps. Visiblement le sujet lui a parlé : il est très touchant quand il parle de la pièce et du projet du film. Et bien entendu , comment ne pas voir un parallèle avec sa carrière d’acteur ? Comment continuer  à vivre de et pour sa passion lorsqu’on est un senior ? Les préoccupations du réalisateur et des acteurs sont sans doutes proche de celles des personnages… Pour  son premier long-métrage, Dustin Hoffman s’est en effet entouré d’acteurs quatre étoiles parmi les seniors britanniques. Dans le rôle de l’ancienne diva un peu snob : Maggie Smith. Oui, Maggie Smith, échappée de Harry Potter et de Downtown Abbey. Avec son physique particulier, racé, elle est parfaite et apporte beaucoup au film. Dans le rôle de l’ancien mari trahi alias Reg Sir Tom Courteney, très élégant professeur de musique et ancien ténor converti malgré lui au rap. A côté de ces deux profils « upperclass », pour compléter le quartet, on trouve le comique écossais Billy Connolly et Pauline Collins.  Billy alias Mr Bond est un ancien chaud lapin totalement désinhibé : il dit tout ce qui lui passe par la tête depuis son AVC. Nous savons donc tout de sa prostate, de son goût pour la gérante de la maison de retraite… Franchement, c’est le rôle le plus drôle du film. (Je ne suis pas très objective, je suis vraiment fan de ses sketches). Pauline Collins, incarne Cissy, un personnage comique même si elle est soumise à des crises d’amnésie. La vieille dame gentille qui cherche son sac partout, donne des bonbons aux enfants,  mais qui hélas perd la tête, retombe en enfance par moments et cherche à prendre le large à la première occasion…Vous voyez le genre ? Le quartet est accompagné de personnages secondaires amusants mais finalement assez anecdotiques. Pas de Tatie Danielle à l’horizon, seul Michael Gambon incarne un personnage un brin désagréable – et encore… On sent une grande tendresse et complicité du réalisateur/acteur envers le casting.

Un joli film réconfortant… mais anecdotique

Après le film, j’ai repensé à Young at heart, la chorale de personnes âgés du documentaire I feel good  qui m’avait vraiment émue. A côté, Quartet m’a fait l’effet d’une sucrerie, tendre et sucrée. Mais Dustin Hoffmann aurait pu rajouter un peu de sel, et ne pas délayer autant certains moments.

Quartet, c’est l’anti – Amour de Michael Haneke ; c’est un film réconfortant , certes un peu anecdotique, nous montrant des personnes âgées pleines de vies, passionnées… Et c’est tout  ! (Mais ce n’est déjà pas si mal, cela donnerait presque envie de vieillir en compagnie des personnages). C’est bien aussi de sortir du jeunisme officiant à Hollywood, et ailleurs…
Je m’attendais cependant à plus d’émotions, plus de drame ! Si les personnages n’avaient pas été octogénaires, et si Verdi n’était pas cité en référence toutes les cinq minutes, on se serait cru dans un  High School Musical (pas de Glee, ne mélangeons pas les torchons et les serviettes.).Beaucoup de bruit pour pas grand-chose au final :  le scénario sur l’histoire d’amour de deux personnages et le fameux gala (qu’on verra très peu finalement).

En conclusion :

Le film détend bien, est reposant et positif. Les images sont belles, ici tout n’est que luxe, calme et volupté. N’allez donc pas chercher midi à quatorze heures. Lâchez prise, et vous apprécierez Quartet.
Si vous appréciez l’humour à l’anglaise, l’opéra et le casting very british,  alors vous aimerez cette  histoire. Dans le générique, vous noterez le jeu du « Que sont-ils devenus ?/Mise en abyme »  de  nombreux acteurs du film étant en effet des retraités du monde de l’opéra britannique… et c’est finalement cet hommage tardif à des carrières passées qui s’avère le plus touchant de la part de Dustin Hoffman :  on y voit aussi des photos d’archives du casting.
Je vous préviens aussi d’une curieux effet secondaire du film : l’envie de réécouter du Verdi, une tasse de thé à la main, et un plaid sur les genoux. On attend le deuxième film de Dustin Hoffman après ce coup d’essai !

Synopsis

« À Beecham House, paisible pension au cœur de la campagne anglaise qui accueille des musiciens et chanteurs d’opéra à la retraite, le bruit court qu’une nouvelle pensionnaire arriverait sous peu. Et ce serait une diva ! Pour Reginald, Wilfred et Cissy, le choc est grand lorsqu’ils voient débarquer l’impétueuse Jean Horton, avec laquelle ils triomphaient sur les scènes internationales des années auparavant. L’ambition de Jean et son ego démesuré avaient alors ruiné leur amitié et mis un terme au mariage qui la liait à Reginald. Malgré les vieilles blessures, Reginald, Wilfred et Cissy mettront tout en œuvre pour convaincre Jean de reformer leur célèbre quatuor à l’occasion du gala annuel de Beecham House. »

 

Bande annonce

 

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