L’Hypnotiseur, un Millénium bis ? … La comparaison s’imposait, d’autant plus que le marketing autour du film insistait sur le lien avec l’univers de Stieg Larsson, allant jusqu’à utiliser une affiche inspirée du Millénium original et de la couverture des polar nordiques. Le réalisateur Lasse Hallström semblait enthousiaste à l’idée de tourner à nouveau dans son pays natal, après 25 ans de films à l’étranger. Autre point intéressant : l’hypnose, sujet à la mode au cinéma en cette semaine du 8 mai (Trance traite aussi de ce sujet). On pouvait donc espérer le meilleur de ce film. Alors, cet hypnotiseur suédois vous mettra-t-il sur son contrôle ?
CRITIQUE
L’Hypnotiseur commence avec un meurtre épouvantable. Introduction classique mais plutôt bien tournée. L’ambiance nordique est là : vues aériennes de Stockholm et de beaucoup de neige… Le début était donc prometteur.
Mais il y a un « mais ». La narration.Un bon polar ne repose pas uniquement sur son atmosphère. Le spectateur a besoin d’une histoire qui tienne en haleine du début à la fin. Et c’est là que le bât blesse : si par moments je retenais mon souffle, le reste du temps j’écoutais et regardais « poliment » les protagonistes se débattre avec l’enquête.
Pourquoi ? D’abord parce que j’ai deviné assez rapidement qui étaient le(s) coupable(s). Je n’ai pas lu le roman éponyme, mais je pense que le best-seller de Lars Kepler ne donnait pas autant d’indices que Lasse Hallström. Et puis, peut-être que ce n’est pas l’intrigue policière qui intéresse le réalisateur et le scénariste.
En effet, Lasse Hallström semble plus prendre de plaisir à filmer les relations humaines que les courses poursuites. D’ailleurs, dans sa filmographie, ce sont les sentiments amoureux ou filiaux qui ont la part belle. souvenez-vous de son dernier film, Des saumons dans le désert, ou de Gilbert Grape. Par conséquent, le film s’attarde sur les problèmes de couple des Bark (Lena Olin et Mickael Persbrandt), la difficulté qu’ils ont à communiquer entre eux et avec leur fils. On voit aussi beaucoup l’inspecteur Joona Linna, seul et « étranger ».
Note culturelle et linguistique : Cet enquêteur vient en effet de Finlande et on lui fait souvent remarquer ses origines et son accent ; chose qui pour un non scandinave est quasiment impossible à détecter à mon avis. Pour la petite histoire, j’ai étudié le suédois pendant 6 mois, le film était VO, mais je n’ai pas réussi à distinguer les accents des acteurs. Mis à part cette spécificité nordique (et le décor), l’histoire est universelle et se concentre sur les rapports entre les adultes et les enfants. Et forcément, cela nous touche tous. Les personnages sont cependant moins « forts » que ceux de Millénium. Les acteurs ont tous une retenue qui renforcent cette impression. Pourtant l’hypnotiseur, sa femme et l’inspecteur sont de bons personnages, juste moins spectaculaires. Lena Olin est très émouvante en femme blessée et mère courage.
Conclusion :
Finalement Lasse Hallström a réalisé un polar très classique, dont le rythme lancinant par moments en énervera plus d’un. Cependant, la sensibilité du réalisateur et quelques scènes réellement stressantes empêchent le film de sombrer dans la léthargie et le distingue d’un téléfilm lambda.
- Synopsis :
Une famille est retrouvée sauvagement assassinée dans une maison de la banlieue de Stockholm. Laissé pour mort, Josef, le fils aîné, devient le seul témoin du crime. Dans le coma, il ne peut être interrogé par l’inspecteur Joona en charge de l’enquête.
Pour progresser, Joona demande à Erik Maria Bark, hypnotiseur, de tenter un contact avec le garçon. Alors qu’il devait ne plus jamais utiliser ses dons, Erik accepte et s’aventure dans l’exploration du subconscient du jeune garçon.
La bande annonce m’a déjà trop impressionnée, je n’irai pas voir le film !
J’ai lu le roman et les remarques que tu fais sur le film sont malheureusement celles que j’avais faites sur le livre, à savoir une intrigue mal bâtie, une focalisation sur le couple Bark au détriment de l’inspecteur Linna, et une intrigue qui passe au second plan, malgré quelques passages prenants et la mise en place d’une ambiance.
Merci pour ce commentaire intéressant sur le livre; donc je vais me dispenser de ce roman. Retenons que l’adaptation cinématographique aura été fidèle, les fans du livre ne seront pas déçus.