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[Reprise] RUNAWAY TRAIN (1985) – avec Jon Voight

Le train est un moyen de transport hautement cinégénique.
Le premier film au monde ne montre-t-il pas l’arrivée en gare ( de la Ciotat) d’une locomotive ?

Citons aussi de grands films comme  « La Bête Humaine » de Jean Renoir, deux Hitchcock ( « L’Inconnu du Nord-Express » et « l’Ombre d’un doute »). Sans parler de titres explicites comme « The Train » de Frankenheimer, ou encore « Le Crime de l’Orient Express » de Sidney Lumet… Allociné a d’ailleurs recensé 143 films avec des quais, des gares et des trains pour les fans de trainspotting !

Dans la longue liste des films à trains, on trouve un étrange film : « Runaway Train ».

runaway-train-affiche

 

 Avis Express

Alaska. Le quartier de haute sécurité de Stonehaven est en effervescence. Oscar « Manny » Mannheim, prisonnier multirécidiviste, a gagné le droit de quitter sa cellule d’isolement. Imprévisible et violent, Manny ne tarde pas à s’évader, épaulé par Buck McGeehy, le champion de boxe local. Poursuivis par l’impitoyable gardien-chef Ranken, les deux fugitifs montent à bord d’un train lancé à toute allure dans l’enfer blanc…

A première vue, en lisant le synopsis, on dirait un film d’action classique des années 80.
Cela commence un film de prison avec tous les clichés du genre. Après l’évasion, ça continue en road movie. Puis on se croirait dans « Speed », ou « Unstoppable », ralentit pour prendre un détour vers l’affrontement entre deux hommes, pour finir carrément en réflexion philosophique. Comment est-ce possible  ? Peut-être parce que le film possède des influences très variées. Le scénario original d’Akira Kurosawa a été remanié par plusieurs scénaristes Djordje Milicevic, Paul Zindel et Edward Bunker. Est-ce que le réalisateur, Andrei Konchalovsky, a été fidèle à l’esprit du réalisateur et cinéaste japonais ? Impossible de le dire. Une chose est certaine : « Runaway train » n’est pas un film d’action comme les autres !

Le casting est également très varié. Jon Voight est déchaîné dans le rôle de Manny, une bête humaine ( il faut repérer au milieu de dialogues parsemées d’injures la citation de « Richard III » de  William Shakespeare…
Heureusement on la retrouve en toutes lettres au générique final ! La voici : « Aucune bête n’est si féroce qu’elle ne connaisse quelque trace de pitié. Néanmoins, je ne la connais pas et ne suis donc pas une bête. »

Manny, c’est un homme en colère contre le système, violent, le directeur de la prison le qualifie d’animal. Et  pourtant derrière son visage balafré se cache une âme et des sentiments… Sa confrontation avec le jeune fou-fou Buck , mais surtout avec le directeur de prison aux pulsions sadiques qui a juré sa mort est un grand moment de tension. Finalement, on nous montre un duel à mort en deux hommes dignes d’un western :  le hors- la-loi et celui censé représenter la loi, qui sont aussi violents et condamnables l’un que l’autre. C’est certainement l’un de plus beaux rôles de  Voigt.

Face à ce monstre si humain, Eric Roberts est un jeune détenu chien fou, le pendant idéal de Manny… sympathique mais son jeu ne m’a pas éblouie. La faute peut-être à ses répliques ( j’ai vu le film en VF et  je n’ai pas compté le nombre de « mec » , » put… » et de mots de Cambronne… ) Cependant, il faut reconnaître qu’il joue aussi bien que n’importe acteur de film d’action.

La jeune Rebecca De Mornay  interprète un rôle finalement plutôt intéressant :  son personnage de femme est crédible, ni poupée écervelée, ni garçon manqué, ni grande gueule. C’est une femme ordinaire, malmenée par les événements. L’actrice offre un visage nu, tuméfié… loin des héroïnes hollywoodiennes. C’est l’élément calme mais pas trop, raisonnable ( mais elle n’est pas parfaite : elle hurle même à Buck de « buter ce s…de Manny » !)
C’est le seul personnage qui apporte un peu de douceur et d’espoir dans un monde de brutes.

Techniquement, pour un film des années 80, « Runaway Train » ne blesse pas l’oeil du spectateur habitué aux  nouvelles technologies. Certaines scènes m’ont vraiment tenue en haleine, d’autres, en contraste, m’ont semblé plus lentes, moins réussies. La musique, plutôt typique des eighties, assez manipulatrice, car elle prend de l’ampleur au fur et à mesure de l’action… Cependant l’usage d’un air connu pour clore le film est surprenant. L’histoire, elle, est et reste atemporelle. Akira Kurosawa a rédigé le scénario dans les années 60, le film a été tourné au milieu des années 80, et hélas, l’actualité de cet été nous a encore montré les ravages de trains fous.

Conclusion

Film hétéroclite boudé à sa sortie, « Runaway Train » mérite le détour. Le spectateur passera certainement par différentes phases, notamment une phase de stress devant certaines images impressionnantes. De plus, ce n’est pas tous les jours qu’on peut voir un film mêlant adrénaline, Kurowasa, Richard III et Vivaldi. Une curiosité à (re)découvrir!
Encore une fois, merci à Carlotta de nous offrir une version restaurée et de sortir cette pépite de l’oubli. En attendant un  autre film avec un train, « Le Transperceneige » (Snowpiercer).

Pour en savoir plus :

la bande annonce (moins bien que le film.)

Runaway Train (film)
Runaway Train (Photo credit: Wikipedia)

 

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