Comme annoncé précédemment, Michael Cimino était de retour au Festival Lumière pour présenter Voyage au bout de l’enfer (1978, 3h02) en copie restaurée et en avant-première de sa ressortie en salles.
Réalisateur incompris à la sortie de ses films, on s’accorde aujourd’hui pour lui trouver du génie.
Et il y a en effet du génie dans son œuvre, qui mêle la Grande histoire à la petite (à travers le destin d’amis). Son cinéma est à la fois intime et spectaculaire.
Revenons à THE DEER HUNTER, dont le titre français est Voyage au bout de l’enfer, présenté cette année en copie restaurée, en 1978. Grand film, incompris à l’époque, boycotté pour pro-américanisme, racisme et anticommunisme, alors que Monsieur Cimino avait un message antimilitariste. Comment interpréter autrement la scène finale ? Comment ne pas voir que Cimino démontre les ravages physiques et moraux de la guerre à travers ses 3 héros ? Cimino est du côté du côté des gens qui souffrent, des petits, des faibles.
Michael Cimino a d’ailleurs déclaré :
« Je ne vois pas Voyage au bout de l’enfer comme un film politique. […] Ce ne sont pas des histoires concernant la politique, mais des histoires sur des gens, puis dans des événements, qu’elles qu’en soient les raisons. »
Le casting est devenu célèbre : Robert de Niro, John Savage, John Cazale ( compagnon de Meryl Streep , vu dans Le Parrain de Coppola, il meurt avant la sortie du film) et Christopher Walken en vétérans de la guerre du Vietnam.
Meryl Streep, dans le rôle de Linda, est la touche féminine du film, la femme dans un trio amoureux bien différent de celui de Jules et Jim.
Christopher Walken est formidable : son regard halluciné nous hantera longtemps et sa transformation physique est extraordinaire ; encore une fois, il est pris dans un duo amoureux, comme dans la Porte du Paradis… L’acteur a d’ailleurs remporté l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle pour sa performance
L’autre prétendant de Streep, Robert De Niro, est très bon également, ambigu à souhait, tout en désir et colère rentrés. On ne sait jamais s’il va sauver, frapper ou abandonner la personne en face de lui.
L’émouvante Meryl Streep interprète une femme dépassée par les événements : elle semble en permanence au bout du rouleau mais reste digne. Son personnage semble mineur au début mais prend de l’importance et de l’ampleur au fur et à mesure.
Si Cimino dresse le portrait de jeunes immigrants d’origine russe dans une petite ville industrielle de Pennsylvanie, il n’en oublie pas moins de nous montrer l’horreur de la guerre au Vietnam, et le retour au pays et à la vie qui n’est plus, qui ne peut plus être normale.
« Les gens de notre génération étaient sous l’emprise du Vietnam sept jours par semaine, à travers ces foutues informations. Nous avons été saturés d’images de cette guerre. (…) Le problème était le suivant : comment communiquer la tension, l’expérience du combat ? »
Michael Cimino a parfaitement réussi son objectif, à savoir communiquer la tension et l’horreur de la guerre. Certaines scènes sont inoubliables.
Au début, on se demande d’ailleurs où est l’enfer promis dans le titre français. Les scènes du mariage et de la fête sont des scènes d’anthologie, le paradis avant l’enfer… Et, au bout d’une heure, nous sommes au VIETNAM. On entre alors de plein pied dans l’horreur. J’avais déjà vu le film, mais je n’ai pu m’empêcher de détourner les yeux lors des fameuses scènes de roulettes russes.
Voyage au bout de l’enfer
(The Deer Hunter)
de Michael Cimino
États-Unis, 1978, 3h02
Sortie aux Etats-Unis : 8 décembre 1978
(Los Angeles) puis 23 février 1979.
Le film a été restauré par Studio Canal.
Ressortie en salles le 23 octobre par Carlotta Films.
Synopsis:
Bonsoir, ce film est un chef d’oeuvre, c’est bien qu’il ressorte sur grand écran. La musique est sublime et Christopher Walken est génial (comme les autres). Bonne soirée.
Bonsoir, nous sommes donc d’accord. Bonne soirée également !