Quand Nicolas, qui gère l’opération « Un DVD contre une chronique » sur Cinetrafic, m’a gentiment envoyé le dernier film de Mr Malick, A La Merveille (édité en DVD et en Blu-Ray depuis le 2 octobre dernier par la Metropolitan Filmexport) , je ne savais pas si j’allais m’émerveiller – ou au contraire rester perplexe sur ce « To the wonder »…
AVIS
Au début, cela commençait très bien : paysages superbes du Mont Saint- Michel, amoureux dans le train ou dans le métro parisien, voix off déclinant mots doux et réflexions sur l’amour, le tout accompagné d’une musique planante… On comprend que ce film ait été sélectionné à la Mostra de Venise, la forme est très travaillée.
On dirait que Malick souhaite nous faire écouter le « chant du Monde » dont parlait Giono. On rejoint les meilleures scènes de Tree of Life…C’est tout simplement envoûtant (ou ennuyeux si vous êtes fatigués).
A la merveille… Le Mont Saint-Michel où Neil et Marina sont tombés amoureux présente des scènes de pure merveille visuelle. L’homme (ou plutôt la femme) et la Nature sont magnifiés. Les plus méchants y verront du David Hamilton, mais on a franchement envie, au début du film, de se rendre au Mont Saint-Michel ou dans la nature américaine…
Autre point positif : le film de Malick semblait romantique à souhait. Je vous laisse lire le synopsis ci-dessous. Cela faisait longtemps que je n’avais pas vu un beau film d’amour… « To The Wonder » allait-il être mon film romantique pour 2013 ? Hélas, trois fois hélas…
Le problème, c’est qu’après une heure, le film, déjà assez abstrait, devient carrément abscons. Flash forward et flash back, ellipses, voix off alternant prières, confession, mots doux avec de rares dialogues plus prosaïques (la scène du stérilet) et puis de nombreux silences ponctués de musique classique… On perd la notion du temps et puis le fil du récit. Les personnages cherchent leur place dans le monde, et on cherche avec eux !
Olga Kurylenko (Marina), entre Eros et Thanatos, entre construction et destruction, se donne du mal – mais on a du mal à croire à son malaise… Tout comme on ignore ce qui coince vraiment dans le couple qu’elle forme avec Ben Affleck, à part un banal désamour. Rachel McAdams aurait pu avoir un rôle plus développé , elle n’est que l’autre femme, l’alternative, le double inversé d’Olga… Même le beau personnage du prêtre qui a perdu la foi (le « Biutiful » Javier Bardem) n’est pas assez présent dans le récit. Les autres acteurs ne font que passer. Et puis les paysages (américains) semblent se dégrader en même temps que l’humeur de Marina.
Vous allez me dire que ce n’est pas grave d’avoir un récit elliptique, et que c’est souvent ainsi dans la vraie vie : on fréquente des gens puis on les perd de vue. Certes.
Cependant, dans le cas présent, on finit par décrocher complètement et par se désintéresser des personnages principaux. Parce qu’on ne comprend pas grand-chose, voire rien du tout (En tout cas, moi, je n’ai pas tout compris).
Que faire avec l’heure et demie restante ? Soit se laisser porter par les images et les musiques, et ne pas chercher à comprendre, mais à ressentir. La plupart du temps, la photo est magnifique et dans tous les cas, elle est extrêmement travaillée. Malick nous fait aussi entendre la magie des langues étrangères : du français, du russe, de l’espagnol, de l’italien … (Pour mieux montrer que les réflexions philosophique de ses personnages sont universelles ?) « A la Merveille » peut être vu comme un moyen, un médium de méditation…
L’autre solution si vous décrochez est d’attendre patiemment la fin, en espérant une révélation… Les plus téméraires pourront tenter un second visionnage afin de trouver leur interprétation du film ( puisque vous avez le DVD). Je n’en ai pas eu le courage. Comme je n’ai eu aucune illumination ou crise existentielle à la suite de ce film. Je regarderai certainement « A la Merveille » à nouveau, mais pas tout de suite.
On a pu lire ici et là que c’était un Malick mineur. Je ne suis pas d’accord avec cette affirmation : pour moi, c’est le film le plus jusqu’au boutiste de Terrence Malick, tant son scénario est déstructuré et ne repose que sur nos impressions, et sensations…
En bref, « A la Merveille » ne ressemble qu’à du cinéma de Malick et à aucun autre cinéma. Une expérience à tenter si vous êtes fan de Malick, et que vous aimez les films contemplatifs.
À la merveille
Désormais, le couple est installé dans l’Oklahoma. Leur relation s’est fragilisée : Marina se sent piégée. Dans cette petite communauté américaine, elle cherche conseil auprès d’un autre expatrié, un prêtre catholique nommé Quintana. L’homme a ses propres problèmes : il doute de sa vocation…
Marina décide de retourner en France avec sa fille. Neil se console avec Jane, une ancienne amie à laquelle il s’attache de plus en plus. Lorsqu’il apprend que rien ne va plus pour Marina, il se retrouve écartelé entre les deux femmes de sa vie. Le père Quintana continue à lutter pour retrouver la foi. Face à deux formes d’amour bien différentes, les deux hommes sont confrontés aux mêmes questions. »