Avis sur PERSONA de Ingmar Bergman.
Film vu en version restaurée inédite.
Projection exceptionnelle, le 11 février 2014, organisée par Carlotta Films au Nouveau Latina (75004 Paris).
Sortie au cinéma le 5 mars 2014.
J’ai trouvé ce film de 1966 troublant et remarquablement bien construit.
Dès les premières images , j’ai été transportée dans une sorte de thriller psychologique illuminé par Liv Ullmann et Bibi Andersson, deux actrices magnifiques.
Le mot « persona » vient du latin ( du verbe »personare » , per- sonare : parler à travers ) où il désignait le masque que portaient les acteurs de théâtre.
Elisabeth Vogler (Liv Ullmann), actrice renommée, porte ce masque au début de l’histoire quand elle joue Electre au théâtre. Et puis, subitement, comme foudroyée , elle devient muette …
En état de choc elle est conduite dans un hôpital qui est, semble t-il, un lieu d’inspiration pour Bergman.
Ce dernier aurait écrit le scénario de cette histoire alors qu’il était hospitalisé pour une double pneumonie.
Très sensibilisé à l’univers de la pathologie et de la mort, il a décrit très finement l’évolution des relations et l’interaction entre deux femmes très différentes (l’une muette, l’autre volubile) venant de classes sociales diverses.
J’ai lu que le tournage s’était déroulé, en 1966, sur l’île de Faro où décédera Bergman en 2007. Étrange coïncidence.
J’ai été frappée par le fait que ce film n’avait pas vieilli, excepté les costumes.
Les beautés naturelles, filmées en gros plan, des deux actrices principales sont, à mon avis,très modernes. Bergman nous entraînant dans un univers fantastique, il est parfois difficile de savoir ce qui est réel et ce qui relève de la vision du personnage …
Même s’il n’y a aucun corps dénudé ( les chemises de nuit sont longues et très opaques ! ) il règne une grande sensualité.
La description d’une scène d’amour sur la plage par Alma ( Bibi Andersson ) est très érotique, même- et surtout peut être – en l’absence d’images.
Il parait que Bergman est tombé amoureux de Liv Ulmann pendant le tournage. Ce n’est pas étonnant car elle était vraiment séduisante et très expressive malgré l’absence de paroles.
Un moment très marquant du film est quand Bergman » peint « , avec sa caméra, le double visage d’Alma et d’Elisabeth. J’ai ressenti à ce moment une sensation étrange : un mélange de curiosité et d’effroi. Cela fait froid dans le dos …
Persona n’est pas un film » détente » mais il mérite d’être vu et revu car c’est du grand art cinématographique.
***
Persona fait partie de la rétrospective Ingmar Bergman.
7 chefs-d’œuvre incontournables du célèbre cinéaste suédois pour la première fois au cinéma en version restaurée.
Sourires d’une nuit d’été, Le Septième sceau, Les Fraises sauvages, La Source, Persona, Scènes de la vie conjugale, Sonate d’automne.
A voir et revoir dès le 5 mars.