Avis de Michèle sur MY SWEET PEPPER LAND de Hiner Saleem.
Une « sweet love story » entre deux révoltés dans une région isolée du Kurdistan … ou « règlement de comptes à OK Baran ».
Baran (Korkmaz Arslan ) est un jeune et beau combattant de l’indépendance kurde qui décide de retourner chez sa mère après la révolution mais voilà que cette dernière n’a qu’une idée en tête : le marier au plus vite.
Baran n’est pas d’accord. Aussi s’enfuit-il de son village natal pour se réengager dans la police et atterrir dans un village très isolé où un méchant caïd,seigneur des lieux et ses sbires lui réservent un accueil très menaçant. Mais le loyal Baran, empli de rage et de courage, n’est pas du genre à se laisser intimider et à accepter les compromis.
Résumé de cette façon ,on pourrait penser à la trame d’un film policier traditionnel.
Certains l’assimilent davantage à un western .En tout cas, pas de spaghettis à l’horizon !
Reste à savoir qui sont les cow boys et qui sont les indiens parce que ce n’est pas uniquement une affaire entre hommes .La gent féminine est bien présente et n’est pas la dernière à manier des armes.Et pour moi, dans cette histoire, ce serait plutôt des combattantes amazones venues de nulle part qui jouent le rôle des indiens.
Mais on ne peut pas parler de ce film sans évoquer la présence lumineuse de Govend ( Golshifteh Farahani ) qui interprète une institutrice belle et rebelle, rejetée par les hommes du village. Cette actrice m’avait déjà impressionnée dans Syngué Sabour – Pierre de patience – où elle était bouleversante. Elle fut d’ailleurs nommée aux César 2014 pour ce rôle.
Mais là, elle confirme son talent en incarnant avec justesse et conviction, une femme insoumise et courageuse, en proie à des traditions séculaires. Elle est réellement très émouvante dans son combat pour le droit des femmes. Son histoire d’amour avec Baran est prévisible dès le début du film. Qu’importe, l’évolution de leurs sentiments est montrée avec une grande délicatesse.
Ce qui magnifie cette histoire, ce sont les décors naturels de toute beauté.
J’ai été très sensible à la photographie sublime des paysages …
La musique est également très appréciable, à la fois discrète et éclectique . Quel plaisir de voir un film où la musique n’est pas omniprésente ! Le silence est parfois d’or.
A noter la découverte, en tout cas pour moi , du « hang », un instrument de musique acoustique manié avec habileté par Govend (est -il utile de rappeler que Golshifteh est une musicienne depuis son plus jeune âge ? ) On entend également de la musique country , Elvis et même une chanson française , » la chanson des blés d’or » interprétée par André Dassary né en 1912 !
Certains trouveront peut être ce film trop manichéen et les personnages trop caricaturaux (les purs contre les pourris ). En ce qui me concerne, j’ai trouvé ce film très intéressant de par son dépaysement et cette part d’histoire du Kurdistan.
Le fond est dramatique mais l’humour n’est pas absent, ce qui permet de digérer le climat plutôt anxiogène .
Et surtout ne manquez pas le début du film qui est très burlesque !
Date de sortie | 9 avril 2014 (1h34min) |
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Réalisé par | Hiner Saleem |
Avec | Golshifteh Farahani, Korkmaz Arslan, Suat Usta |