« Une Promesse » … je vous en parlais ici , j’attendais avec impatience ce film.
D’une part, parce que c’est une adaptation du « Voyage dans le Passé « de Stefan Zweig. D’autre part, parce que Patrice Leconte n’a pas tenu sa promesse : il continue le cinéma et c’est une bonne nouvelle, car j’aime son éclectisme.
Cette fois, il se lance dans le film romantique, qui plus est, un texte de Stefan Zweig -pour en savoir plus sur le roman et découvrir mon avis sur ce dernier, cliquez ici.
Une adaptation, c’est toujours un pari. Et je trouve qu’il est particulièrement difficile d’adapter certains auteurs, dont Zweig, car ses écrits finement ciselés regorgent de descriptions et de sentiments, l’action est souvent moindre en comparaison…
J’étais donc motivée et curieuse, surtout que l’histoire se passe en Allemagne, en 1912, est tournée en anglais (en Belgique), avec un casting essentiellement britannique par un réalisateur français !
Une heure quarante après, je peux dire que je suis malheureusement un peu déçue. Le film n’a pas tout à fait tenu ses promesses ou plutôt rempli son contrat… Je n’ai pas été émue. Il faut dire que le roman ne m’avait pas tiré des larmes non plus, mais il possédait une certaine noirceur et un côté sans concession que je n’ai pas retrouvé en images.
Passons aux points positifs : la reconstitution historique tout d’abord. On admire le décor et les costumes de Rebecca Hall. On note aussi un gros travail sur la lumière. Patrice Leconte filme certaines situations avec une caméra très dynamique. Le réalisateur a recours à des motifs récurrents : quand Lotte monte l’escalier… « Une promesse » est un film à l’image travaillée, nul doute sur ce point.
Et puis il y a Alan Rickman, toujours parfait ! Depuis « Raisons et sentiments » signé par Ang Lee, on savait qu’il pouvait jouer les amoureux âgés et rassurants, les second choix des demoiselles en détresse. Cet acteur a un timbre de voix, des expressions et une posture uniques ! Dans la saga « Harry Potter », on adore le détester et en même temps on a de la pitié, puis une sorte de respect pour son personnage… Bref, c’est un grand acteur qui peut exprimer une large gamme d’émotions et toutes les ambiguïtés de l’être humain. En comparaison, le personnage du mari malade me paraissait plus falot et moins intéressant. Et pourtant, Rickman s’en sort très bien, il ajoute une sorte d’intensité à son personnage, on sent sa souffrance contenue à chacune de ses apparitions. Merci à Patrice Leconte de lui avoir confié ce rôle qui lui sied comme un gant.
L’actrice shakespearienne Rebecca Hall ne se débrouille pas mal, mais peut -être qu’une autre actrice aurait joué tout aussi bien ? Elle a néanmoins beaucoup d’allure, et son visage lumineux s’anime ou s’éteint en fonction des circonstances. Elle incarne donc Lotte, la femme sérieuse, qui se sent coupable d’abandonner son mari et essaie de contrôler ses émotions… En revanche, Lotte ne change pas trop physiquement malgré les épreuves et d’ailleurs son amant secret le lui dit. Alors que dans le roman, elle est censée avoir beaucoup vieilli… Mais peut-être que je chipote.
Quant à Richard Madden, je n’ai presque rien à dire sur l’acteur de « Games of thrones « … Ah si, j’ai appris qu’il était Écossais. Son interprétation n’est ni très bonne ni très mauvaise, elle est juste un peu écrasée par les deux autres membres de ce triangle amoureux.
Comme je connaissais l’histoire originale, j’ai été surprise par certaines infidélités et surtout par la fin plus heureuse que celle du texte de Zweig.
Dans mes souvenirs, le texte de Zweig parlait de l’impossibilité de revivre le passé, et de l’amour qui passe avec le temps et la distance, illustrant ainsi parfaitement la devise « Loin des yeux, loin du cœur »… Patrice Leconte et Jerôme Tonnerre ont choisi de développer le triangle amoureux et le personnage du mari, et comme je l’ai écrit plus haut, pourquoi pas si le mari est en interprété par un excellent acteur comme Alan Rickman.
Alors, quitte à être infidèle au texte, autant y aller et adoucir le final… Mais je trouve que cela rend le film plus classique. On est assez loin de la cruauté du texte de Stefan Zweig.
« Une promesse » est comme un beau livre d’images, agréable à regarder mais ce film manque un peu d’intensité. Ou alors c’est moi qui vieillis et qui ne suis plus romantique !