SACCO ET VANZETTI de Giuliano Montaldo fit l’objet d’une reprise au cinéma le 6 Août 2014, en version restaurée inédite DCP numérique.
Ce film a été réalisé en 1971 et relate une histoire vraie* qui a débuté en avril 1920 et qui s’est tragiquement terminée en août 1927.
Michèle et Jacques sont allés voir « Sacco et Vanzetti », et voici leur verdict.
Mise à jour 24 /11/2014 :
Sacco et Vanzetti de Giuliano Montaldo sortira en Blu-ray, DVD et VOD le 10 décembre 2014.
Un nombre important de bonus accompagne cette édition notamment une interview de Ennio Morricone, compostiteur de la BO du film (en savoir plus : http://www.carlottavod.com/sacco-et-vanzetti).
AVIS
« Voici pour vous, Nicola et Bart
Reposez pour toujours dans nos cœurs
Le dernier et ultime instant est le vôtre
Cette agonie est votre triomphe »
Joan Baez, Here’s to You (paroles : Joan BAEZ, musique : Ennio MORRICONE)
Le temps a passé. Pourtant, ce film n’est pas démodé dans la mesure où les thèmes de l’atteinte à la liberté et de l’injustice sont toujours à l’ordre du jour et inspirent actuellement nombre de cinéastes …
« SACCO ET VANZETTI » est marquant car l’histoire est bouleversante mais aussi parce que l’interprétation des deux protagonistes est inoubliable.
Riccardo Cucciolla ( Nicola Sacco ) et Gian Maria Volonté ( Bartolomeo Vanzetti ) sont vraiment habités par leurs personnages.
Le premier,Riccardo Cucciolla, a reçu le prix d’interprétation masculine au festival de Cannes mais le deuxième était aussi convaincant. Gian Maria Volonté s’est aussi illustré dans « Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon » et dans « Pour une poignée de dollars »).
Il existe des films où la musique est secondaire ou inexistante …
Ce n’est pas le cas de « Here’s to you » où les paroles et la voix unique de Joan Baez, emportée par la musique d’Ennio Morricone , restent gravées dans la mémoire.
Cette chanson fut d’ailleurs un tube dans les années 70.
Sacco et Vanzetti étaient devenus des symboles.
Leur affaire judiciaire a suscité des tollés et des manifestations de colère dans le monde et en particulier
en Amérique et en Europe.
La retransmission de ces événements, à l’aide d’archives originales, apporte une crédibilité intéressante à cette œuvre.
On peut reprocher au réalisateur de ne pas avoir creusé suffisamment la version supposée des vrais coupables. Il se contente de quelques allusions.
Il s’est concentré sur les audiences en démontrant avec talent les » batailles » brillantes entre l’avocat de la défense et le procureur. (MAJ 20/082014 : voir ci-dessous le commentaire de Luc qui explique qu’à l’époque du film le réalisateur n’avait pas eu accès à tous les éléments qui ont par la suite invalidé le verdict).
Les dialogues sont forts, ponctués de détails.
A cette époque, le mot « anarchiste » était vraiment diabolisé et systématiquement condamnable par les autorités.
En résumé, il faut aller voir ce film captivant pour son intérêt historique et pour la décharge émotionnelle qu’il dégage !
SACCO ET VANZETTI
(SACCO E VANZETTI)
Un film de Giuliano MONTALDO | Drame | Italie-France | 1971 | 124mn | Couleurs | 1.85:1
Pas question de laisser passer ça !
Bonjour. Au départ c’était en tant que « simple spectateur » que j’avais aimé ce film mais les circonstances ont voulu que par la suite j’effectue des recherches sur l’anarchisme italo-américain et… de ce point de vue aussi je l’ai trouvé très bon. Je ne parle pas seulement de « l’affaire » mais aussi du type d’anarchisme, dont l’un et l’autre étaient porteur de manière assez proche (même si pour des raisons d’abord culturelles, puis epour des raisons de santé, Sacco fut amené à laisser « parler pour deux », Vanzetti). Cordialement
PS. en ce qui concerne le léger reproche ci-dessus adressé à Montaldo, de n’avoir pas plus creusé la « piste » du gang Morelli (probablement auteur du crime de South Braintree) : on voit mal comment il aurait pu faire plus que de rappeler le témoignage de Madeiros, la disparition du dossier dans les archives, et celle, dans le magasin de la police, de l’arme que le gang utilisait -voilà qui faisait déjà beaucoup… De plus il a le mérite d’avoir inclus une scène assez forte où on voit l’avocat interroger l’expert balistique sur son lit d’hôpital et celui-ci préciser qu’il n’avait jamais, au moment du procès, attribué la paternité de l’arme du crime à Sacco (la formule utilisée fut qu’une des quatre balles retrouvées sur les lieux du crime était « consistent with » c’est-à-dire « pouvait avoir été tirée » avec cette arme). Or à la date de sortie du film en 1971 on ne disposait pas encore des rapports de l’expertise effectuée au microscope électronique et sur la base de laquelle en 1977 le gouverneur du Massachusetts Michael Dukakis invalida le verdict : elle ne démontrait pas l’innocence, de Sacco (si tant est que l’on puisse démontrer une innocence ou qu’il y ait juridiquement à le faire) mais elle établissait formellement que des manipulations avaient effectuées après coup par la justice/police, sur cette balle… Malheureusement le très bon livre de Young et Kaiser ‘Postmortem’, paru en 1984 et qui reprend les conclusions du rapport, n’a pas été traduit.
Bonsoir Luc,
je vous remercie pour ce commentaire extrêmement intéressant et documenté.
Et merci également pour le post scriptum passionnant.
Peut -être qu’un jour en effet nous aurons la traduction de l’ouvrage que vous mentionnez dans la langue de Molière…