Le 20 octobre 2014 , Hicham AYOUCH présentait son film « Fièvres » qui est le premier d’une série de longs métrages consacrés au Maroc contemporain à l’Institut du Monde Arabe et qui sort dans toutes les salles le 29 octobre.
Hicham Ayouch a fait monter, sur la scène de l’IMA, l’équipe quasi complète du film, soit une vingtaine de personnes.
Il est étonnant de voir que ce jeune réalisateur, d’apparence cool, maniant le verbe avec humour et drôlerie et exprimant son envie de faire des claquettes sur la scène, ait pu signer ce film d’une telle noirceur. Il a choisi le titre du film « Fièvres » car il mettait en scène des êtres »en ébullition ». Présenté lors du Festival International du film de Marrakech en 2013, « Fièvres » a été récompensé par un double Prix d’interprétation masculine (pour Didier Michon et Slimane Dazi).
« Déterminé, Benjamin décide à 13 ans d’aller vivre chez son père qu’il ne connaît pas. Benjamin veut grandir. Vite. Karim, son père, habite toujours chez ses parents et se laisse porter par la vie. Il se retrouve démuni face à cet adolescent insolent et impulsif qui va violemment bouleverser leur vie, dans ce quartier aux multiples visages. »
(via Allociné)
L’avis des Écrans de Claire
Si lumière et obscurité se côtoient dans ce film, c’est bien l’aspect sombre qu’on retient de ce drame .
Benjamin, admirablement interprété par Didier Michon, est une sorte d’ Antoine Doinel des « 400 Coups » de Truffaut, transposés dans une banlieue contemporaine.
Le décor ressemble à celui de « la Haine » de Kassovitz : des tours froides présentées comme une prison.
Selon les termes du réalisateur, ce jeune adolescent d’une douzaine d’années est un ange exterminateur !
Benjamin exprime son manque d’amour par l’insolence et la violence .
Il n’est pas question, dans cette fiction, de parler de » l’innocence » enfantine …
Ce film ne se prête à aucune concession.
Le langage est cru, sans fioriture.
Les situations émotionnelles sont très fortes.
Les acteurs sont tous remarquables.Karim Zeroubi ( incarné parfaitement par Slimane Dazi ) est le père de Benjamin. Il avoue qu’il n’avait pas choisi d’être père… Il est complètement désemparé par cette nouvelle responsabilité. Il vit chez ses parents, Zohra ( Farida Amrouche, très touchante) et Abdelkader Zeroubi ( Lounes Tazairk ,très juste ) sont des grand-parents dépassés par les événements et qui vont évoluer tout au long du film .
Et puis « fiat lux « : la rencontre avec Claude ( Tony Harrison), doux rêveur » zarbi « qui ne s’exprime que par la poésie ( écrite par Hicham Ayouch himself et son co- scénariste. )
Cette amitié entre Benjamin et Claude apporte un peu de légèreté et d’oxygène et entraîne certaines scènes très insolites.
En conclusion, on ressort moins détendu de ce film qu’après avoir vu » La fièvre du samedi soir » …même si la musique de Bachar Khalife tient un rôle important dans cette œuvre cinématographique.
C’est un film qui peut mettre mal à l’aise. Il est souvent dérangeant mais il est très intéressant car riche en symboles. « Fièvres » pose de nombreuses questions sur l’identité et sur la parentalité dans une société en souffrance .
La fin du film est particulièrement déstabilisante.
Hicham Ayouch ne voulait pas filmer la banlieue avec les stéréotypes habituels et il a parfaitement atteint son but .
Un film choc à découvrir, si vous n’êtes pas trop déprimé.
(Michèle et Jacques)
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Date de sortie | 29 octobre 2014 (1h30min) |
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Réalisé par | Hicham Ayouch |
Avec | Didier Michon, Slimane Dazi, Farida Amrouche |
Fièvres Bande-annonce VF
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