Nous avons eu droit à plusieurs biopics de peintres. Je vous avais parlé de « Renoir « … Mais avant le peintre impressionniste Auguste Renoir, il y avait le pré impressionniste J.M.W Turner… Timothy Spall (prix d’interprétation masculine à Cannes) incarne J.M.W Turner, le célèbre peintre britannique, dans le biopic
Le film sort 3 décembre 2014 au cinéma… Partons à la rencontre de « Mr Turner » !
Synopsis
“Mr. Turner” évoque les dernières années de l’existence du peintre britannique, J.M.W Turner (1775-1851). Artiste reconnu, membre apprécié quoique dissipé de la Royal Academy of Arts, il vit entouré de son père qui est aussi son assistant, et de sa dévouée gouvernante. Il fréquente l’aristocratie, visite les bordels et nourrit son inspiration par ses nombreux voyages. La renommée dont il jouit ne lui épargne pas toutefois les éventuelles railleries du public ou les sarcasmes de l’establishment. A la mort de son père, profondément affecté, Turner s’isole. Sa vie change cependant quand il rencontre Mrs Booth, propriétaire d’une pension de famille en bord de mer.
(in DP)
AVIS
Pour moi, ce film est le grand retour de Mike Leigh, je n’avais plus vu un film de lui depuis « Another Year »!
Mike Leigh peut remercier son directeur de la photographie Dick Pope. La photographie est vraiment superbe. Chaque plan est un vrai tableau… D’autant plus que Leigh a vraiment travaillé le cadre de chaque scène en ce sens. Wes Anderson a peut être trouvé son maître en matière de composition de cadre. De plus, Mike Leigh montre les œuvres originales de Turner en détails, ainsi que ses méthodes de travail ( Turner crache sur ses tableaux en cours de composition ! Ou encore se faire attacher au mat d’un navire en pleine tempête.)
Si ce biopic est un plaisir pour les yeux, on pourra lui reprocher d’être (trop ?) contemplatif…
Le film dure 2h30 et l’intrigue aurait gagné à être resserrée. Cela est peut-être dû à un mode de narration « esquissée » tout en non dits(spécialité de Mike Leigh). On se demande parfois pourquoi certaines scènes sont présentes ou étirées.
J’ai pu aussi apprécier la performance de Timothy Spall – qui aurait apparemment appris à peindre à la manière de Turner pour le rôle ! Cet acteur fétiche de Mike Leigh (mais aussi Croutard dans »Harry Potter »)grogne et couine comme un animal.Ce génie de la peinture n’est pas présenté de façon flatteuse : il n’est ni beau à l’extérieur ni à l’intérieur ( il a renié ses filles, il est souvent méprisant envers ses pairs comme Constable.) Un personnage haut en couleurs, sensible à l’art sous toutes ses formes, ainsi qu’à la science – mais étonnamment fruste à l’extérieur.
Parfois j’ai trouvé que Spall en faisait un peu trop dans les grimaces et les grognements. bien entendu, c’est quand la carapace se brise et que l’on découvre les fêlures de l’homme que l’on fond… La relation de Turner et de Mrs Booth (lumineuse Marion Bailey) est d’une belle délicatesse. On comprend aussi que Turner a eu une enfance catastrophique, et qu’il est très attaché à son père, que sa relation avec sa mère,ainsi que la perte de sa jeune sœur, ont été déterminantes dans ses rapports avec les femmes !
C’est un portrait de peintre mais c’est aussi celui d’un homme… Et d’une époque ‘ (le passage de l’ère georgienne à l’ère victorienne…avec ses salons, l’académie de peinture, mais aussi les dures conditions de vie du peuple britannique et une légère critique de l’aristocratie. Une ambiance qui m’a fait pensé à « l’Oeuvre » de Zola, surtout qu’un des personnages du film présente des ressemblances avec le peintre maudit Claude Lantier.)
On a envie d’en savoir plus sur la vie et l’oeuvre de Turner, que l’on se représente comme le peintre des couchers de soleil et des navires… C’était surtout le » peintre de la lumière » (il étudiait d’ailleurs la lumière noire avec son amie scientifique Mary Somerville interprétée par Lesley Manville une autre habituée des films de Mike Leigh.) on assiste à son évolution artistique du romantisme de ses débuts à un pré-impressionnisme qui lui vaudra la perte de sa popularité.
Réflexion sur l’art et la célébrité, mais aussi sur les relations humaines, Mr Turner est une fresque visuellement superbe, contemplative, parfois trop longue et un peu difficile à suivre.
***
Je vous laisse avec quelques photos supplémentaires et la très belle bande annonce de « Mr Turner ».
FESTIVAL DE CANNES
PRIX D’INTERPRÉTATION MASCULINE
FICHE TECHNIQUE
ACTEURS
Timothy Spall, Dorothy Atkinson, Marion Bailey, Paul Jesson, Lesley Manville, Martin Savage, Ruth Sheen.
1st assistant director: Josh Robertson
Assistant directors: Ben Howard, Caroline Meer,
Danni Lizaitis, Tom Reynolds
Production Designer: Suzie Davies
Supervising Sound Editor: Lee Herrick
Film editor:Jon Gregory ACE
Composer: Gary Yershon
Director of Photography:Dick Pope BSC
Executive Producers: Gail Egan, Tessa Ross,
Norman Merry
Script / dialogue: Mike Leigh