En nous emmenant « Sur le chemin de l’école » en 2013, Pascal Plisson avait conquis le cœur de nombreux spectateurs, réjoui les producteurs et séduit les professionnels (qui lui avaient attribué le César 2014 du meilleur documentaire).
Avec « Le grand jour », le succès devrait être aussi au rendez – vous.
Ce documentaire est dans la lignée du précédent.
Les similitudes commencent par l’affiche magnifique où quatre jeunes et beaux visages rayonnent dans des univers très différents.
Les valeurs véhiculées sont également semblables , à savoir le respect, le courage et l’amour familial …
Il y a beaucoup d’amour réciproque entre les parents et les enfants dans ce documentaire où des jeunes mettent en place leur avenir.
Le père de Nidhi est chauffeur de tuk-tuk en Inde, un pays où la naissance d’une fille n’est pas toujours considérée comme une bénédiction .
Pourtant cet homme, qui n’est pas instruit, encourage , avec fierté et tendresse , sa « super matheuse » de fille à entreprendre des études d’ingénieur .
Les parents d’Albert , qui vivent séparés , se rejoignent dans leur sentiment d’admiration pour leur fils qui souhaite entrer dans un académie de boxe à Cuba.
Il faut voir les parents de Deegi, la petite contorsionniste de Mongolie , attendre les résultats d’un concours pour comprendre leur émotion et leur détermination.
De même , Tom, 20 ans , qui est le plus âgé du « quatuor » sélectionné par le réalisateur, parle avec affection de ses parents dont il est séparé pendant sa formation de » ranger » en Ouganda.
Et la fête qui lui est réservée, à son retour dans son village, est un moment de liesse inoubliable.
Presque trop beau ?
Comment le cinéaste a t-il fait pour ne trouver que des éléments très positifs ?
Il a fait appel à des producteurs qui ont réalisé un casting dans chaque pays.
Dans tous les cas, ces jeunes représentent la première génération d’enfants, issus de milieux sociaux peu favorisés,
qui peuvent avoir un avenir.
Beaucoup de cinéastes nous imposent l’obscurité dans leur façon de filmer .
Pascal Plisson a fait le choix de la lumière omniprésente dans ce film en 4 K.
Une lumière naturelle qui est un parti pris artistique pour le documentariste et qui est sublimée par la photographie de Simon Watel ( déjà opérant dans » sur le chemin de l’école « ).
L’intérêt du film réside également dans la diversité des projets des enfants et les différences au niveau des coutumes et du cadre de vie.
Les ambiances de chaque pays sont bien décrites . que ce soit la ville indienne ou la savane africaine, un village mongol ou une grande cité cubaine.
Ces images nous rappellent l’importance de l’eau qui n’est pas toujours courante …
On assiste également aux repas sans avoir l’impression de déranger.
L’équipe cinématographique, composée de seulement cinq personnes, se voulait le plus discrète possible .
C’est pourquoi les protagonistes semblent tellement naturels et se sont accoutumés rapidement à la présence de la caméra.
C’est ce qu’ils nous ont confirmé lors d’une conférence qui a suivi la projection en avant première.
Seule la petite Deegi n’avait pas quitté sa Mongolie natale mais elle se rendra prochainement au Japon avec l’équipe, pour présenter le film.
Les trois autres adolescents semblaient ravis de visiter Paris.
Il ont exprimé leur reconnaissance envers cette expérience de cinéma qui leur a apporté encore plus confiance en eux.
Pascal Plisson a précisé » qu’on ne peut pas diriger ces enfants . Le mieux c’est de les observer en train de vivre . On connait leur vie par cœur et on finit par anticiper . C’est très inspirant « .
Et de reprendre le célèbre » à cœur vaillant , rien d’impossible « .
Le réalisateur veut accompagner ces jeunes, comme il l’a fait sur « le chemin de l’école » .
« Ce qu’on veut, c’est leur donner les moyens d’aller dans l’école de leurs rêves . »
Le seul reproche qu’on puisse faire à Monsieur Plisson est de nous faire sortir nos mouchoirs à chacune de ses réalisations !
L’émotion se lisait en effet sur tous les visages des spectateurs lors de cette projection.
On ne s’ennuie pas une seconde dans ce documentaire très vivant qui sait aussi être drôle .
Une vision rassurante et pleine d’espoir de l’humanité.
LE GRAND JOUR
de Pascal Plisson
(1h26min)
avec Nidhi Jha, Albert Ensasi Gonzalez Monteagudo, Deegii Batjargal, Tom Ssekabira
Sortie le 23 septembre 2015.