« Tunis, été 2010, quelques mois avant la Révolution, Farah, 18 ans , passe son bac et sa famille la voit déjà médecin …Mais elle ne voit pas les choses de la même manière.
Elle chante au sein d’un groupe de rock engagé. Elle vibre , s’enivre , découvre l’amour et sa ville de nuit contre la volonté d’Hayet , sa mère , qui connaît la Tunisie et ses interdits. »
Après Catherine Corsini et
sa belle saison ,Céline Sciamma et sa
bande de filles , Deniz Gamze Ergüven et son
Mustang et bien d d’autres » Femisiennes »,
Leyla Bouzid nous surprend, en cette fin d’année 2015, avec cet hymne à la liberté et à la jeunesse tunisienne.
Ce film est percutant dans la manière de raconter la révolte d’une jeune fille qui refuse d’emprunter la voie tracée et rêvée par ses parents.
Il entraîne, de la sorte, une réflexion sur l’éducation.
Ce long métrage décrit avec une grande honnêteté une relation mère – fille complexe mais très intense…
Il nous montre aussi la difficulté pour une femme de trouver sa place dans une société traditionnelle .
Enfin, il est très intéressant pour son aspect politique, parce qu’il se déroule sous l’ère de Ben Ali, juste avant le Printemps Arabe.
De plus il nous fait découvrir la ville de Tunis en dehors des chemins touristiques.
Les bas- fonds, les lieux très masculins, les bars sont présentés sans fioritures .Une scène frénétique dans une gare routière est très marquante.
Farah ne possède certes pas la voix puissante d’Amy Winehouse ou de Janis Joplin mais, comme ces stars, elle est issue d’un milieu social plutôt favorisé et elle partage la même passion de la musique
Elle se moque des convenances et veut vivre à fond ses amours.
Pour illustrer cette détermination , Baya Medhaffar , qui n’est pas chanteuse professionnelle et qui joue son premier rôle ,est très convaincante et troublante de sincérité.
Sa mère Hayet est interprétée avec une grande émotion par Ghalia Benali qui est une chanteuse populaire en Tunisie et qui s’avère une comédienne très sensible.
A peine j’ouvre les yeux
je vois les gens privés
de travail , de bouffe
et d’une vie hors de leur quartier.
Méprisés ,dépités ,
dans la merde jusqu’au cou,
ils respirent par leurs semelles.
A peine j’ouvre les yeux ,
je vois des gens qui s’exilent,
traversant l’immensité de la mer,
en pèlerinage vers la mort…
Ces quelques paroles extraites d’une chanson interprétée par Farah sont révélatrices de l’état d’esprit du film où souffle un vent de révolte.
Les faits qui nous sont relatés nous rappellent combien la liberté est un bien précieux.
La musique tient une place primordiale dans cette histoire et le moins qu’on puisse dire est qu’elle déborde de vitalité .
Donc, n’hésitons pas à garder les yeux – et les oreilles – bien ouverts devant cette œuvre remarquable d’une jeune réalisatrice inspirée.