« Ni le Ciel ni la Terre « , de Clément Cogitore avec Jérémie Renier, est sorti le 3 Février dernier en DVD et VOD.
Ce premier long métrage du réalisateur a été dans la sélection officielle de la Semaine de la critique au Festival de Cannes 2015 et vient d’être nommé aux César 2016 dans la catégorie Meilleur Premier Film.
A la croisée du film de guerre, du fantastique et du drame métaphysique , » Ni le ciel ni la terre » est un OVNI dans le paysage du cinéma francophone. Voici mon avis.
SYNOPSIS
Afghanistan 2014. A l’approche du retrait des troupes, le capitaine Antarès Bonassieu et sa section sont affectés à une mission de contrôle et de surveillance dans une vallée reculée du Wakhan, frontalière du Pakistan.Malgré la détermination d’Antarès et de ses hommes, le contrôle de ce secteur supposé calme va progressivement leur échapper.Une nuit, des soldats se mettent à disparaître mystérieusement dans la vallée.
(in CP)
AVIS
On part d’une intrigue classique : des soldats placés dans une vallée inhospitalière de l’Afghanistan en conflit. On s’aperçoit vite que ce n’est pas filmer la guerre qui intéresse Cogitore… Il nous montre en tout et pour tout quelques échanges de tirs à distance. L’intrigue se noue autour de disparitions mystérieuses… D’abord le chien d’Antarès, le chef cartésien, interprété par un Jérémie Renier en grande forme. Puis deux soldats. Puis un autre, de garde, alors que son collègue l’a quitté des yeux une seconde pour aller uriner… Puis le soldat (William) qui a assisté à cette disparition, s’évanouit dans la nature sans explication alors qu’il était surveillé de près.
La patrouille rencontre des Talibans qui se révèlent être invisibles la plupart du temps et experts en camouflage, encore une fois, notre capacité à voir les choses est remise en question. La patrouille apprend que les Talibans ont aussi « perdu » des hommes comme s’ils étaient engloutis par le lieu. Si le décor du film est le désert afghan, on pourrait aussi bien être ailleurs, ou en huis-clos. Car ce qui intéresse le réalisateur est bien le malaise et l’impuissance de cette patrouille devant ses disparitions mystérieuses. Mais aussi l’opposition entre l’esprit cartésien et le mysticisme. Également, la tradition versus la modernité. Le tangible et l’invisible. Les vivants et les morts, le deuil… tous ces thèmes sont abordés avec ambition dans ce film, avec plus ou moins de profondeur.
Point positif, Clément Cogitore s’est bien entouré. Il a collaboré avec Thomas Bidegain pour l’écriture.
Il bénéficie également du soutien de très bons acteurs : Jérémie Renier, Kévin Azaïs, Swann Arlaud, Marc Robert, Finnegan Oldfield (légèrement sous-employé), Sâm Mirhosseini (le traducteur trait d’union entre les deux cultures).
Le terre -à- terre Antarès (Jérémie Renoir) qui porte le nom d’une étoile associé à Arès le dieu de la guerre commence à être de plus en plus troublé. Il est très crédible dans le rôle d’un militaire on dirait qu’il a fait ça toute sa vie ! Un autre personnage (Swann Arlaud) perd pied alors qu’il semblait blasé et y voit un signe divin préfigurant l’Apocalype…
Dans le rôle de William,
Kévin Azaïs, récemment
césarisé pour « les Combattants », est comme à son habitude intense et naturel dans le rôle d’un truffion futur papa, troublé et mystique.William a des visions des disparus dormant dans une grotte. Ce rêve est une allusion au
miracle des sept dormants d’Ephèse, qui s’étaient enfuis dans la montagne. Endormis dans une caverne, ils se sont réveillés 300 ans plus tard. Ce miracle est à la fois chrétien et musulman, et d’ailleurs les Afghans y font écho en faisant lire une sourate relatant cette histoire au traducteur du bataillon français.
Le film n’est pas exempt de défauts : il manque notamment d’équilibre dans son rythme et son scénario pourrait peut-être développer certains éléments. Il faut s’accrocher.
Attention, je vous préviens : le mystère reste entier à la fin. C’est à nous d’interpréter la disparition de tous ces hommes… Frustrant !
Ceci dit, le film nous parlant de transcendance et d’invisibilité ne pouvait nous livrer une explication cartésienne. Le scénario choisit donc de nous déconcerter et de ne pas nous livrer de réponse.
**
Date de sortie : 30 septembre 2015 (1h 40min)
date de sortie du DVD : 3 février 2016.
Distributeur : Diaphana
De Clément Cogitore
Avec Jérémie Renier, Kévin Azaïs, Swann Arlaud, Marc Robert,Finnegan Oldfield, Sâm Mirhosseini…
BONUS DU DVD :
- Entretien avec Clément Cogitore
- Une scène coupée
- Parmi Nous, court métrage de Clément Cogitore
- Bande annonce
Crédits photo (c) Diaphana Distribution
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