« 99 HOMES » de Ramin Bahrani est un superbe film sur la crise et les magouilles immobilières. En France, il ne bénéficie que d’une sortie en e-cinéma à partir du 18 mars 2016 (via Wild Side). Retour sur le Grand Prix du 41e festival américain de Deauville.
Synopsis :
Un père lutte pour récupérer la maison dont sa famille a été expulsée après avoir été dupé par un agent immobilier avide.
Avis
Ce long métrage de Ramin Bahrani comporte tous les ingrédients d’un film marquant :
une forte intensité dramatique avec une tension permanente, des acteurs excellents et un sujet d’actualité brûlant jamais – ou rarement – abordé au cinéma.
Cette histoire commence comme un thriller : un cadavre gisant dans son sang, un homme observant la scène et scrutant minutieusement le lieu du drame, comme s’il cherchait un indice.
Cet homme pourrait être un détective ou un inspecteur de police.
En réalité, il est un spéculateur immobilier, employé par une banque pour expulser les personnes qui ne peuvent plus rembourser leurs emprunts.
Rick Carver, remarquablement interprété par Michael Shannon (nommé aux Oscars pour Les Noces Rebelles) se charge de cette lourde tâche avec un détachement glacial.
Il est très élégant, porte une veste blanche immaculée et ne semble éprouver aucun sentiment face aux drames qui se déroulent devant lui.
Lors d’une expulsion de « routine », il rencontre Dennis, un jeune père de famille très combatif , prêt à tout pour conserver la maison où il est né et où il vit désormais avec sa mère et son fils.
Andrew Garfield est « scotchant « dans le rôle de ce Dennis Nash, Américain moyen, touché par le chômage malgré des compétences multiples dans le domaine du bâtiment.
Dès son apparition à l’écran, ce jeune acteur dégage une émotion bluffante et une détermination sans faille.
Sa mère, Lynn Nash, est interprétée par Laura Dern, toute en sensibilité et son fils, Connor , par le jeune Noah Lomax très attachant…
Dennis Nash défend, certes, une bâtisse, un bien matériel mais également son ancrage dans un lieu marqué par des souvenirs, l’appartenance à un territoire.
La scène se passe à Orlando, en Floride avec ses maisons individuelles qui symbolisent le rêve américain , à proximité de Disneyworld.
Dennis Nash est-il réellement prêt à tout, même à « vendre son âme », pour récupérer son bien ? Suspense garanti …
A travers les péripéties de cette famille, le réalisateur livre une photographie sans concessions d’une société américaine implacable pour ses » losers ».
Pour Rick Carver, le « winner » par excellence, le fournisseur cupide du pernicieux » cash for keys « , les choses semblent être simples : il faut être un prédateur dominant plutôt qu’une proie pitoyable …
Ce film est instructif car il est une illustration significative des conséquences de la crise des subprimes.
Mais il nous touche également par le portrait subtil de ces deux hommes, Rick et Dennis, très différents qui vont partager un bout de chemin ensemble. Un pacte presque faustien lie les deux hommes.
Le chemin sera particulièrement périlleux pour Dennis qui, en plus d’une crise financière, est confronté à une crise morale très forte.
Ce film choc n’a pas laissé indifférent le Festival du cinéma américain de Deauville 2015 qui lui a attribué le Grand Prix.
On ne peut qu’être étonné que ce long métrage ne sorte pas en salles car « 99 homes » est un très bon film terrible, terriblement intéressant et vraiment émouvant.
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