Ne traînons pas la patte pour parler de « Traîne pas trop sous la pluie » au Théâtre de l’Atelier.
« Traîne pas trop sous la pluie » au Théâtre de l’Atelier ou une heure et demie avec Richard Bohringer.
Monsieur Bohringer, c’est une gueule de cinéma et une gouaille légendaire. Alors, quand il arrive sur la scène, on sait qu’on va passer un bon moment. Comme avec un pote de longue date.
D’ailleurs, tranquille, nature, il est sur les planches comme s’il était chez lui. D’ailleurs il le connaît, ce théâtre, il y était il y a quelques mois en compagnie de sa fille Romane pour J’avais un beau ballon rouge. Cette fois, le comédien ne se cache pas derrière un rôle. Il est lui. Vêtu simplement. Avec trois « accessoires » sur scène : de l’eau, un pupitre et une chaise. De sa voix éraillée unique, il interpelle le public, il improvise sur l’actualité, sur les bouteilles d’eau qu’il engloutit pendant le spectacle, sur une critique de son spectacle faite par un journal – qu’il ne cite pas mais c’est tout comme ! Je me garderai donc bien des superlatifs et des oxymores pour qualifier son spectacle.
Je me contenterai de dire que j’ai aimé cette partie-là du spectacle, celle où Richard Bohringer se confie à et avec pudeur, à demi-mots. Celle où il nous fait rire en nous contant avec tendresse ses mésaventures avec Roland Blanche. Il nous émeut en nous parlant de ses potes Villeret, Giraudeau,Philippe Léotard. Oui, j’ai aussi aimé ce moment où il nous parle de la maladie, de l’hôpital et son envie de vivre, en ajoutant« Si à vingt ans on veut mourir, à presque soixante-dix on veut rester. »
Et puis, il y a les textes. Poétiques. Un peu déglingués. Parfois délirants, toujours imagés… On aimera ou pas. Précisons que oui, Bohringer dit put*** ou parle de « merde » sur scène. Mais avec lui, ça passe. Il est plus syncope que syntaxe de toute façon.
Une tirade sur un boxeur africain, un compte-rendu de very bad trip à New York (ou comment la rencontre avec une prostituée noire et camée l’a rendu « humain »). Une missive de rupture amoureuse avec l’alcool… Des monologues qu’il maîtrise sur le bout des doigts. Même s’il plaisante en nous faisant croire qu’il les consulte au fur et à mesure. Même s’il nous avertit « Il faut choisir, au théâtre, il y a ceux qui connaissent leur texte par cœur. Et puis il y a moi ! »
Ça tombe bien, c’est justement lui qu’on est venu écouter. Lui qui aura sa standing ovation. Lui qui dit de sa voix cabossée ses mots …
L’écriture est la seule vérité. Être vertical. Jeter les germes de l’amer.
Trouver le son qui fera rebondir. L’inspiration court comme un nuage.
Vite et sans remords. Le désespoir d’écrire devient cristal.
Ecrire. Dieu païen, aide ton serviteur. Donne-moi l’oiseau bariolé.
Celui qui aide à souffler la page blanche.
Ma révolte.
Mon drapeau d’amour.
Je suis pas un gars de la syntaxe. Je suis de la syncope.
Du bouleversement ultime.
Je me fous du verbe et de son complément.
Faut pas faire le malin avec les mots. Faut les aimer.
Ça file du bonheur les mots. »
***
Traîne pas trop sous la pluie,
1 Place Charles Dullin, 75018 Paris.
Depuis le 8 mars 2016/ 30 REPRÉSENTATIONS EXCEPTIONNELLES
Du mardi au samedi à 19h00
Relâche le 17, 18 et 31 mars
Catégorie 1 : 37 €
Catégorie 2 : 29 €
Catégorie 3 : 17 €
Groupe : 24 €
Jeune : 10€ (Tarif jeune, moins de 26 ans, selon disponibilité, sur place à partir d’1 heure avant la représentation).