Après les éditions 2013 et 2014, le Prix des Lectrices est de retour en 2015 ! Cette année la sélection parle parfois de cinéma … On trouve aussi des romans déjà adaptés au cinéma ou qui le seront prochainement.
Edit : le Prix des Lectrices a été remis à la saga nordique « Le Livre de Dina » de Herbjørg Wassmo, tryptique proposé par Gwenaëlle, qui a plu « pour son style et le personnage extrêmement fort et sauvage de Dina ».
Je vous laisse découvrir la liste des ouvrages sélectionnés par le club de lectrices.
Pour une fois, je me suis mise à la bande dessinée…
Qu’est-ce que ça fait du bien de lire des œuvres variées ! Nous voici déjà en avril, dans une quinzaine de jours nous allons décerner notre prix, j’ai pratiquement fini la lecture de tous les livres de la sélection. Comme je ne pense pas que mon avis va changer sur la lecture que je suis en train de finir, je publie ce billet de bilan.
Et maintenant, place à la sélection 2015 et à mes avis sur chacune de ces 13 lectures.
(Présentation par ordre alphabétique d’auteurs)
1.Tout seul de Christophe Chabouté, bande dessinée proposée par Delphine
Roman graphique assez triste sur la solitude d’un Quasimodo moderne, sauf que c’est dans un phare qu’il a trouvé refuge… Et que la fin diffère totalement de « Notre Dame de Paris ». C’est une réflexion sur nos temps moderne, sur la communication, sur les mots. « Tout seul » n’est pas un coup de cœur mais je reconnais qu’il a du style. Prochaines BD à découvrir de cet auteur : les deux tomes de « Moby Dick » !
2.Les ignorants d’Etienne Davodeau, bande dessinée proposée par Sophie.
Je conseille ! Pour moi, c’est plus un roman graphique qu’une BD. Le récit est soigné, c’est un témoignage de l’auteur qui apprend à être vigneron et qui transmet sa passion pour la bande dessinée au vigneron qui le forme aux joies de la viticulture. L’appendice BU/Lu est très amusant. Un beau cadeau à faire également.
3.La vérité sur l’affaire Harry Quebert de Joël Dicker, roman proposé par Anelise
A New York, au printemps 2008, alors que l’Amérique bruisse des prémices de l’élection présidentielle, Marcus Goldman, jeune écrivain à succès, est dans la tourmente: il est incapable d’écrire le nouveau roman qu’il doit remettre à son éditeur d’ici quelques mois.
Le délai est près d’expirer quand soudain tout bascule pour lui: son ami et ancien professeur d’université, Harry Quebert, l’un des écrivains les plus respectés du pays, est rattrapé par son passé et se retrouve accusé d’avoir assassiné, en 1975, Nola Kellergan, une jeune fille de 15 ans, avec qui il aurait eu une liaison.
Convaincu de l’innocence de Harry, Marcus abandonne tout pour se rendre dans le New Hampshire et mener son enquête. Il est rapidement dépassé par les événements: l’enquête s’enfonce et il fait l’objet de menaces. Pour innocenter Harry et sauver sa carrière d’écrivain, il doit absolument répondre à trois questions: Qui a tué Nola Kellergan? Que s’est-il passé dans le New Hampshire à l’été 1975? Et comment écrit-on un roman à succès?
Un roman à intrigues multiples… Très hollywoodien à mon sens,notamment pour le côté thriller. D’ailleurs, le texte de ce jeune écrivain serait adapté en série télévisée. Le roman de Joel Dicker est aussi une réflexion sur la littérature, sur la justice… Les pages se tournent toutes seules, on pense savoir ce qui se passent, et puis en fait, non ! J’ai préféré ce texte à sa suite » Le Livre de Baltimore ».
Prix Goncourt des Lycées 2012
4.Mille femmes blanches de Jim Fergus, roman proposé par Sandy
Aussi titré « Les Carnets de May Dodd ». Il s’agit en effet d’un pseudo- journal nous contant une histoire vraie méconnue et romancée, à savoir le pacte conclu entre un chef Cheyenne et le président américain Grant, prévoyant l’échange de 1000 femmes blanches contre le nombre équivalent en chevaux… En lisant ce roman, j’ai pensé à « Danse avec les loups » à « Little Big Man », au « Dernier des Mohicans ». Et depuis que j’ai vu « the Revenant » des fragments du roman me sont revenus en mémoire.
Jim Fergus critique la politique américaine intrusive de l’époque, fait une déclaration d’amour aux femmes et à la culture amérindienne. Coup de cœur pour ce roman qui prône aussi la tolérance et la paix entre les cultures.
5.Freedom de Jonathan Franzen, roman proposé par Magali
« Patty a décidé une fois pour toutes d’être la femme idéale.
Mère parfaite, épouse aimante et dévouée, cette ex-basketteuse ayant un faible pour les bad boys a fait, en l’épousant, le bonheur de Walter Berglund, de St. Paul (Minnesota). A eux deux, ils forment le couple « bobo » par excellence. En devenant madame Berglund, Patty a renoncé à bien des choses, et d’abord à son amour de jeunesse, Richard Katz, un rocker dylanien qui se trouve être aussi le meilleur ami de Walter. »
Portrait d’une famille américaine avec ses failles, pendant 30 ans. Freedom, c’est l’histoire du père (Walter), la mère (Patty), de leurs deux enfants, Richard le meilleur ami de Walter … tous sont pleins de contradictions, de doutes et d’espoirs… Un roman intéressant avec un pseudo- journal de Patty, une desperate housewife pendant une grande partie du récit. Vaut le coup d’oeil. Franzen dynamite le couple, un peu comme « La fenêtre panoramique« , sauf que le récit est cette fois contemporain pour l’essentiel… Franzen nous parle d’illusions, de choix de vie etc. Je n’ai pas toujours été emballée par le style et la structure complexe et j’ai dû faire des pauses dans le récit- en plus la pagination est importante. Mais je suis contente d’avoir fini cette lecture qui nous fait entrer dans la tête des personnages.
6.Le manteau de Greta Garbo de Nelly Kapriélian, roman proposé par Violette.
« En décembre 2012, la garde-robe de l’icône la plus secrète de l?histoire du cinéma a été exposée durant trois jours, puis vendue aux enchères à Los Angeles. Huit cents pièces. Les vêtements d?une femme peuvent-ils raconter une vie, éclairer ses mystères ? Pourquoi Greta Garbo achetait-elle des centaines de robes alors qu’elle n’en portait aucune, ne se sentant bien que dans des tenues masculines ? S’habille-t-on pour se travestir et se mettre en scène dans un rôle rêvé ? Pour donner une image de soi acceptable ou démentir une place assignée ? Pour séduire ou pour déplaire ? Se fondre dans une société ou s’y opposer ? Quels désirs secrets et enfouis, quelles pulsions obscures et inavouables, fondent-ils notre goût, notre style ?Et moi-même, pourquoi avais-je acheté, lors de cette vente, le manteau rouge de Greta Garbo, alors qu’il n’était pas mon genre ? Ce qui devait être un essai s’est peu à peu mué en roman : les vêtements racontent ces fictions que sont nos identités, et donnent à lire les narrations, souvent mystérieuses, que sont nos vies. »
Instructif et original. Le mélange de genre entre autofiction, témoignage, biographie (de Greta Garbo), reportage et récit d’anticipation est assez surprenant. L’auteure (qui a acheté le manteau de Garbo) se met en scène, parle de ses relations amoureuses, de son enfance, de son ascendance, du génocide arménien, de ses relations au vêtement : on entre dans une dimension quasi psychothérapique. idem lorsqu’elle parle de Greta Garbo, analyse sa carrière cinématographique, son mystère, ses relations, la fascination qu’elle inspire (il suffit de voir « A la recherche de Garbo » de Sidney Lumet). On en apprend aussi beaucoup sur d’autres artistes, notamment Daphné du Maurier. Nelly Kapriélan a créé un OVNI littéraire qui ne m’a pas laissé indifférente.
7.Long week-end de Joyce Maynard, roman proposé par Anne-Pauline
« Cette année 1987, une chaleur caniculaire s’abat sur la côte Est pendant le long week-end de Labor Day.
Henry a treize ans, vit avec sa mère, ne supporte pas la nouvelle épouse de son père, aimerait s’améliorer au base-ball et commence à être obsédé par les filles.
Jusque-là, rien que de très ordinaire, sauf que sa mère, elle, ne l’est pas. Encore jeune et jolie, Adèle vit pratiquement retirée du monde et ne sort qu’en de rares circonstances. La rentrée des classes qui approche la contraint à conduire son fils acheter vêtements et fournitures au centre commercial.
Et là, planté devant le présentoir des magazines où il essaye de feuilleter Playboy, Henry se heurte à Frank, ou plutôt Frank s’impose à Henry: Frank, un taulard évadé, condamné pour meurtre…
Pendant quatre jours, le trio va vivre un surprenant huis-clos, chacun se révélant un peu plus au fil des heures. Et, vingt ans plus tard, avec émotion et humour, Henry révélera les secrets de ce long week-end qui lui a appris à grandir… »
Ce roman a été adapté au cinéma par Jason Reitman ; vous pouvez retrouver sur le blog mon avis sur le film « Labor Day » (renommé en français « Last Days of Summer ») avec Kate Winslet dans le rôle d’Adèle.
C’est un roman sensible et touchant. Le lecteur s’identifiera peut-être au narrateur, Henry, jeune garçon qui fait son apprentissage de la vie, sans père… il y a sa mère dépressive , femme meurtrie dans sa chair, et quittée pour une autre, plus jeune et plus joyeuse, par son mari.
Il y a aussi le très beau personnage de Franck. Ce prisonnier innocent redonnera le goût de vivre à Adèle et jouera le rôle de père de substitution auprès du jeune Henry, marquant le temps d’un long week-end leur vie à tous les trois. Même si j’ai vu le film avant de lire le roman (les deux histoires sont très proche, Reitman a voulu être fidèle au roman) , j’ai beaucoup apprécié la lecture de ce roman.
8.Petits oiseaux de Yôko Ogawa, roman proposé par Marjolaine
Seul roman asiatique de la sélection, « Petits oiseaux » nous raconte l’histoire de deux frères une délicatesse et poésie … Les deux frères se retrouvent, pour une raison ou une autre, un peu en marge de la société nippone. Tout au long de leur vie, ils vont se tenir compagnie … tout comme les petits oiseaux dont l’un des frères comprend le langage secret.Les personnages sont attachants et l’écriture est très simple. Le titre est également très bien trouvé. Je n’ai pas été spécialement émue, même si j’ai passé un beau moment de lecture.
9.Le chardonneret de Donna Tartt, ma proposition de lecture ! C’est le PAVE de la sélection.
Je crois que ce roman ne laisse personne indifférent et que c’est intéressant d’en débattre dans un groupe de lecture. Il aborde tellement de thèmes que c’est impossible de les citer. Le seul bémol : la fin est un peu faible vu la densité de l’ensemble.
Les droits du roman ont été acquis par la Warner en 2014. Je vois mal comment on pourra en tirer un film, ou alors en plusieurs parties… Une série télévisée serait plutôt une bonne idée, en revanche.
10.Le problème Spinoza d’Irvin Yalom, roman proposé par Hermine
« Le 10 mai 1940, les troupes nazies d’Hitler envahissent les Pays-Bas. Dès février 1941, à la tête du corps expéditionnaire chargé du pillage, le Reichsleiter Rosenberg se rue à Amsterdam et confisque la bibliothèque de Spinoza conservée dans la maison de Rijnsburg.
Quelle fascination Spinoza peut-il exercer, trois siècles plus tard, sur l’idéologue nazi Rosenberg ? L’œuvre du philosophe juif met-elle en péril ses convictions antisémites ? Qui était donc cet homme excommunié en 1656 par la communauté juive d’Amsterdam et banni de sa propre famille ? »
C’est une belle analyse de notre société à travers deux époques révolues … Le roman alterne l’histoire de Bento Spinoza avec celle de Rosenberg, chapitre par chapitre, et cela est parfois assez frustrant, même si l’auteur crée des liens entre ces deux personnages dont il romance la vie. Cela a cependant un peu cassé mon rythme de lecture, et j’ai donc souffert d’un certain découragement : quand je rentrais dans un chapitre, je devais me résoudre à l’idée que je passerai à l’autre héros du roman. Enfin, comme d’autres romans de la sélection, il est parfois difficile de savoir ce qui est romancé de ce qui fait partie de l’Histoire.
11. Le livre de Dina de Herjørg Wassmo, roman proposé par Gwenaëlle
« La saga en trois volets du Livre de Dina s’ouvre sur Les Limons vides – suivi de Les vivants aussi et Mon bien-aimé est à moi –, un tableau brossé au vitriol : le destin tragique de Dina. Dina, femme-enfant, enfant sauvage, mi-femme, mi-démon, créature imprévisible et insatiable qui aura fait de sa vie un conte cruel. La mort accidentelle de sa mère, en livrant l’enfant à elle-même et aux plus noirs versants de sa personnalité, va précipiter Dina et avec elle tout son entourage dans un tourbillon de désolation. Ce premier épisode qui retrace l’enfance de Dina, dépeint la lente transformation de cette Ève maudite en un être diabolique qui ne refrène aucun désir, aucune impulsion aussi violente soit-elle. Avec la force qu’ont les récits légendaires, l’auteur, sans complaisance ni compassion pour son héroïne, expose d’une écriture sûre et incisive les raisons impérieuses qui ont poussé Dina au meurtre de son mari. Les damnés de la terre ont élu domicile au-delà du cercle polaire, là où la glace et la neige ont pris possession de tout. » (Lenaïc Gravis & Jocelyn Blériot)
J’ai lu d’une traite les 3 tomes de cette saga norvégienne. C’est un portrait de femme difficilement aimable mais assez fascinante… Tout comme son entourage.
J’ai bien aimé le style assez complexe ( chapeau à la traductrice !). Le résultat est très original. Et la fin de cette trilogie nordique m’a semblé être très étonnante… Un film, Dina (I Am Dina, 2002), en a été tiré avec Gérard Depardieu, Maria Bonnevie et Pernilla August dans les rôles principaux.
12. Évariste, de François-Henri Désérable, roman proposé par Caroline
Biographie romancée d’Évariste Galois ( –
Construction intéressante. Le narrateur, François-Henri Désérable, s’adresse à une inconnue (on ne découvrira qui elle est qu’à la fin de son récit. François-Henri Désérable nous conte la vie d’Evariste avec talent, parfois crûment , parfois poétiquement… Leçon d’histoire et hommage à un génie des maths, mort à 20 ans, en duel, et témoin d’une époque disparue.
Prix des Lecteurs de L’Express/BFM TV, le Prix de la biographie, le Grand Prix de l’Histoire de Paris et le Prix du Jeune Romancier.
13.Magnus, de Sylvie Germain, roman proposé par Emilie
Un homme en souffrance, en recherche de son identité. Si l’histoire est intéressante, j’ai vraiment du mal avec le style de Sylvie Germain, elle intercale des notules et autres fragments de texte entre son récit principal … Parfois, ça marche, parfois ça ne marche pas ( enfin, pour moi).
Le club avait déjà proposé de lire « Le Livre des Nuits » du même auteur, que j’avais trouvé proche de Jean Giono mais en plus mystique.
Prix Goncourt des Lycées 2005.