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[Théâtre] Et pendant ce temps Simone veille !

Michèle a eu l’occasion de voir le spectacle »Et pendant ce temps Simone veille« . Voici son avis.

 

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Le féminisme peut-il être drôle ? C’est tout l’enjeu du spectacle.
Suite à l’affaire Strauss Kahn en 2011, Trinidad a eu l’idée de revisiter l’histoire de la condition féminine en France des années 50 à nos jours, à travers trois lignées de femmes, celles de Marcelle, France et Giovanna. L’ouvrière, la bourgeoise, et la troisième issue de la classe moyenne qui semble s’être échappée d’un film de Jacques Tati.
Ces trois femmes au destin différent ont toutefois un point commun, elles ont travaillé pendant la guerre et ont gardé la nostalgie d’une indépendance « éphémère « devenue après le retour des hommes : « effet mère « .
Car dans leur quotidien des années 50 elles sont cantonnées dans leur rôle de femme au foyer avec pour seule consolation l’arrivée de l’électroménager.
Sauront -elles transmettre à leur descendance ce goût de liberté ?
Quatre générations de femmes se succèdent dans ce voyage qui s’étend de la lutte pour l’avortement à la procréation assistée.
 Au travers de scènes de la vie quotidienne, ces douze femmes nous entraînent dans leur intimité et leur touchante imperfection.
Ce voyage dans le temps est ponctué par les interventions d’une Simone qui veille, pour nous rappeler les dates importantes qui ont jalonné cette évolution qui s’est faite à force de combats, de désirs, de doutes et surtout dans la quête d’une égalité hommes / femmes.
Aucune revendication, juste un constat et une question : sommes-nous enfin capables d’avancer ensemble ?
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Avis :
Je suis sortie de ce spectacle radieusement « simonée ».
Difficile de trouver un cours sur l’évolution de la femme, du milieu du 20 ème siècle au début du 21 ème siècle, plus jubilatoire.
Cette comédie chantée débordante de fantaisie est un remède anti-déprime efficace et sans danger, à prescrire sans hésitation.
Et pourtant, sous un aspect très léger, l’essentiel est dit et remarquablement dit avec humour et réalisme.
Cette pièce est un travail de mémoire, certes synthétique, mais tellement enthousiasmant qu’elle devrait être inscrite au programme de l’Education Nationale !
La mise en scène assurée par Gil Galliot est très dynamique et n’incite pas à l’assoupissement.
Les textes de chansons célèbres revisités par Trinidad n’inspirent pas la mélancolie.
Les costumes signés Sarah Colas sont très bien étudiés.
Et puis surtout le jeu de ces quatre « nanas » est formidable.
Nul besoin de décor sophistiqué pour que ces quatre femmes nous fassent voyager sur quatre générations.
Leurs attitudes, leurs expressions (et pour être expressives, elles le sont !) leurs tenues suffisent à nous transporter dans des époques différentes.
Ce voyage sera particulièrement émouvant pour celles qui ont connu les périodes citées ou participé de près ou de loin aux luttes féministes.
Un bel hommage est rendu à toutes ces femmes, la plupart inconnues, et bien sûr à celle qui a inspiré le titre de la pièce, Simone Veil.
Fabienne Chaudat, qui joue la maîtresse de cérémonie, l’animatrice , la conteuse est irrésistible de drôlerie et de vitalité.
Trinidad, qui est à l’origine du projet, incarne à merveille Marcelle, qui dans les années 50 n’arrêtait pas d’être engrossée par son mari et qui devient dans les années 2000 une femme chef d’entreprise très libérée.
Serena Reinaldi est une italienne très coquette qui, il y a 60 ans, était une illustration de « Moulinex  libère la femme  » et qui  rêve aujourd’hui de silicone pour sa poitrine qu’elle juge trop menue.
 Ce qui suscite une réplique implacable :  » Ça sert à quoi d’avoir des origines italiennes si c’est pour avoir une poitrine de chanteuse anglaise ? « 
Quant à la chic et un peu coincée France, ce fut Anne Barbier ( en alternance avec Agnès Bove ), ce soir- là qui l’incarna avec classe et brio.
Ce que j’ai trouvé particulièrement intéressant, c’est la description futée de l’évolution de ces femmes.
La féministe révoltée des années 50 n’a pas forcément transmis sa fougue à sa descendance.Et la femme soumise est devenue une entrepreneuse très indépendante.
Comme quoi, il n’y a pas de fatalité.
Cette pièce très féminine mérite un beau coup de chapeau.
Merci Mesdames pour ce divertissement jouissif et intelligent.

 extrait et pendant ce temps simone veille

Une pièce de Corinne Berron – Hélène Serres -Vanina Sicurani – Bonbon et Trinidad

Studio Hébertot

du 26 avril au 26 juin 2016

du mardi au samedi à 21 h, le dimanche à 15 h.

Durée : 1h20

Chansons: Trinidad / Mise en scène: Gil Galliot / Interprètes: Agnes Bove en alternance avec Anne Barbier – Fabienne Chaudat -Trinidad Garcia – Serena Reinaldi /

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