Présenté en compétition au 69e Festival de Cannes et sorti simultanément dans les salles de France et de Navarre, Ma Loute de Bruno Dumont a suscité les passions. Certains spectateurs ont quitté la salle, d’autres ont loué la mise en scène et voyaient le travail de Bruno Dumont couronné d’une Palme d’Or.
Voici le synopsis :
Eté 1910, Baie de la Slack dans le Nord de la France. De mystérieuses disparitions mettent en émoi la région. L’improbable inspecteur Machin et son sagace Malfoy (mal)mènent l’enquête. Ils se retrouvent bien malgré eux, au cœur d’une étrange et dévorante histoire d’amour entre Ma Loute, fils aîné d’une famille de pêcheurs aux mœurs bien particulières et Billie de la famille Van Peteghem, riches bourgeois lillois décadents.
(via Allociné)
AVIS
Le film de Bruno Dumont ne peut laisser indifférent, au vu des thèmes abordés ( cannibalisme, travestissement, inceste…) et du traitement farfelu et humoristique de l’histoire par le réalisateur et les acteurs…
Bruno Dumont a récemment tourné pour la télévision P’tit Quinquin.
Pour Ma Loute, il continue sur sa lancée « comique » avec une enquête sur des disparitions mystérieuses (mystère vite éventé pour le spectateur, mais pas pour les inspecteurs !)
J’ai rarement vu une oeuvre aussi WTF ( what the f*ck), aussi foutraque… on gamberge : est-ce du lard ou du cochon que nous montre Dumont ? Est-ce que le jeu outré des acteurs est voulu ?
Une fois embarqué avec les excentriques personnages, on entre dans une drôle de galère ou plutôt un ascenseur émotionnel… On trouve le film bon, puis mauvais, les acteurs superbes puis hystériques ou faux, on rit, puis on est horrifié… Drôle de mélange qui met nos nerfs à rude épreuve, à moins que l’on ne décide de sortir de l’histoire et de décrocher.
Pour citer Fabrice Luchini : « C’est au-delà du bon ou du mauvais »… Les acteurs sont partis de l’idée que le ridicule ne tuait pas. Ils ont parfois des répliques étonnantes, parfois on ne comprend pas ce qu’ils disent, parfois ils font des mines pas possibles ou se cassent la figure, juste comme ça. En même temps, je me souviendrai longtemps de leur performance. Bruno Dumont ne fait du cinéma aimable, et il aime faire dans le cliché et grossir le trait, peu importe la classe sociale de ses personnages (il tape sur toutes les classes sociales !)
Bruno Dumont a recruté des acteurs connus et reconnus comme Fabrice Luchini, Juliette Binoche, Valeria Bruni Tedeschi et Jean-Luc Vincent. La seule chose que je puisse dire sur leur jeu, c’est que je ne les avait jamais vus jouer comme ça.
Bruno Dumon a aussi confié des rôles plutôt casse-gueules à des inconnus comme le/la fantastique Raph (cette jeune personne ayant choisi d’être créditée d’un prénom épicène), et le taiseux et naturel Brandon Lavieville dans le rôle du jeune homme Ma Loute. Le duo d’enquêteurs pas doués (Didier Despres et Cyril Rigaux) n’est pas mal trouvé non plus… Ces deux interprètes composent un couple entre Laurel et Hardy et les inspecteurs Dupont et Dupond de Tintin.
J’ai trouvé que le réalisateur et son équipe étaient très doué pour reconstituer une époque : les costumes et décors sont très réalisés. Et la photographie sublime la Côte d’Opale. Les plans sont très composés, à la limite du pictural. Ce qui détonne d’autant plus avec la folie du scénario. Il y a aussi un côté bande dessinée ou film d’animation.
« Ma Loute » est une fable loufoque, excentrique, excessive, grotesque… Un film, fou, étrange, et extravagant qui nous sort de notre zone de confort. Il est d’ailleurs un peu difficile à suivre : il faut s’accrocher car on est facilement désarçonné… On se croirait au carnaval avec une pointe de grand guignol. Une expérience de cinéma, pour sûr ! Dernière chose : j’ai trouvé la première heure plus réussie que le reste.
Je vous recommande de regarder la conférence de presse cannoise (un grand moment avec Lucchini à 14 minutes) et la bande annonce, deux vidéos qui vous mettront bien dans l’ambiance de « Ma Loute ».
Bande Annonce :
MA LOUTE
Film présenté en Compétition au Festival de Cannes 2016