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[DVD] Ocean Heaven avec Jet Li

Il y a beaucoup des bons films à voir en ce moment au cinéma, par conséquent la rubrique vidéo du site est moins étoffée.

Je voulais tout de même revenir sur « Ocean Heaven » ou Océan Paradis ou Hǎiyáng Tiāntáng  海洋天堂; , un film chinois écrit et réalisé par Xue Xiaolu (薛晓璐) avec Jet Li (李连杰) dans le rôle d’un père malade qui s’occupe seul de son fils autiste. Même s’il ne fait pas partie des grands films à voir absolument, cette œuvre vaut mieux que le pitch que je viens de vous livrer et mérite qu’on s’y attarde.

SYNOPSIS

Wang Xincheng travaille avec dévouement dans un parc d’attraction aquatique, et élève seul son fils Dafu. Agé de 21 ans, Dafu est autiste : il ne peut se débrouiller seul dans le monde extérieur. En revanche, c’est un excellent nageur, et il rejoint souvent son père au travail, pour nager dans les immenses aquariums à côté des dauphins et des tortues. Lorsque Wang apprend qu’il est atteint d’un cancer en phase terminale, il va tout faire pour apprendre à son fils à s’intégrer à la société et à survivre seul…

Avis : Ocean Heaven « Je m’en irais dormir dans le paradis océan… »

Pourquoi un film de 2010 a mis six longues années pour venir jusqu’à nous, c’est un mystère… Toujours est-il que cet « Ocean heaven » ou « Océan paradis » est une bonne surprise.

Ce qui m’intéressait dans le film, c’était surtout la possibilité de revoir Jet Li, et cette fois dans un rôle dramatique. L’occasion de découvrir son jeu de comédien sans artifice et sans arts martiaux. Et bien l’acteur passe ce test haut la main : son jeu est sobre, jamais outré, il n’en fait pas trop – bref il est crédible en père courage.
Son personnage, Wang est touchant que ce soit dans ses interactions avec Dafu (Wen Zhang, 文章, convaincant également) , ou avec la voisine amoureuse de lui (Zhu Yuanyuan,朱媛媛, nommée pour sa fine performance au Prix des Cent Fleurs) –  ou encore lorsqu’il confie les raisons de la disparition de sa femme…
Il ne fait aucun doute que l’acteur a été très touché par le sujet du film et le rôle de Wang, et d’ailleurs il faut souligner que Jet Li n’a perçu aucun cachet pour sa participation au film. Ce jeune veuf d’abord désespéré après l’annonce de sa maladie (la première scène, terrible !) va tout mettre en œuvre pour assurer l’avenir de son fils.

Le scénario a beau cumuler les points lacrymaux,  on est véritablement touché, notamment par la pudeur du film. Lorsque l’on sait que la réalisatrice est bénévole depuis une quinzaine d’année pour l’association « Beijing Stars and Rain« , une organisation de soutien aux enfants autistes, on ne peut douter de sa bonne foi et de son envie de sensibiliser le public au sujet.

Autre bonne surprise : la photographie, en particulier les scènes se déroulant dans l’eau… Lorsque j’ai réalisé que c’était Christopher Doyle qui s’en était chargé, tout s’est éclairé. Cet artiste a signé la photographie de nombreux Wong Kar Wai ( dont les sublimes « In the Mood for Love » et « Chunking Express ») , de  Stanley Kwan , James Ivory (The White Countess entre autres), Claire Devers, Gus Van Sant, Philip Noyce et j’en passe …  La prochaine œuvre où l’on pourra voir ses talents de directeur de la photographie ce sera dans le nouveau Jodorowski : « Poesía sin fin ». Poétique, ce film l’est par moments, et c’est en partie grâce à lui.

Cette impression de beauté est renforcée par la musique signée – accrochez-vous bien- par le grand compositeur Joe Hisaishi (久石 譲, Hisaishi Jō) . C’est le compositeur des studios Ghibli, et la BO de l’été de Kikujiro, c’est de lui… Vous voyez un peu le niveau !

Ocean Heaven
Ocean Heaven – Jet Li (Photo credit: Wikipedia)

Je ne sais pas pourquoi, car ce n’est pas un film d’animation mais j’ai pensé à deux films d’animation. « Le Monde de Nemo » (Finding Nemo), car Nemo, fils unique, orphelin de mère, et handicapé par une petite nageoire, est surprotégé par son père Marin qui le pense différent et incapable de s’intégrer dans le monde dangereux de l’océan… Et on peut aussi voir un point commun avec la Tortue Rouge, lorsque Jet Li explique à son fils qu’il va se réincarner en tortue et le suivre pour toujours et s’affuble d’un costume ad hoc…  Et puis pour l’idée que l’on doit accepter son sort, accepter de mourir et laisser ses enfants.
Dans « Ocean Heaven, la scène de déguisement en tortue aurait pu toucher au grotesque et se révèle en fait très émouvante.

Tout comme le moment où le directeur du centre aquatique complimente Wang sur le fait que Dafu nage comme un poisson, et que ce dernier réplique que Dafu était un poisson dans une autre vie, et que dans celle-ci il est autiste… La croyance en la métempsycose fournissant une explication poétique au handicap de Dafu (dont le prénom signifie grand bonheur.)

Dans « Ocean Heaven », le thème du handicap est  très développé, plus que celui de la maladie du père, mais la relation père-fils demeure le pilier du film.

Parfois le film s’avère être un peu trop mélo par moment dans son traitement (je pense à la combinaison ralentis et musique triste vers la fin…) Mais ça marche : on pleure à chaudes larmes.

En ce qui concerne l’autisme, le film n’a pas une vocation pédagogique et ne cherche pas à se substituer aux documentaires et écrits sur le sujet.
En revanche, il tire la sonnette d’alarme : comment aider au mieux les jeunes atteints de troubles autistiques ? Comment soutenir leurs parents ?  Quelle place leur donner dans la société ? Des questions déjà soulevées par quelques fictions comme « Rain Man » ou encore « Un enfant attend » de Cassavetes, mais qui restent hélas d’actualité…

Fiche du film OCEAN HEAVEN (Hǎiyáng Tiāntáng)

RÉALISATION:Xiao Lu Xue
Durée :
1h 36min
Casting du film Ocean Heaven  :
Jet Li
Zhang Wen
Lun Mei Gwei

Merci à Cinétrafic

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