Projeté en avant-première dans le cadre de la 42e Edition du Festival du Cinéma Américain de Deauville, MILES AHEAD de Don Cheadle sera diffusé en exclusivité le mardi 1er novembre à 20h40 sur OCS City. So what ? me direz-vous. Et bien, voici mon avis sur le film !
Don Cheadle a choisi de nous raconter un Miles Davis à bout de souffle, à un tournant difficile de sa carrière : l’artiste s’était en effet éclipsé du monde de la musique. Victime du vol d’un de ses enregistrements « top secret », le célébre trompettiste tente de le récupérer et se fait aider par un journaliste de Rolling Stones. Nous assistons aussi à des flash-backs sur la carrière de Miles Davis et sur son mariage avec Frances Taylor.
On ne peut pas vraiment considérer le film comme un biopic, Don Cheadle a en effet construit l’intrigue à partir de quelques événements de la vie de Miles Davis, passant sous silence son enfance, son apprentissage de la musique, ses amours précédentes comme avec sa première femme ou la chanteuse Juliette Greco en France, formant ainsi un couple mixte intégré dans l’Hexagone, mais rejeté aux USA.
Don Cheadle a pris des libertés avec l’Histoire en inventant le personnage de Dave Braden (interprété par Ewan McGregor, sympathique en journaleux pourtant peu scrupuleux)… Pour la petite histoire, Dave Braden est en fait un mélange de plusieurs journalistes ayant connu Miles Davis.
On pourra lui reprocher ce parti pris mais ce choix permet à Don Cheadle de nous montrer la personnalité de Miles Davis, sa dépendances à diverses substances, ses pulsions autodestructrices et ses extravagances, donc on lui pardonne bien volontiers !
La relation entre Miles et le journaliste est de plus intéressante, mélange de méfiance et d’amitié.
Le scénario insiste aussi sur son histoire d’amour et ses déboires avec sa seconde femme Frances Taylor. Une histoire qui tournera mal hélas car Miles était d’un tempérament jaloux , paranoïaque voire violent. Ces scènes de la vie conjugales sont illustrées de manière plutôt classique : rencontre, mariage, différends, crise… On connaît la chanson.
Mais Don Cheadle ne se contente pas d’illustrer un scénario. Tout d’abord il incarne avec un troublant mimétisme Miles Davies… L’acteur a travaillé son look, sa voix, le maniement de la trompette. Le résultat est bluffant !
Ensuite, il s’autorise un « boeuf » pour le final du film, un concert où la fiction et la réalité s’emmêlent.
Même si je n’ai pas été entièrement convaincue par les choix de mise en scène et certains points de l’histoire, force est de constater que « Miles Ahead » est un bien bel hommage à Miles Davis, grand artiste du jazz disparu il y a 25 ans. Un hommage toutefois nuancé car le réalisateur nous montre le caractère ombrageux et les failles de l’homme derrière le mythe.
Le travail de réalisateur de Don Cheadle a été récompensé au Festival international du film de Palm Springs de 2016 dans la catégorie « Directors to Watch ». Effectivement Cheadle porte un certain regard sur Miles Davis et sur la condition d’artiste en général. Et, cela paraît naturel mais ce n’est pas si évident, il laisse la part belle à la musique de Davis. Miles Davis qui avait d’ailleurs signé la bande origine du film de Louis Malle « Ascenseur pour l’échafaud », contribuant au succès du film…
« Miles Ahead », c‘est un film plutôt original et impliqué qui semble sincère au milieu d’une armée de biopics « opportunistes ». Il se démarque, malgré ses points faibles. Donc si vous aimez le jazz, branchez-vous sur OCS le 1er novembre.
MILES AHEAD de DON CHEADLE avec Don Cheadle, Ewan McGregor
USA
1h40
En couleurs
En anglais sous-titré en français
Infos plus (in CP )
» Pour arriver à tourner son film, en 2014, Don Cheadle a fait appel à la générosité de ses fans par le biais du site de financement participatif Indiegogo : « C’est un film complètement indépendant. J’ai moi-même investi beaucoup d’argent dans ce projet. Ça coûte cher de faire un flm historique qui paraisse authentique. Et les droits musicaux ont aussi un prix. Mais d’un autre côté, faire participer des anonymes, des fans de Miles Davis au budget, c’est un excellent moyen de transformer ce flm en événement. La musique de Miles parlait à tout le monde, et on veut rendre ça à l’écran. Le crowdfunding participe d’une certaine manière à cet aspect « social » », explique Don Cheadle. »