« Le Client » a été doublement récompensé au festival de Cannes 2016. Il a également été présenté au TIFF… Asghar Farhadi retourne en Iran pour un drame doublé d’un thriller. Verdict.
Synopsis
« A Téhéran, un couple d’acteurs, Emad et Rana doit déménager, leur immeuble menaçant de s’effondrer. La femme, Rana, se fait agresser dans leur nouveau domicile. Et son mari cherche le coupable qui n’est peut-être pas celui qu’il croit. »
AVIS
Cela commence très fort : on se croirait limite dans un film d’action. Asghar Farhadi nous montre un immeuble qui se fissure et son évacuation dans la panique… Une scène d’introduction très maîtrisée et réussie. Puis vient l’installation du couple de héros, Emad (Shahab Hosseini) et Rana (Taraneh Alidoosti),dans une nouvelle demeure et routine, routine interrompue par l’agression dont on ne voit rien. Emad mène alors l’enquête pour sa femme dans les rues de Téhéran. Rana, elle, semble vouloir oublier l’incident : elle ne souhaite pas porter plainte, et ne veut pas que son mari s’attaque au coupable… Ce désaccord commence à fissurer l’union du duo…
Si on veut connaître le responsable de l’agression tout comme Emad, on est aussi surpris que lui par son identité une fois le pot aux roses dévoilé… Mais une fois le coupable retrouvé, que faire ? Lui pardonner, le dénoncer à la police et à sa famille ? Se faire justice soi -même ?
On retrouve la patte de Farhadi dans la mise en scène, et sa direction d’acteurs tout en subtilité. Le prix du meilleur acteur pour Shahab Hosseini est d’ailleurs compréhensible. L’acteur est presque de tous les plans et porte le film sur ses épaules. L’interpère de Rana est très bien également, mais son rôle est finalement plus en retrait, c’est pourtant elle la victime…
En revanche le prix du meilleur scénario me paraît de trop. En effet, cette histoire d’enquête, de revanche et de pardon est des plus classiques à mon sens, que ce soit dans son déroulement ou son dénouement ouvert.
En lisant le dossier de presse, on apprend que le film aurait pu se passer en Espagne, et il est vrai que Fahradi ne fait que peu d’illusions au fait que le film se passe en Iran. A peine est -il fait mention du comité de la censure pour une pièce de théâtre (Les protagonistes travaillent dans le domaine de la culture.)
On voit Téhéran comme une grande ville en pleine expansion, avec des quartiers vétustes, et ler este de l’action est en huis clos, cela aurait pu être aussi être tourné ailleurs.
Le réalisateur crée aussi un parallèle entre la pièce de théâtre (« Mort d’un commis voyageur », d’Arhur Miller) dans laquelle Emad et Rana jouent et leur vie de couple. C’est malin mais là encore, je ne suis pas totalement convaincue par cet artifice.
Farhadi reste dans sa zone de confort, il explore à nouveau la complexité des sentiments humains. Et il y parvient très bien, même si certains moments sont un peu démonstratifs.
Pour pinailler encore, on trouvera quelques longueurs au film, quelques zones d’ombres, et quelques scènes de vie quotidienne banales … certainement pour mieux créer une atmosphère.
J’ai beau être cliente du cinéma du réalisateur, j’ai été moins émue que pour « Une séparation » ou pour son dernier film, « Le Passé« .
J’ai vu la bande annonce au cinéma lundi, ça m’a beaucoup intrigué.