Baccalauréat est le nouveau film de Cristian Mungiu, réalisateur récompensé par la Palme d’or en 2007 pour 4 mois, 3 semaines, 2 jours. Son Prix de la Mise en scène obtenu à Cannes cette année est-il justifié ? Ce film mérite – t-il les félicitations du jury ou juste la mention passable ?
AVIS sur Baccalauréat.
Rassurez-vous, je ne vais pas écrire de longue dissertation pour analyser ce « Baccalauréat ».
Certes, il y aurait matière à décortiquer certains plans.
Ainsi, on pourrait dire que la vitre brisée est le symbole de la rupture du cocon familial. On pourrait voir dans l’analyse des caméras de vidéosurveillance le prisme d’une réalité déformée – et j’en passe.
« Baccalauréat » peut se vivre au premier degré, en suivant au jour le jour le personnage principal, et c’est l’état d’esprit dans lequel j’ai découvert le film.
« Baccalauréat« , c’est l’histoire de Romeo, médecin en Roumanie qui est prêt à tout pour que sa fille unique, Eliza, parte étudier à l’étranger… Mais avant de quitter sa famille, Eliza doit obtenir un précieux sésame : son bac.
Une formalité pour cette bonne élève, sauf qu’elle se fait violemment agresser juste avant de passer son examen. Romeo va alors mener l’enquête et tout tenter pour aider sa fille – quitte à tout perdre et à renoncer à ses principes. Alors Eliza décrochera -t – elle son diplôme ? Et si oui, comment ?
Avec ce triste portrait de la Roumanie et plus largement de la société occidentale, Cristian Mungiu a en tout cas décroché le Prix de la mise en scène cette année à Cannes, aidé par des acteurs doués comme Adrian Titieni.
C’est l’acteur principal du Client qui a décroché le prix du meilleur acteur à Cannes cette année, mais Titieni aurait pu être récompensé également.
D’ailleurs, étonnamment, les dilemmes moraux des deux personnages se ressemblent. Chez Farhadi, c’est la femme du héros qui se fait agresser. Chez Mungiu, c’est sa fille. Et dans les deux cas, ce sont des hommes qui mènent leur enquête, cherchent la vengeance, quitte à renoncer à leurs principes moraux…
On ressent une grande mélancolie en regardant « Baccalauréat« .
Tout juste verra – t-on (peut-être) une note d’espoir à la toute fin.
Le film souffre de quelques longueurs. Aparté : d’où vient cette mode de ces plans où on voit les gens se faire à manger en silence ou marcher de dos dans la rue ?
Cette impression de longueur peut aussi venir des silences dans le film, des zones d’ombres du scénario … En ce qui concerne l’histoire, on a en revanche quelques surprises qui relancent l’attention.
Malgré ces bémols, le film est fort, et devrait intéresser les amateurs de drames psychologiques grâce à une réflexion subtile sur la parentalité et la moralité. Des sujets universels.
Il n’est pas surprenant que ce film se soit retrouvé au festival de Cannes et dans d’autres festivals comme Arras. En effet, « Baccalauréat » porte un certain regard sur notre société, et son réalisateur a développé un certain style, tout comme Asghar Farhadi ou d’autres cinéastes primés à Cannes.
Mungiu fait preuve d’une belle maîtrise et nous livre un film fort avec ce « Baccalauréat ». Voilà un réalisateur qui ne se repose pas sur ses lauriers, ni sur sa Palme d’Or.
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Baccalauréat
Date de sortie : 7 décembre 2016 (2h 08min)
De Cristian Mungiu
Avec Adrian Titieni, Maria Drăguș, Lia Bugnar
Distributeur : Le Pacte
Prix de la mise en scène Cannes 2016 ex aequo avec Olivier Assayas pour « Personal Shopper«
DVD sorti le 12 avril 2017 (WARNER).
Baccalauréat Bande-annonce VO (lien Allociné)
Bon, je ne le mets pas sur ma liste de films à voir en priorité ! 🙂
Disons qu’il faut avoir le moral, même si la relation père/fille et la description de la Roumanie sont très intéressantes.
Mouais, donc ça attendra ! 🙂
Je confirme, j’ai été le voir ce week-end et ce n’est pas « joyeux-joyeux » (enfin ça l’est plus que « 4 mois, 3 semaines, 2 jours »).
Mais il faut reconnaître qu’il y a quelque chose dans le cinéma de Cristian Mungiu.