Super Mario, Angry birds, Resident Evil, Warcraft, Tomb Raider… Les adaptations de jeux vidéo sont légions à Hollywood. Ce 21 décembre, l’adaptation très attendue de la franchise Assassin’s Creed créée par Ubisoft ( 17 jeux, des livres et autres produits dérivés…) débarque au cinéma. Une fausse bonne idée ?
Pour donner vie à cette histoire de voyages dans le passé et de sociétés secrètes, le trio de « Macbeth » : Justin Kurzel, Michael Fassbender et Marion Cotillard.
Synopsis
Grâce à une technologie révolutionnaire qui libère la mémoire génétique, Callum Lynch revit les aventures de son ancêtre Aguilar, dans l’Espagne du XVe siècle. Alors que Callum découvre qu’il est issu d’une mystérieuse société secrète, les Assassins, il va assimiler les compétences dont il aura besoin pour affronter, dans le temps présent, une autre redoutable organisation : l’Ordre des Templiers.
Avis : ASSASSIN’S CREED – rien n’est vrai, tout est permis ?
Réussir ou ne pas réussir son adaptation, telle est la question.
Commençons par le positif : l’adaptation graphique est globalement réussie – si on se place du point de vue des costumes et des accessoires ( ah : l’Animus, la pomme d’Eden, les lames rétractables…), et si on aime les filtres, et le clair obscur… Même si au tout début on a un peu peur, on s’habitue vite à l’atmosphère visuelle du film.
Cependant, le plus important dans une adaptation, et ce qui pêche vraiment ici c’est le scénario. Le jeu est une quête interactive, alors qu’un spectateur est par essence passif.
Pour éviter l’écueil de déplaire à l’armée de fans des jeux ( 10 millions de fans sur la page Facebook), l’équipe du film est parti d’un scénario original. Ce qui est louable, car le copié collé n’est pas une bonne idée, et de plus, c’est quasiment infaisable… A moins de réaliser un film durant plusieurs jours.
Nouveaux personnages, nouveaux décors… Exit le tueur Ezio, bienvenue Aguilar… Pour cette bobine on part des Etats Unis en 2015 pour atterrir en Espagne en 1492, soit en pleine Inquisition.
Les Templiers de 2016, comme ceux de 1492, veulent récupérer un artefact, la pomme d’Eden qui permettrait de contrôler le libre arbitre, et donc de contrôler l’individu et d’éradiquer la violence… Soit. Rien de nouveau sous le soleil.
NB : Rien de transcendant dans les enjeux donc. Le contrôle du libre arbitre est un thème récurrent que l’on peut retrouver dans « A la croisée des mondes ». La prévision des meurtres et l’éradication de la violence est le point de départ de Minority report, par exemple.
Dernier point négatif sur la construction du récit le film a un rythme étrange, tantôt passant rapidement sur des détails importants, tantôt souffrant de longueurs.
L’animus ou la vie !
La secte des Assassins est la gardienne de la Pomme d’Eden… Leur credo est de travailler dans l’ombre pour la lumière (jusque là tout va bien ) et puis il y a cette phrase si symbolique d’Assassin’s Creed présente dans le jeu « Rien n’est vrai, tout est permis » que l’on peut interpréter comme un délire anarchiste ou terroriste ou encore comme un devise philosophique à la Matrix. En tout cas, ces Assassins sont persuadés d’agir pour le bien de tous, un peu comme la société secrète de « Wanted ». A cela s’ajoute la charge sur les Templiers, les méchants de l’Histoire. Si on ne les porte pas dans notre cœur, il est aussi difficile de compatir pour le personnel d’Abstergo qui exploite les Assassins et les traite comme des cobayes. En gros, ces derniers ont le choix entre entrer dans l’animus ou mourir une seconde fois…
Mais les Assassins eux- mêmes ne sont pas très sympathiques.
Bref, on assiste à des combats et des conflits de façon extérieure. C’est violent, c’est spectaculaire … Mais au final, comme « rien n’est vrai et tout est permis », je peux me permettre de dire que je n’en garde que peu de souvenirs
Autre déception : le voyage dans le passé. Les trois quarts du film nous racontent les origines de la saga… Nous sommes donc dans le présent. Or, ce qui fait le sel des jeux, c’est bien la reconstitution historique d’une époque passée – par exemple la Renaissance italienne avec le personnage d’Ezio Auditore… Entre deux missions ( qui peuvent être effectivement des meurtres mais aussi intimider le fiancé infidèle de sa sœur) et quelques séances galantes, Ezio rencontre Leonard de Vinci, ou s’infiltre parmi des religieux au Vatican.
Dans le film, point de figure historique, hormis un personnage célèbre ayant réellement existé, et encore il s’agit d’une apparition…
Des erreurs de casting ?
Enfin ce qui donnait beaucoup d’espoir, c’était la prestigieuse distribution : en plus de Fassbender, et de Cotillard, on a a Ariane Labed (Voir du Pays , Fidelio) et, on ne les présente plus, Jeremy Irons, Brendan Glesson, Charlotte Rampling. Tous héritent de seconds rôles assez mal écrits. Mais le personnage de Marion Cotillard, Sofia Rikkin n’est pas non plus très développé et ses revirements psychologiques sont assez inexplicables. Enfin Michael Fassbender est convaincant dans le rôle de Callum Lynch , délinquant tueur en quête d’identité et d’un père, mais là encore, il manque quelque chose, psychologiquement parlant. Peut-être un supplément d’âme (car de l’animus on en a !) …
Donc pas d’erreur de casting à proprement parler, disons juste que ce choix de prendre des acteurs réputés était certainement plus un raisonnement marketing qu’autre chose, car les comédiens n’ont pas de grands défis à relever au niveau de leur jeu, et les rôles ne sont pas spécialement profonds.
Voir Justin Kurzel, Marion Cotillard et Michael Fassbender passer d’un « MacBeth » réussi et sans concessions à un énième blockbuster est décevant et légèrement attristant.
La fin, plutôt mal ficelée, nous laisse deviner qu’il y aurait une suite. D’ailleurs, il a été dit qu’il s’agirait d’une trilogie. Ce sera sans moi. Game over.
ASSASSIN’S CREED
Film interdit aux moins de 12 ans
Je n’ai jamais joué au jeu vidéo (ni à aucun jeu vidéo)… Pas une priorité donc, même s’il y a ce cher Michael !