Après Hiroshima mon amour, voici Fukushima mon amour, un film allemand présenté à la Berlinale cette année. Derrière ce titre énigmatique se cache une histoire d’amitié et de choc des cultures à découvrir dès le 15 février.
Synopsis :
Marie, jeune allemande, arrive à Fukushima, au Japon, pour changer de vie. Malgré les difficultés d’adaptation qu’elle rencontre, elle choisit de rester auprès de Satomi, la dernière geisha de Fukushima qui a décidé, de son propre chef de retourner dans la maison qui l’a vu naître.
Les deux femmes ne pourraient être plus différentes, et pourtant, chacune à leur manière, apprennent à se découvrir et se lient d’amitié.
Avis :
En voilà un beau titre de film qui n’a pas été choisi par hasard par une cinéaste écrivaine dont le nom propre est inspirant : Doris Dörrie.
Cette réalisatrice allemande s’est rendue à 28 reprises au Japon.
Et son expérience nippone se ressent dans ce beau long métrage qui est un hommage touchant et respectueux de la culture japonaise.
Il y a beaucoup de sensibilité dans cette œuvre plutôt contemplative contrastant avec la brutalité des événements qui ont touché ce pays le 11 mars 2011. Ce qui est particulièrement troublant dans ce long métrage, c’est qu’il a été tourné dans des décors réels sur les lieux de la catastrophe… Les compteurs Geiger pour mesurer la radioactivité ne sont pas donc factices et ont bien été utilisés par l’équipe du film.
Marie et Satomi sont toutes les deux des accidentées de la vie et ont besoin de retrouver goût à la vie. Les drames qu’elles ont vécu ne sont pas comparables mais leurs souffrances sont empreintes d’une culpabilité aggravant leur mal être.
Malgré les paysages de désolation, la gravité du sujet, ce film n’est pas déprimant et comporte des scènes souriantes. Marie déguisée en clown n’arrive pas à faire rire les personnes âgées obligées d’abandonner leur habitation suite à la catastrophe et résidant désormais dans un foyer, ce qui la désespère. Mais elle est très drôle, à son insu, quand elle est maladroite dans son apprentissage de la cérémonie du thé initié par Satomi.
Le charme de ce film réside entre autres, dans les contrastes entre les deux cultures.
Les deux actrices principales, Rosalie Thomass (Marie) et Kaori Momoi (Satomi) sont formidables et très émouvantes. La réalisatrice a su décrire avec beaucoup de tact l’évolution de leur relation.
Ce film est tout en finesse, très bien écrit, mêlant l’Histoire vraie, grâce à des images réelles de la catastrophe de Fukushima, à une histoire où la réalité et le fantastique s’entremêlent.
Les amateurs de blockbusters ne trouveront pas leur compte dans ce film intimiste et lent.
Pour ma part, ce film m’a beaucoup plu car il est plein d’espoir et allie la poésie à une réalité abrupte .
Un sujet original, une ambiance insolite, le jeu remarquable des acteurs sont des atouts indéniables qui font de Fukushima mon amour, une œuvre attachante et marquante.
Michèle
FUKUSHIMA MON AMOUR
Film de Doris Dörrie
Le
Images © Bodega Film