Greta Driscoll, jeune fille introvertie, est en passe de franchir le cap de ses 15 ans. Seule ombre au tableau : elle ne veut pas quitter le monde douillet et rassurant de l’enfance, une bulle dans laquelle elle s’enferme avec son seul ami au collège, Elliott. Quand ses parents lui annoncent l’organisation d’une grande fête pour son anniversaire, elle est prise de panique. Le grand soir, elle va basculer dans un univers parallèle un peu effrayant et complètement absurde dans lequel elle va devoir affronter ses peurs pour pouvoir se trouver et aborder autrement cette nouvelle ère.
Avis : Fantastic birthday : Le Monde fantastique d’une ado d’Oz
Sur le thème ultra courant du récit d’initiation, Fantastic birthday s’avère être une bobine pleine d’originalité, un peu fou-fou, voire délirant par moments.
Des les premières minutes du générique, on sourit, et on sent qu’on est tombé sur une autre planète, loin des codes actuels de cinéma.
La réalisatrice, Rosemary Myers, a un vrai regard ! Elle adapte une pièce de théâtre avec un style fantaisiste et insolite… Chemin faisant, elle arrive à capter le sentiment d’étrangeté vécu par la jeune Greta, on a vraiment l’impression d’avoir endossé son uniforme… Il est facile de s’identifier à la jeune et timide héroïne : on a tous connu les affres de l’adolescence.
Greta voudrait rentrer dans les cases, se faire accepter par les trois chipies du lycées, triplettes blondes assez inquiétantes formant triumvirat en jupon aussi aimable que Cerbère gardant la porte des Enfers. Elle est prête à faire profil bas, et même à se faire humilier voire renier son ami Elliott qui est amoureux d’elle (Harrison Feldman). Bienvenue dans l’âge ingrat.
Les parents ( joué notamment par le scénariste du film, Matthew Whittet ) sont de vrais numéros : en voulant bien faire, c’est à dire en organisant une fête d’anniversaire qu’il espère fantastique, ils mettent mal à l’aise leur fille. Car ce Fantastic birthday va s’avérer fantastique dans les deux sens du terme puisque la jeune femme va basculer dans un univers de conte de fées.
Oz, c’est aussi le surnom familier de l’Australie, or ce petit bijou nous vient justement d’Australie… (Coïncidence ? Je ne crois pas !)
Cependant, nous ne verrons point de kangourou, d’aborigènes ou de désert à perte de vue.
Au passage, le titre original est Girl asleep , littéralement « la fille endormie », une allusion directe à la Belle au Bois dormant. Les séquences « oniriques » sont des petites merveilles de système D, on pense à du Gondry.
Le pendant négatif de ce passage rêvé, c’est que ce changement de genre et de rythme peut déplaire, mais ce passage cauchemardesque est nécessaire à la suite du récit… Et puis quand on rêve on n’a plus la notion du temps…
La réalisatrice possède un style bien à elle, un peu à la Wes Anderson, c’est vrai. L’esthétique est volontairement atemporelle, même si l’histoire de Greta se passe dans les années 70 et que la réalisatrice a recours au format 1:33, très en vogue à cette époque.
Parmi les acteurs on retiendra la fraîche héroïne et Harrison Feldman qui rend Eliott à la fois comique et terriblement attachant.
Fantastic Birthday c’est un film frais et insolite, aux antipodes des blockbusters actuels. Un peu de fraîcheur venant de « down under ». Après , c’est comme un sandwich à la Vegemite, on aime ou on déteste ! Rosemary Myers est une réalisatrice à suivre, la nouvelle magicienne d’Oz !
Fantastic Birthday
titre original : Girl asleep
Crédits photos : Windmill Theatre / UFO Distribution