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[DVD] La Confession de Nicolas Boukhrief avec Romain Duris et Marine Vacth

Seconde adaptation au cinéma du roman Léon Morin, prêtre de Beatrix Beck (prix Goncourt 1952) après celle de Melville, La Confession de Nicolas Boukhrief est sortie sur nos écrans le 8 mars dernier (journée internationale des droits de la Femme) et nous conte l’histoire d’une jeune femme, Barny, dont les convictions sont bouleversée par l’arrivée d’un certain Léon Morin, prêtre de son état, dans une petite ville occupée par les Allemands lors de l’année 1944. Le film sortant le 12 juillet en DVD et VOD, c’est l’occasion de reparler de ce beau film.                             

Synopsis

Sous l’occupation allemande, dans une petite ville française, l’arrivée d’un nouveau prêtre (Romain Duris) suscite l’intérêt de toutes les femmes de la ville…
Barny (Marine Vacht), jeune femme communiste et athée, ne saurait cependant être plus indifférente.
Poussée par la curiosité, la jeune sceptique se rend à l’église dans le but de défier cet abbé : Léon Morin.
Habituellement si sûre d’elle, Barny va pourtant être déstabilisée par ce jeune prêtre, aussi séduisant qu’intelligent.
Intriguée, elle se prend au jeu de leurs échanges, au point de remettre en question ses certitudes les plus profondes.
Barny ne succomberait-elle pas au charme du jeune prêtre ?

AVIS La Confession  : un homme et une femme … et Dieu entre eux

La Confession (Romain Duris, Marine Vacth) (c) SND

Il ne s’agit pas d’un remake du film de Melville avec Jean-Paul Belmondo et Emmanuelle Riva interprétant respectivement Léon Morin et Barny.

A sa sortie, le film de Jean-Pierre Melville avait remporté le Grand Prix de la ville de Venise en 1961, mais un remake n’aurait eu que peu d’intérêt.
Nicolas Boukhrief propose plutôt une relecture de l’œuvre de Béatrix Beck. Et cette relecture va au cœur de la question de la place de la religion dans la société, en évitant les écueils du film thèse.

Le scénario a pour toile de fond la Guerre 39-45, et se passent fin 44 , lorsque les Allemands étaient en train  de perdre la guerre, lorsqu’ils redoublaient de violence. C’était la volonté du réalisateur de se focaliser sur cette période

On suit Barny et on découvre le père Morin, et tous les deux sont sympathiques, on ne peut donc qu’écouter leurs arguments pour ou contre la croyance, et leurs réflexions philosophiques sans saturer…

Dans ce dialogue les thématiques sont abordées : la religion, la sexualité, la politique, la famille, la vie en communauté …

Bien entendu seuls deux grands acteurs pouvaient s’opposer ainsi dans une joute oratoire sans perdre le spectateur en cours de route.

Romain Duris et Marine Vacth ne déçoivent pas : ils succèdent avec talent à Jean-Paul Belmondo et Emmanuelle Riva.On a beaucoup d’empathie pour les deux héros de l’histoire.

On ne présente plus Romain Duris, mais il est étonnant dans le rôle de cet homme de foi. Marine Vacth est la révélation du film : elle fait passer de multiples expressions sur son visage :  plaisir à provoquer Léon Morin, trouble qu’il produit sur elle, peur, courage, curiosité intellectuelle, désespoir…L’actrice a d’ailleurs reçu le Prix d’interprétation féminine au Festival de Sarlat pour son interprétation de Barny.

Les autres personnages sont également interprétés sans fausse note que ce soient les soldats allemands, les habitants collabos, les résistants, la chef de Barny (Anne Le Ny ), les collègues (Solène Rigot, Lucie Debay, Amandine Dewasmes), les réfugiés juifs…
La Confession n’est pas un huis clos, ce n’est pas une adaptation d’une pièce de théâtre, il y a beaucoup d’action, c’est la vie d’une petite ville pendant l’Occupation qui nous est décrite.

On sent que Nicolas Boukhrief est véritablement habité par le livre de Béatrix Beck et lui porte le plus grand respect. S’il s’autorise quelques moments de licence poétique, il ne trahit pas l’essence de l’œuvre et c’est en général pour éviter les pièges de l’adaptation à notre époque. Ainsi Barny n’est pas veuve, son mari est prisonnier de guerre. Ce n’est donc pas l’histoire d’un prêtre qui renonce à ses vœux et d’une jeune femme qui cherche à reconstruire sa vie et une épaule masculine pour la consoler de sa perte. En effet, l’idylle est compromise dès le départ :  l’abbé Morin voue sa vie à deux, et Barny n’est pas libre puisque mariée. Si la tentation est présente, les enjeux ne sont pas les mêmes.

Le début du film est également différent du roman, puisqu’il se passe de nos jours, lorsque Barny, mourante, se confesse à un jeune prêtre … Une idée assez surprenante – et bien trouvée.  Le film est beau à regarder : décors, costumes, photographie … tout est soigné.

Au final, La Confession reste avant tout une histoire d’amour contrariée par une société entre deux êtres incompris. Deux solitudes qui se rejoignent… La question de la Foi est bien entendu posée… Le texte est parfois magnifique – et l’interprétation le magnifie encore plus. Précisons qu’il n’y a aucun prosélytisme dans le film même si Morin est un homme de Dieu.

Je ne peux que conseiller de voir La Confession, et de rattraper ce film de qualité.

LA CONFESSION

Au cinéma le 8 Mars 2017

Un film de Nicolas Boukhrief (Made In France )

Avec Marine Vacth et Romain Duris

D’après Léon Morin, Prêtre de Béatrice Beck (Prix Goncourt 1952)

DISTRIBUTION : SND GROUPE M6

EN DVD LE 12 JUILLET 2017

Editeur : M6 vidéo

Bonus vidéo

Entretien avec Nicolas Boukrief et l’Abbé Amar

J’ai eu le plaisir de rencontrer  Nicolas Boukhrief, réalisateur du film La Confession, lors du Arras Film Festival où son film était présenté en avant-première.

Nicolas Boukhrief – Arras film Festival – 12 novembre 2016 (c) Claire Fayau

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