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[Avis] Barrage de Laura Schroeder avec Isabelle Huppert et Lolita Chammah

Barrage, c’est un film de femmes : une réalisatrice et scénariste (Laura Schroeder), une co-scénariste (la romancière Marie Nimier), une directrice de la photographie (Hélène Louvart) ; et des actrices dont deux sont liées par le sang : Isabelle Huppert et sa fille Lolita Chammah.
Même la musique du film est signée par une femme, Petra Jean Phillipson …
Ce drame luxembourgeois et belge passé à la dernière Berlinale nous parle de relations mère- fille sur trois générations. Voici ce que j’en ai pensé.

Synopsis officiel de « Barrage »

Catherine, jeune femme de trente ans, revient s’installer au Luxembourg pour renouer avec sa fille Alba qu’elle avait confiée à sa mère Élisabeth dix ans plus tôt. Alba, est froide et distante avec cette étrangère qui réapparaît dans sa vie et résiste farouchement à ses tentatives de rapprochement. Un jour, alors qu’Élisabeth a enfin permis à Catherine de passer quelques heures avec sa fille, Alba se blesse au bras. Catherine, craignant la réaction d’Élisabeth, décide de prendre son destin en main. Elle enlève Alba et l’emmène au chalet familial au bord du lac de la Haute-Sûre, dans l’idée de l’arracher à l’influence d’Élisabeth et de s’offrir un peu de temps avec elle seule. Commence alors un voyage insolite, une plongée dans un monde déroutant à laquelle aucune des deux n’était préparée.

AVIS : BARRAGE

Une affaire de femmes

Rares sont les films où les hommes sont quasiment absents à l’écran. C’est le cas pour Barrage. Barrage, c’est en effet et avant tout l’histoire de trois générations de femmes.

Catherine, lorsqu’elle décide de reprendre sa fille, va se heurter aux réticences de sa mère, qui vivent désormais ensemble depuis une dizaine d’années. Catherine, telle un chien dans un jeu de quille, mal barrée dans la vie, va bousculer l’équilibre relatif établi par la grand-mère…

Ta mère contre ta grand mère

(Tentative peu subtile de faire allusion à « Kramer contre Kramer »…)
Au milieu de ce duel entre parents se trouve la petite Alba. La réalisatrice suit son héroïne préadolescente dans ses doutes ces moments de révolte et de colère et aussi des moments plus enfantins, où la petite se défoule sur une poupée aux cheveux verts ou s’embarque sur l’eau d’un lac il a comme pour Antoine Doinel dans Les quatre cent coups de Truffaut, on s’inquiète pour la petite Alba.

Ce que l’on pourra reprocher au film, c’est sa longueur et ses plans étirés – à force de vouloir être subtil et de vouloir préserver les non-dits. Certaines scènes oniriques pourront aussi frustrer ou déstabiliser, cependant elles n’avancent pas spécialement l’intrigue. En tout cas c’est mon impression…
Le spectateur risque de se perdre un peu ou de sortir de l’intrigue. A moins qu’il ne décide de remplir lui-même les blancs, les ellipses, les silences… Ce voyage initiative nous laisse beaucoup spéculer, lance quelques pistes…

Qu’a fait Catherine ? Qu’est-ce qui l’a décidé à abandonner sa fille ? Quel est le traumatisme dont elle a été victime – si elle a été traumatisée enfant ?
Qu’est-ce qui a fait basculer la jeune fille championne de tennis dans les affres de la drogue et de l’alcool ? La relation toxique avec sa propre mère ? Une agression par un membre de la famille ? Et va- t- il se passer pour Elisabeth, Catherine et Alba à la fin du film ?

Je vais bien, ne t’en fais pas

Lolita Chammah, sur le fil, livre une interprétation sensible toute en retenue, et en explosions de colère, de douleur, de tristesse (voire de folie). Maladroite, fragile parfois patiente, parfois violente, la jeune femme est également passablement égoïste. Lorsqu’elle confie à une dame agếe s’inquiétant pour sa fille : « Je ne me fais pas pour elle, mais pour moi ».

Isabelle Huppert–la mère de Lolita Chammah à la ville comme à la scène – incarne la grand-mère protectrice et autoritaire qui semble reproduire les même erreurs avec sa petite fille qu’avec sa fille… ce qui est étonnant c’est que son personnage peut être amusant par moments, aimable, et irritant par ailleurs. Tout comme celui de Lolita Chammah.

Dans le rôle de la pré-adolescente plus mature que sa propre mère, Thémis Pauwels est parfaite. Une jeune actrice à suivre !

Ce qui rapproche les trois femmes, ce sont bien leurs fêlures, et le fait qu’elles n’arrivent pas à se dire qu’elles s’aiment, même si elles ont souffert.

Dans Barrage, Laura Schroeder mène bien sa marque, elle crée une atmosphère intéressante, épurée et ose quelques moments oniriques (plongée dans l’inconscient de Catherine ?) dans une histoire réaliste. La photographie, en particulier de la nature luxembourgeoise est très belle… Le film est par ailleurs soutenu par l’interprétation des trois actrices principales. Dommage que certaines scènes traînent en longueur. Certains plans n’étaient pas non plus nécessaires à mon avis. Ce n’est toutefois pas un film fleuve et la construction de Barrage est assez solide.

  • Pour en savoir plus, vous pouvez écouter ma chronique sur l’émission Séance live de Séance Radio.com, émission animée par Betty Mourao.

BARRAGE de Laura Schroeder

Avec Lolita Chammah,Thémis Pauwels, Isabelle Huppert, Elsa Houben
Date de sortie: 19 juillet 2017 (1h 50min)

Distributeur : ALFAMA Films

Production : Red Lion et entre chien et loup


Images de l’avant-première prises par mes soins.

Photos du film (c) ALFAMA Films

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