MAKALA est un film réalisé par Emmanuel Gras se déroulant au Congo.Ce long métrage a reçu le Prix de la semaine de la critique lors du dernier festival de Cannes.
Synopsis :
Au Congo, un jeune villageois espère offrir un avenir meilleur à sa famille .Il a comme ressources ses bras , la brousse environnante et une volonté tenace. Parti sur des routes dangereuses et épuisantes pour vendre le fruit de son travail ,il découvrira la valeur de son effort et le prix de ses rêves.
Avis :
Un homme, un fardeau, un trajet …
50 kilomètres à pied , à l’aube , puis sous un soleil écrasant puis à la tombée de la nuit .
Et surtout un homme seul dans l’effort sur des routes chaotiques et poussiéreuses.
Il y a, bien sûr , l’épopée , qui est frappante au 21 ème siècle, mais cette solitude rend encore plus pesante cette aventure pour nous , spectateurs , assis confortablement dans notre fauteuil …
Le charbon de bois a, de nos jours, souvent une connotation festive en France puisqu’il est associé aux barbecues. Au Congo, dans la région du Katanga, cette denrée est vitale pour cuisiner, d’autant plus que la distribution de l’électricité n’est pas régulière.
Ce documentaire nous montre en détails comment se fabrique manuellement ce « makala « , de la coupe d’un arbre jusqu’à la lente combustion du bois sous un monticule fait de terre sèche.
Les gestes ancestraux de Kabwita sont précis. Kabwita , c’est lui le héros de ce documentaire terrible et fascinant . Il est âgé de 28 ans , marié à Lydie.Le couple vit dans un village, a trois enfants dont l’aînée est confiée à la sœur de Lydie pour une meilleure scolarité en ville.
Kabwita rêve de construire sa maison entourée d’arbres. Pour cela, il lui faut acheter des tôles qui représentent, pour lui, une fortune.
Kabwita ne se plaint jamais. Quand il rencontre quelqu’un sur sa route, il dit toujours « ça va. » alors qu’il a fait un effort surhumain à transporter sur un vélo plusieurs sacs de charbon.
Kabwita est croyant. À la fin du film, lorsqu’il arrive au terme de son voyage à Kolwezi et après avoir vendu sa marchandise, il entre dans une salle de prières évangélistes pour remercier Dieu.
Le débat qui a suivi la projection du film, le jour de sa sortie, au Cinéma des Cinéastes , était particulièrement intéressant. Le réalisateur, Emmanuel Gras nous a expliqué comment s’est passée la collaboration avec Kabwita qui est devenu ,en quelque sorte , un assistant de mise en scène de son quotidien. Le tournage a duré un mois et demi et le montage réalisé par Karen Benainous s’est étalé sur 5 mois. Un gros travail pour la monteuse qui disposait de 80 heures de rushes pour en extraire 1h30 de film.
La musique signée Gaspar Claus est surprenante et ne fait pas référence aux musiques locales. Le son du violoncelle , proche d’une complainte humaine , accompagne très bien les pas de Kabwita.
Makala est un documentaire réussi car il marque les esprits. Son rythme est lent puisqu’il suit pas à pas le voyage de cet homme dont le courage et la ténacité sont remarquables.
C’est un film sujet à discussion , en tout cas , qui ne laisse pas indifférent car il se déroule dans un pays à l’actualité brûlante.
Michèle