La Surface de Réparation de Christophe Régin sort au cinéma le 17 janvier 2018.
Mais de quoi parle « La Surface de Réparation » au juste ?
Franck vit depuis 10 ans en marge d’un club de foot de province. Il connaît bien les joueurs et les protège autant qu’il les surveille. Un soir il rencontre Salomé, belle et ambitieuse, qui jette son dévolu sur un ancien champion venu finir sa carrière au club.
AVIS : La Surface de Réparation : métaphysique du hors jeu.
La Surface de Réparation (au passage : joli titre) n’est pas une œuvre sur le football à proprement parler. C’est un film sensible et émouvant sur un type ordinaire, un mec « réglo » qui essaie de trouver sa place. Le scénario de Christophe Régin (primé au Festival du film d’Angoulême) est subtil, le personnage de Frank Gastambide nous renvoyant à nos propres aspirations et expériences de vie…
Le monde du travail est extrêmement bien vu – c’est rare que j’écrive cela pour un film. Il se trouve que l’intrigue se passe en province, au FC Nantes, mais comme l’a dit le réalisateur et scénariste Christophe Régin : « J’aurais pu faire ce film sur un autre milieu que le foot comme le cinéma, tous les milieux où il y a beaucoup de candidats et peu d’élus. »
J’ai beau avoir une vie différente, ne rien connaître au football, je me suis un peu retrouvée dans le personnage interprété par Franck Gastambide, un ancien jeune footballeur prometteur reconverti en homme à tout faire pour son club.
Un homme ni jeune ni vieux qui a renoncé à son rêve professionnel mais qui reste accroché à sa passion, qui y croit, et dont on exploite les qualités … Son ex-camarade de jeu, la femme qu’il rencontre, son patron, tous ont besoin de lui, mais on dirait qu’il ne lui donnent jamais ce qu’il espère… A savoir un travail reconnu et valorisant pour le premier, de l’amour et une relation stable pour la seconde, et du respect et de l’amitié pour le troisième.
On s’attache à Franck, on le suit, et on redoute à plusieurs reprises qu’il pète les plombs… Franck se veut sérieux, droit, moral, il se comporte comme une nounou pour les apprentis joueurs. On lui demande d’espionner et de catalyser certains joueurs, et il le fait, quelque part certain d’être dans son bon droit… Vu de l’extérieur, il vit en marge du club, des « miettes » que veut bien lui donner son chef officieux Yves (Hippolyte Girardot)… Le vide et l’absurdité de ce qu’il fait s’étalent devant lui. Il est hors jeu de sa propre vie.
En même temps, son rôle ne lui déplaît pas : il y trouve même son compte et ne se remet pas vraiment en question. Certes il rêve de devenir entraîneur, mais n’aborde presque jamais la question avec son chef qui, lui, préfère botter en touche – à la fois pour ne pas peiner Franck, mais aussi pour ne pas le perdre. Idem pour sa relation avec Salomé, il a beau voir comment elle se comporte, il est quand même attaché…
Au niveau psychologique, le scénario tient donc parfaitement la route !
J’ai également aimé la direction artistique et la mise en scène, il y a de beaux plans séquences et des scènes qui sont surprenantes. Je m’attendais à beaucoup de discussions autour d’un stade de foot ou dans les vestiaires. Et bien la scène qui m’a le plus plu se passe dans un zoo, la nuit… Côté rythme, le film est relativement court et on ne décroche pas car on a envie de savoir comment va agir Franck.
Si le scénario est aussi juste, c’est sans doute parce qu’il est réaliste et qu’il dégage une certaine authenticité…En fait Christophe Régin met en images une histoire qui « sent le vécu » et nous ramène à nos propres vies. Le spectateur est en empathie avec les personnages.
Mais le scénario et la réalisation ne font pas tout, il faut que l’interprétation soit à la hauteur !
Franck Gastambide est très juste dans ce premier rôle dramatique d’homme qui finalement se met sur le banc de touche pour éviter de renoncer à ses rêves de jeunesse. Il est particulièrement émouvant dans la fameuse scène du zoo !
Alice Isaaz en « fille à footballeurs » a un rôle assez antipathique, c’est d’ailleurs tout à son honneur de choisir des rôles de femmes dures. Alice Isaaz nous fait ressentir pleinement le dilemme de son personnage lorsqu’elle rencontre Franck… On a envie de crier à son personnage, Salomé (prénom biblique de tentatrice…) de laisser tomber son schéma de vie de séductrice, ses plans ambitieux, et son côté vénal, et de tenter l’aventure de la vie de couple avec Franck.
Moussa Mansaly (Patients ) est un ancien footballeur des Girondins de Bordeaux, il est plus que convaincant en footballeur couronné de succès mais en perte de vitesse… Là encore voici un personnage qui n’est pas fait d’un bloc.
Enfin, il y a Hippolyte Girardot, le chef de Franck ; un rôle intéressant car ambivalent car partagé entre son affection pour Franck et les réalités du monde du football et du travail…
Je n’ai donc pas de penalty à donner en fin de match, pardon, de projection.
La Surface de la réparation est un premier long réussi à mon sens. Ce film d’auteur est abordable car son scénario et sa réalisation ne cherchent pas à faire de l’esbroufe. Enfin, l’équipe des acteurs jouent le jeu et soutiennent efficacement l’histoire. Frank Gastambide nous prouve l’étendue de son talent d’acteur avec La Surface de Réparation. Bien joué, Monsieur Régin.
Merci à Ciné+ et à Arp pour avoir organisé la projection privée de ce film en avant-première !
Pour finir, voici quelques-uns de mes tweets en souvenir de la projection et des extraits du débat avec Christophe Régin, Franck Gastambide, Alice Isaaz et Moussa Mansaly !
Extrait de la rencontre : vidéos © Ciné+
http://bit.ly/RencontreSurface1
http://bit.ly/RencontreSurface2
http://bit.ly/RencontreSurface3
http://bit.ly/RencontreSurface4
http://bit.ly/RencontreSurface5
Projo privée La Surface de Réparation de Christophe REGIN