Après un passage hors compétition au festival de Cannes, « D’après une histoire vraie » de Roman Polanski est sorti en salles le 1er novembre 2017.
A l’occasion de sa sortie en DVD, je vous propose de revenir sur cette adaptation du roman éponyme de Delphine de Vigan.
Synopsis
Delphine est l’auteur d’un roman intime et consacré à sa mère devenu best-seller.
Déjà éreintée par les sollicitations multiples et fragilisée par le souvenir, Delphine est bientôt tourmentée par des lettres anonymes l’accusant d’avoir livré sa famille en pâture au public.
La romancière est en panne, tétanisée à l’idée de devoir se remettre à écrire.
Son chemin croise alors celui de Elle. La jeune femme est séduisante, intelligente, intuitive. Elle comprend Delphine mieux que personne. Delphine s’attache à Elle, se confie, s’abandonne.
Alors qu’Elle s’installe à demeure chez la romancière, leur amitié prend une tournure inquiétante. Est-elle venue combler un vide ou lui voler sa vie ?
AVIS
Il existe des projets d’adaptation de livres qui semblent difficiles voire impossibles à transposer au cinéma. C’est le cas de « D’après une histoire vraie » de Delphine de Vigan.
Pourtant, a priori, c’était une bonne idée. D’abord, le roman a récolté deux prix littéraires.
Il a obtenu le Prix Renaudot et le prix Goncourt des lycéens en 2015. C’est un gage de qualité.
Ensuite, Delphine de Vigan a vu plusieurs de ses livres adaptés pour le petit et le grand écran avec succès ! Par exemple « No et moi » et « les Heures souterraines ».
Enfin, Delphine de Vigan a réalisé un film en 2013, « A coup sûr » et elle possède une écriture en général assez cinématographique.
Tous ces arguments ont dû convaincre Roman Polanski, le réalisateur, de porter ce roman sur grand écran. Et, accessoirement, de le présenter dans des festivals, car le film avec Eva Green et Emmanuelle Seigner a été présenté hors compétition au Festival de Cannes 2017.
De quoi parle « D’après une histoire vraie » ? De Delphine, écrivain en panne d’inspiration… lorsque surgit L., une femme étrange, qui dit vouloir l’aider…
Polanski était donc en terrain connu : apparition d’une femme inconnue ( alliée ou ennemie ?), relation toxique, ambiance délétère et claustrophobe, écrivain persécuté… Avec l’annonce de l’intervention d’Olivier Assayas au scénario, le projet de film était plus que prometteur.
Le livre de Delphine de Vigan est qualifié d’autofiction, or c’est surtout une réflexion sur la vérité et la licence poétique, la réalité et la fiction, sur la création littéraire et sur l’amitié… C’est une lecture assez troublante et palpitante. Mais il est difficile de porter une telle œuvre à l’écran, car c’est impossible de laisser planer le doute instillé dans le livre.
Au début, au Salon du Livre, cela commence plutôt bien. Eva Green semble a priori idéale en Elle (ou L.). L. est belle et élégante, tirée à quatre épingles, et l’auteure Delphine (campée par Emmanuelle Seigner), est fascinée par l’apparence de L.
Outre sa beauté et son élégance, Eva Green sait jouer les personnes qui ont « un grain », elle peut même faire peur. Pour moi elle a quelque chose d’Isabelle Adjani lorsqu’elle était trentenaire. Bref, Eva Green est loin de choisir et d’incarner des personnes simples et ordinaires, elle semble préférer les rôles plus extrêmes ou décalés et cela lui réussit bien ( Vesper dans « Casino royale », la mère dans White Bird.) Et pour une fois, ce rôle était dans sa langue maternelle.
Donc le rôle de L. aurait pu lui aller comme un gant – hélas, à part une certaine ambiguïté au début, elle tombe dans le rôle de la méchante- folle- obsessionnelle façon « Misery« …mais elle est quand même moins flippante que Kathy Bates. Il faut reconnaître que le personnage de L. est difficile à « incarner » en raison de sa nature même. -Heureusement on la verra bientôt en astronaute chez Alice Winocour.
Passons à Mlle Seigner. On l’a connue plus inspirée, que ce soit dans les films réalisés par Polanski (comme « Lunes de fiel » ou « Frantic »…) ou ailleurs. Dans les films de son compagnon, Emmanuelle Seigner joue souvent les femmes mystérieuses, avec parfois un côté dangereux. Ici elle hérite du rôle de femme manipulée, dépassée par sa vie, effrayée. Bref, elle est la victime – enfin dans la majeure partie du film. Dans le roman, c’est autre chose car on découvre les pensées de Delphine, on suit sa confusion, on découvre ses doutes…
Rajoutons que dans le film, à aucun moment on ne peut confondre les deux actrices physiquement (en même temps, comment faire autrement à part recruter deux actrices qui se ressemblent beaucoup?).
Bref, je suis restée en dehors de certains rebondissements, malgré les efforts des comédiennes principales, alors que j’ai été transportée et « impliquée » par le roman.
Les autres rôles sont réduits à portion congrues, citons Vincent Pérez (qui effectivement peut faire penser à François Busnel) et Dominique Pinon.
Roman Polanski et Olivier Assayas, son co-scénariste, ont forcément fait des choix pour convertir cette œuvre au format cinématographique … et donc représenter des choses qui dans le livre sont volontairement floues. Et leurs choix ne sont hélas pas toujours judicieux.
Pourtant Polanski n’en est pas à sa première adaptation littéraire… « Le Pianiste » est adapté du roman autobiographique éponyme de Władysław Szpilman. Et « The Ghost Writer » est l’adaptation du roman «L’Homme de l’ombre» de Robert Harris traitant d’un porte plume… Ou encore Lunes de fiel, d’après Pascal Bruckner, l’histoire d’un écrivain américain tombant amoureux d’une jeune femme française…
En fait, c’est peut-être cela le problème : Roman Polanski semble être resté dans sa zone de confort tant ce film était fait pour lui. On a l’impression d’avoir déjà vu ce type de thriller chez le réalisateur ou chez d’autres confrères.
Au final, « D’après une histoire vraie » sent un peu le réchauffé , tout comme la soupe de L. Il manque un « je ne sais quoi », un ton tranché (parfois on ne sait pas s’il faut rire ou s’émouvoir de telle ou telle scène), une prise de risque visuelle, pour que le film retienne vraiment l’attention, a fortiori si – comme moi – le spectateur avait lu le roman de Delphine de Vigan auparavant.
D‘APRÈS UNE HISTOIRE VRAIE
de Roman Polanski avec Emmanuelle Seigner, Eva Green, Vincent Perez…
sortie en salles le 1er novembre 2017 distribué par Mars Films
En DVD le 6 mars 2018 chez StudioCanal
Durée: 1h46
Langues: Français dolby digital 5.1 / 2.0
Audiodescription 2.0
Sous-titres :Français sourds et malentendants
Prix conseillé : 19 euros 99
D’APRÈS UNE HISTOIRE VRAIE
de Roman Polanski avec Emmanuelle Seigner, Eva Green, Vincent Perez.
Sortie le 1er novembre 2017 au cinéma.
Distributeur : Mars Films
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