Le nouveau Wes Anderson se nomme « Isle Of Dogs » – » L’Île aux chiens« . Après avoir fait l’ouverture de la Berlinale 2018, « L’Île aux chiens », deuxième film d’animation de Wes Anderson après « Fantastic Mr Fox« , est reparti avec l’Ours d’Argent du Meilleur réalisateur.
En France, le film sera visible sur grand écran dès le 11 avril 2018.
En raison d’une épidémie de grippe canine, le maire de Megasaki ordonne la mise en quarantaine de tous les chiens de la ville, envoyés sur une île qui devient alors l’Ile aux Chiens. Le jeune Atari, 12 ans, vole un avion et se rend sur l’île pour rechercher son fidèle compagnon, Spots. Aidé par une bande de cinq chiens intrépides et attachants, il découvre une conspiration qui menace la ville.
(via Allociné)
Avis : L’ÎLE AUX CHIENS : cynophilie cinéphile – ou cinéphile cynophile ?
Dès les premières minutes du film, le charme et le dépaysement opèrent, sous le rythme des tambours japonais, une musique pénétrante et originale qui donne le ton du film. La bande originale est signée par Alexandre Desplat : le compositeur oscarisé nous étonne avec ses sonorités nippones.
Après l’évocation d’une page d’histoire du Japon, l’intrigue commence et nous fait rencontrer rapidement nos héros canins qui s’expriment très distinctement (en anglais ou pour la VF en français). On passe régulièrement et avec fluidité du japonais à l’anglais.
Le casting vocal est stylé, aussi bien dans la version originale* que dans la version française **. A noter que Greta Gerwig prête sa voix à l’étudiante Tracy en anglais et en français.
Notons une autre originalité : le petit garçon, Atari, parle en japonais et n’est pas toujours traduit. C’est apparemment une volonté du réalisateur, mais cela est un peu frustrant bien que cela ne nuise pas à la compréhension de l’histoire.
L’animation « en volume » est très réussie. Les yeux des toutous sont particulièrement expressifs. Zoomorphisme réussi !
Les personnages humains ne manquent pas non plus de réalisme (blessures, œil au beurre noir, boutons… )
Le décor est un élément très fort de ce long métrage d’animation, regorgeant de détails que ce soit des inscriptions en japonais ou des détritus !
L’Île aux chiens n’est pas paradisiaque. L’herbe n’y est pas verte, la mer n’y est pas bleue…
L’ambiance est « destroy », l’ensemble est grisâtre – ce qui n’est pas surprenant puisqu’il s’agit d’une immense poubelle, une déchetterie où les chiens bannis sont condamnés à l’extermination.
Pour montrer la déportation de ces chiens malades, de longs instants sont consacrés à leur voyage dans des sortes de wagons accrochés à une poulie. A priori, rien de joyeux, sauf que l’humour apparaît souvent et nous déride régulièrement.
Le climat est dramatique, sur fond d’autoritarisme du Maire de la ville. C’est une fable politique sans enluminure. Pas de mièvrerie, pas de sentimentalisme excessif mais, au final, un message positif et rassurant sur l’humanité. Enfin, on peut tout de même craindre des dérives totalitaires contre la communauté de félinophiles. A l’instar de The Grand Budapest Hotel, le scénario fait allusion à notre Histoire contemporaine…
Bref, le scénario est intelligent, et multi-facettes : c’est un récit d’initiation, un conte, un pamphlet contre le totalitarisme et la corruption. Le script comporte aussi des clins d’œil à la culture japonaise, les sumos, les haikus… je pense qu’il faut revoir le film pour apprécier sa richesse narrative et bien entendu visuelle.
Wes Anderson, jamais monotone, étonne par sa créativité, son sens de la mise en scène, son éclectisme.
Son équipe et lui ont osé créer des scènes très surprenantes pour un film d’animation, comme une intervention chirurgicale ou une préparation culinaire d’un grand réalisme.
Impossible de ne pas admirer cette imagination débordante et cette maîtrise de la réalisation.
Ce film n’est pas réservé aux cinéphiles cynophiles. Il peut plaire à tous les publics, peut être pas aux très jeunes enfants car certaines scènes peuvent être angoissantes.
Il serait amusant de voir les réactions des chiens qui ont été invités par le réalisateur à une projection de ce film dans un théâtre de Chicago !
Il ne faut pas hésiter à débarquer sur « l’Île aux chiens », même si, à première vue, elle est austère, car il s’y passe de drôles de choses, peu ordinaires, parfois cruelles mais aussi poétiques et fantastiques.
Vous l’aurez compris, L’Île aux chiens est un immense coup de cœur !
Allez voir et revoir ce film d’une grande richesse thématique et émotionnelle, et d’une grande originalité.
L’Île aux chiens
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