Hier j’ai eu la chance de bénéficier d’une visite guidée de l’exposition »Enfers et fantômes d’Asie« au Musée du Quai Branly.
La visite a duré un peu plus d’une heure et a été faite par le commissaire de l’exposition Julien Rousseau.
À PROPOS DE L’EXPOSITION
« Des peintures bouddhiques au J-Horror, des estampes d’Hokusai à Pac-Man, du culte des esprits en Thaïlande au manga d’horreur, la figure du fantôme hante l’imaginaire asiatique depuis des siècles. En Chine, en Thaïlande ou au Japon – terrains d’étude de l’exposition – l’engouement populaire pour l’épouvante est bien réel, imprégnant une grande diversité des productions culturelles. Esprits errants de la forêt, femmes-chats vengeresses, revenants des enfers affamés (« walking dead »), vampires sauteurs ou yokaïs (créatures fantastiques du folklore japonais) : leurs apparitions sont multiples et se jouent des époques et des supports artistiques.
Pour mieux en saisir les codes, Enfers et fantômes d’Asie propose d’explorer leur omniprésence dans les arts du spectacle, le cinéma et la bande dessinée. Car si le bouddhisme a contribué à la construction de cet imaginaire – en supposant une attente des âmes entre deux réincarnations –, c’est bien en marge de la religion, dans l’art populaire et profane, que la représentation des spectres s’est surtout développée. »
COMPTE-RENDU
C’était passionnant. Vampire sauteur de Chine, spectre affamé de Thaïlande, Yokaï, femme fantôme ou femme chat vampire du Japon, rites funéraires, fêtes célébrant les morts, descriptions des enfers….
On trouve des œuvres du grand Hokusai, des amulettes thaïes, des robes de prêtres taoïstes nous venant de Chine etc. L’ exposition mêle des pièces rares, des œuvres d’art anciennes à des éléments de culture populaire récente.
Il est d’ailleurs intéressant de voir comme une croyance ancienne peut survivre et donner naissance à de la pop culture. Prenons par exemple les « Yokaï » japonais, yōkai – ou yo-kai.
Ce sont des créatures zoomorphes qui peuvent prendre diverses formes : une sorte de mélange entre un monstre, un esprit et un fantôme. On découvre d’abord un rouleau du XVe siècle recensant les différents yo-kai, puis une vitrine nous montre les représentation de yo-kai contemporains : mangas, figurines dérivées, jeux de cartes et jeux vidéo… L’un des yōkais les plus connus est le kappa, qui ressemble à une tortue. Coo, dans « Un été avec Coo » de Keiichi Hara est un kappa. Maintenant vous comprenez mieux d’où viennent le phénomène des Pokémons et Yo -kai watch , n’est-ce pas ?
Si l’exposition fait la part belle au Japon, la Chine n’est pas en reste avec son juge des enfers, ses prêtres exorcistes taoïstes, des fantômes et vampires/zombies sauteurs ! Le jiangshi (un vampire sauteur) est attiré par le chi(qi), l’énergie vitale : il faut donc s’abstenir de respirer en sa présence !
L’Asie du Sud-Est n’est pas oubliée, une salle est consacrée aux films d’horreur « Thai horreur films » et une autre aux « phi« , les démons, esprits et fantômes locaux comme le spectre affamé ou encore Nang Nak, jeune femme morte en couches…
Attention, certaines images peuvent choquer les jeunes enfants, je ne recommande pas l’exposition aux moins de 12 ans, ou alors ne pas les emmener dans certaines salles.
Et le cinéma dans tout çà ?
Le cinéma fantastique asiatique est relativement méconnu en Occident, à part peut-être les films de fantômes popularisés par « Ring » et « Histoire de fantômes chinois« . L’exposition est un excellent moyen de voir des extraits de films et découvrir par exemple le genre de « kungfu zombies » imaginé par l’acteur- réalisateur Sammo Hung.
A noter que l’exposition est conçue comme un film.
Il y a des installations multi-médias : une danseuse de buto interprète plusieurs fantômes nippons féminins comme Oïwa – qui apparaît et disparaît d’un mur sous forme d’hologramme- ou encore de femme/ chat/vampire.
Un espace est dédié à la J-horror : on y croise des esprits dans une ambiance contemporaine et urbaine… Et ça fait froid dans le dos !
La principale référence dans ce domaine est « Ring » (1998), dont le scénario transpose un fantôme de l’époque Edo à notre époque…
Enfin, le musée a fait appel à une société thaïlandaise spécialisée dans le maquillage, les mannequins et les décors de cinéma pour créer des décors ou des personnages : QFX Productions.
Résultat : l’exposition présente des monstres, fantômes, des statues géantes ou encore une porte des enfers plus qu’impressionnants. La scénographie est bien organisée et l’immersion est totale. J’imagine qu’avec l’audioguide on doit être encore plus dans l’ambiance.
Projection d’un extrait de Histoire de fantômes chinois (1987) dans l’exposition
Pour les fans de films d’horreur ou fantastique qui veulent prolonger l’expérience, un cycle de projections est proposé au musée.
Hier, c’était « Ne vous retournez pas » de Nicholas Roeg, avec Donald Sutherland, d’après Daphné du Maurier. Ce soir, vendredi 13, le thème est la maison hantée, avec Ju-on 2 (Japon, 2004) -« Ju-on » , c’est « The Grudge ». « Ju-on 2″ sera suivi de « The Spiritual World « (Thaïlande, 2008). Attention les deux films sont interdits aux moins de 12 ans
Notez sur votre agenda le « WEEK-END ENFERS ET FANTÔMES D’ASIE » du samedi 23 et dimanche 24 juin 2018
* Retrouver le COMMUNIQUÉ DE PRESSE AVEC LA PROGRAMMATION COMPLÈTE *
Ajoutons que l’accès au film est gratuit (dans la limite des places disponibles)!
Il n’y a donc aucune excuse pour manquer ces films dépaysants … et effrayants.
GALERIE
Voici un petit film (avec musique) d’une minute et quelques résumant ma visite : https://photos.app.goo.gl/iKJQRLqxyB3y3A5g1
Enfers et fantômes d’Asie
Musée du quai Branly, galerie jardin, du 10 avril au 15 juillet 2018.
Le site de l’exposition sur Quaibranly.fr
-> Pour prolonger l’exposition, il y a le numéro spécial de « Connaissance des Arts » ou encore le catalogue de l’exposition.
Retour sur l’exposition BABA BLING qui a eu lieu au quai Branly en 2010.