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[Avis] Hellboy de Neil Marshall

Le démon Hellboy est de retour. Guillermo Del Toro a passé la main à Neil Marshall et Ron Perlman n’est plus de la partie…

Voici l’avis de Florian.

 

Succès critique mais échecs commerciaux, les deux volets de Hellboy réalisés par Del Toro ne verront jamais leur saga se conclurent avec le dernier épisode d’une trilogie, réclamée par les fans, le casting, mais boudée par les producteurs.

Et dans un monde où chaque studio tente de proposer ses propres super-héros pour espérer surfer sur le succès du Marvel Cinematic Universe, Hellboy n’échappe pas à la mode des reboots inutiles. En prétextant se baser plus sur le support original – prétexte habituel pour tenter de justifier un nouveau reboot injustifié – les producteurs ont alors cherché à miser sur une version plus horrifique que la vision onirique du réalisateur oscarisé pour La Forme de l’eau (dont les théories parlent d’une adaptation du spin-off avorté centré sur Abe Sapian), oubliant que ces deux aspects ne sont pas incompatibles. Tout, dans l’annonce du projet avait pour déplaire.

Puis le réalisateur fut annoncé. Neil Marshall, réalisateur de l’excellent The Descent et de plusieurs épisodes particulièrement épiques de Games of Thrones (on pense notamment à l’attaque du Mur dans la saison 4), qui collait effectivement avec la vision plus horrifique voulue par les producteurs. Le premier visuel d’Hellboy était assez rassurant, mais la première bande-annonce vint refroidir ce qui semblait prometteur, mais rien ne vaut le visionnage du résultat final pour se forger son propre avis.

Hellboy arrive au mauvais moment du calendrier. Cerné par le sympathique Shazam (Big version super-héros) et Avengers – Endgame aux Etats-Unis et juste après le dernier opus du MCU en France, Hellboy n’a pas ce qu’il faut pour oser faire face aux deux films. Mais même en dehors de ce problème de calendrier (dû à des problèmes de productions, la sortie initiale étant prévue quelques mois plus tôt), le film a de trop nombreux défauts pour s’en sortir.

Certes, plusieurs idées sont intéressantes : notamment celle de proposer une équipe complètement différente des deux opus de Del Toro, et démarquer son intrigue en proposant un ‘vilain’ différent, ou encore la vision du personnage de Baba Yaga, croquemitaine issue du folklore russe.

Mais malheureusement, les défauts sont trop nombreux pour compenser les rares points positifs.

Tout d’abord, la réalisation est très décevante. Malgré quelques idées visuelles intéressantes, la réalisation est très pauvre… et les quelques idées intéressantes sont complètement gâchées par des effets spéciaux bâclés.
On pense notamment à l’affrontement face à des géants, réalisé à l’aide d’un faux plan-séquence, aux nombreux raccords numériques, et surtout aux nombreuses incohérences spatiales. Les effets spéciaux ne sont pas bâclés uniquement dans cette scène, mais sur l’ensemble du film, donnant un goût d’inachevé. Les scènes de combat ont une chorégraphie assez pauvre.

Le casting est malheureusement à la ramasse.
Si Daniel Dae Kim offre une bonne performance, ce n’est pas le cas de ses camarades : David Harbour cabotine à mort dans le rôle titre (malgré son maquillage très réussi), Milla Jovovich ne parvient toujours pas à offrir une performance crédible depuis Jeanne d’Arc, et Ian McShane est en pilotage automatique.
La caractérisation du personnage d’Hellboy est un vrai retour en arrière par rapport à la version de Del Toro. Le réalisateur mexicain en faisait un monstre voulant être humain, inspirant compassion et empathie ; la version de Marshall en fait un personnage rabougri et antipathique.

Le scénario est assez inégal. Le postulat initial est assez sympathique mais l’ensemble du film reste prévisible, et n’offre que peu de surprises, qu’il s’agisse des personnages qui contre-espionnent, des ‘vilains’ aux motivations creuses, de la révélation sur la paternité salvatrice (à l’instar des deux Amazing Spider-Man) ou des moments humoristiques qui « bident » complètement.

La musique n’a rien de mémorable, et le montage (en dehors du fameux plan-séquence) n’a aucune personnalité.

Les fans noteront plusieurs clins d’oeil à la saga, et deux scènes post-génériques concluent le film, l’une plutôt humoristique et vide d’intérêt, et la seconde cherche à teaser le prochain ‘méchant’ d’une suite qu’on espère ne pas avoir à voir.

Hellboy revient  donc avec un reboot, et celui-ci est loin d’être à la hauteur de ses deux opus précédents, avec un spectacle plus digne du Direct-to-Video que d’une sortie cinéma.
Quitte à aller voir du film super-héroïque, retournez voir Avengers : Endgame et son final très dense, ou Hellboy 2, disponible par exemple sur Netflix ou Amazon Prime vidéo !

Florian Bizieux

HELLBOY

Un film de Neil Marshall
Avec David HarbourIan McShaneMilla JovovichSasha Lane,
Penelope Mitchell et Daniel Dae Kim.

LE 8 MAI 2019 AU CINÉMA

Distributeur : Metropolitan

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