Cette année je crois que comme beaucoup d’entre nous j’avais envie d’un peu de douceur et de fraîcheur pour Noël… et d’un film ‘doudou’.
« Happiest season » , en location le 21 décembre et en DVD le 10 février 2021 (Sony Pictures Home Entertainment) se présente comme la première romance de Noël LGBTQI : il est donc tombé à point nommé.
D’abord parce que j’avais envie de voir un film de Noël.
D’autre part parce que j’étais intriguée par le fait que « Happiest season » soit une romcom inclusive comme « Love, Simon » (ou « Happy New Year » mais l’histoire d’amour gay n’est pas la trame principale de ce récit choral).Et puis je ne connaissais Clea Duvall que comme actrice… Voici donc mon avis ( avec un minimum de spoilers.)
Le titre francophone est sans doute un clin d’œil à la comédie où Robert de Niro martyrise son nouveau gendre Ben Stiller.
Le film de Clea Duvall reprend d’ailleurs un peu la trame de ce film sauf que cette fois : 1/ il s’agit d’un couple de femmes 2/ ce couple n’est pas officiel auprès de la famille, Harper redoutant la réaction de son etourage….
Ambiance « Devine qui vient dîner ? Quipropro, malaises et ascenseur émotionnel en vue, donc !
La réalisatrice /scénariste Clea Duvall reprend aussi les codes des films de fêtes (« Love Actually », « Happy New Year »…) . Le résultat est visuellement agréable : les cartes postales du début, le compte instagram , les décors… Quant à l’histoire c’est un peu un mélange de tout un tas d’ingrédients… Résultat : la sauce ne prend pas toujours. D’abord parce qu’on rit finalement peu, on est plus dans le drame : voir quelqu’un être rejeté par la personne aimée pour sauver les apparences, ce n’est pas drôle en soi.
D’autant plus que la famille de Harper est à première vue assez horrible : la première sœur hyperactive et bizarre ( mais pas méchante), la seconde sœur agressive flanquée d’un mari apparemment aussi désagréable et de jumeaux assez terrifiants, mère suspicieuse et obsédée par le qu’en dira -t -on , père politicien a priori conservateur et intéressé a priori uniquement par son image et celle véhiculée par sa famille.- l’enjeu de donner l’image d’une famille parfaite étant d’obtenir le financement de sa campagne pour devenir maire…
Certaines scènes sentent hélas le vécu : réflexions homophobes, Abby qui est mise sur une petite chaise dans un coin de table … Le petit ami d’il y a 20 ans qui est encensé… et revient sur le devant de la scène… La pauvre Abby doit mettre littéralement se cacher dans un placard. Le pire étant qu’elle est accusée de vol et que sa petite amie ne la défend pas, la délaissant pour retrouver ses amis d’enfance et son ancien boyfriend. Le personnage de Harper même s’il souffre de garder ce secret, fait vraiment souffrir Abby et devient très antipathique…
En contraste, la fin parait un peu trop rose bonbon – ainsi que le revirement très ( trop ?) de toute la famille de Harper après la « révélation ».
Tout n’est pas drôle donc, tout n’est pas émouvant même s’il y a des passages qui pourraient vous faire pleurer…
Le film n’a pas forcément un message militant LGBTQI, à part que l’on doit assumer qui on est et aborder la difficulté et la complexité d’un coming out, ainsi que la violence d’un outing ( la révélation par un tiers qu’une personne est gay.)
Le casting du film est un atout majeur .
D’abord il y a Kristen Stewart à qui la comédie sied ( vivement d’autres romcoms !) Ensuite il y a Mackenzie Davis, un peu plus fade peut-être mais avec un rôle pas évident.
Aux côtés de Mackenzie Davis / Kristen Stewart, on retrouve Victor Garber, Burl Moseley, Alison Brie, Mary Steenburgen , Mary Holland( coscénariste du film) Burl Moseley, Aubrey Plaza et Dan Levy.
Ce sont finalement certains personnages secondaires qui apportent un vrai plus au film : souvent ils amènent de l’humour et sont les véritables moteurs de l’histoire. Ainsi , Aubrey Plaza joue Riley, l’ex petite amie de Harper alors qu’elles étaient toutes deux au lycée. Elle a souffert d’avoir été « outée » par Harper qui s’est ainsi protégée en se disant harcelée par Riley… Toutes ses années elle a gardé le secret et ne dévoile son secret que pour aider Abby.
L’autre personnage intéressant, allié d’Abby, est son meilleur ami gay, John, interprété par Dan Levy. C’est lui qui a les meilleures répliques, qu’elles soient comiques ou dramatiques. Un beau personnage qui semble cliché au début mais cette impression s’efface vite…
Mary Holland s’est réservé le personnage du vilain petit canard de la famille. La soeur célibataire, fofolle, un brin fatiguante mais ultra bienveillante… Celle qui dit tout haut tout ce qu’elle pense, sans aucune autocensure. Là encore un personnage plus profond qu’il n’y parait.
Enfin Alison Brie interprète la sœur compétitive devenue mère … C’est comme si le personnage de la série Community interprété par Mlle Brie avait pris 15 ans et eu deux jumeaux et bonne dose de fiel et de frustrations. Ce personnage aurait pu être plus développé mais en fait il sert surtout de révélateur …
Bref, je vous conseille de regarder « Happiest season »devrait vous faire sourire et vous émouvoir malgré ses défauts. Mais personne n’est parfait(e).