Faye, Pedro, Keanu … et les autres
En 2013, je vous avais raconté mon premier Festival Lumière sur We Love Cinéma.En 2014, j’ai voulu y retourner, le programme étant tout autant alléchant. C’est en effet l’occasion de sortir de l’actualité du cinéma pour (re) découvrir des classiques.
(edit octobre 2024 : Cet article a été publié sur le site We Love cinéma il y a dix ans.)
Ce que j’aime dans ce Grand Lyon Film Festival, c’est que c’est un festival pour tous, populaire, accessible financièrement. Les artistes (acteurs, réalisateurs, scénaristes…) viennent présenter des films qu’ils admirent ou sur lesquels ils ont travaillé.
La sixième édition n’a pas dérogé à la règle ; ce fut un vrai plaisir de (re) découvrir ces pépites de cinéma. Les séances étaient presque toutes complètes, malgré le temps estival qui incitait plus à la promenade qu’au recueillement dans les salles obscures.
Impossible de recenser toutes les projections et tous les événements du Festival. Je vous propose donc une synthèse, avec les cérémonies et quelques temps forts et séances auxquelles j’ai pu assister.
Les cérémonies
– La cérémonie d’ouverture, lundi 13 octobre.
L’actrice Faye Dunaway était l’invitée d’honneur de la soirée du lundi (le festival avait commencé dès le lundi matin, ce qui est une nouveauté par rapport aux années passées).
Le film projeté était le mythique film de gangsters « Bonnie and Clyde » d’Arthur Penn, avec dans le rôle de Bonnie Parker, Faye Dunaway. Miss Dunaway était visiblement très émue. Il faut dire que l’ambiance est toujours extraordinaire à Lyon, et que les hommages rendus sont parfois poignants !
– La remise du Prix Lumière, vendredi 17 octobre.
Vendredi soir, Pedro Almodóvar a reçu ce « Nobel du Cinéma ». Parmi les artistes présents pour la remise de prix : Juliette Binoche, Xavier Dolan… Et les actrices de ses films (Rossy de Palma, Marisa Paredes, Elena Anaya…)
Penelope Cruz et Antonio Banderas n’ont pu être présents mais ont envoyé des messages vidéos diffusés lors de la soirée. Des interventions musicales ont ponctué la cérémonie. L’an dernier, Mélanie Laurent avait chanté pour Quentin Tarantino. Cette année, c’est Agnès Jaoui qui a interprété avec brio « Piensa en mi » ! La soirée s’est terminée en karaoké géant, des milliers de personnes entonnant « Resistiré » (extrait de la bande originale de « Attache-moi » (« Atame »).
Pour clore la soirée en beauté, on a projeté le mélodramatique « Parle avec elle ».
Almodóvar, cinéaste cinéphile, cinéaste de la movida, était comme un poisson dans l’eau à Lyon.
– La cérémonie de clôture dimanche 19 octobre, en présence de Pedro Almodóvar, Marisa Paredes et de tous les invités.
Imaginez 5 000 personnes réunies par amour du cinéma, qui applaudissent à tout rompre le lauréat du Prix Lumière : la clôture de Lyon Lumière, c’est ça !
Une ambiance incroyable, comme tous les ans… Cette année, il paraît que les drapeaux espagnols étaient de sortie. La cérémonie s’est terminée par la projection de « Tout sur ma mère », un très grand Almodóvar.
Les hommages et rétrospectives
L’œuvre de Claude Sautet (« César et Rosalie », « Vincent, François, Paul… et les autres », …) a fait l’objet d’une rétrospective. L’occasion de mettre en lumière une œuvre à mi-chemin entre le cinéma populaire et le cinéma d’auteur.
Un hommage a été rendu à Marie Dubois, actrice de « Vincent, François, Paul… et les autres », cette dernière étant récemment décédée.
Ont également été mis à l’honneur : Isabella Rossellini (en sa présence), ainsi qu’à l’inventeur du western italien Bob Robertson, Ted Kotcheff (le réalisateur de « Rambo » également venu à Lyon). Un cycle de films a été projeté en l’honneur de Coluche et de Ida Lupino – l’une des rares femmes cinéastes hollywoodiennes des années 40/50. Lupino était aussi actrice et se qualifiait elle-même de « Lauren Bacall du pauvre ».
Enfin, parmi les invités d’honneur, on trouvait le compositeur Michel Legrand et Thelma Schoonmaker, la monteuse attitrée de Martin Scorcese et l’épouse du réalisateur Michael Powell. Enfin pour fêter le centenaire de Henri Langlois, fondateur de la Cinémathèque française, un ciné-concert a été organisé, composé de « Fièvre » de Louis Delluc, et de « Soleil et ombre » de Musidora, précédé d’un hommage vidéo de Costa Gavras.
Les autres événements : cartes blanches, rencontres et séances exceptionnelles !
Bertrand Tavernier, président de l’Institut Lumière, a voulu mettre en valeur des films français parfois méconnus, parfois plus connus comme « la Traversée de Paris » de Claude Autant-Lara.
Pedro Almodóvar avait également carte blanche. Ses choix furent éclectiques. Parmi eux, j’ai pu voir « Voyage en Italie » de Roberto Rossellini avec Ingrid Bergman.
Parlons d’un autre événement : la « Nuit » du samedi. Cette année, c’est la saga Alien qui a été choisie pour passer une nuit blanche à la Halle Tony Garnier. Jean-Pierre Jeunet, réalisateur du quatrième volet, « Alien : résurrection » avait fait le déplacement à Lyon pour une masterclass exceptionnelle avant de venir présenter cette « Nuit ». Le réalisateur a fait preuve d’une belle générosité auprès de ses fans, et était intarissable sur son expérience de cinéaste. Ses anecdotes ont enchanté les cinéphiles présents.
Les festivaliers pouvaient également rencontrer Michael Cimino (déjà venu l’an dernier, il était là pour présenter son premier film, « le Canardeur »), Ted Kotcheff, ou encore Keanu Reeves, venu présenter son documentaire « Side By Side ». »
Personnellement j’ai vu de près John McTiernan, venu présenter son « Piège de Cristal » (« Die Hard ») lors d’une séance exceptionnelle : une belle surprise car le réalisateur n’était pas prévu au programme. J’étais assise à côté de BrigitteL Fossey, qui découvrait le film. (Quant à moi, c’était la première fois que je voyais ce film dans une salle de cinéma).
Mais le choc visuel est venu de « 2001 : l’Odyssée de l’espace ». Le chef d’œuvre de Stanley Kubrick est tellement mieux en grand format ! On a l’impression de découvrir de nouvelles choses, de redécouvrir le film sur grand écran.
Il y avait également deux avant-premières : « The Search » de Michel Hazanavicius (le réalisateur était présent ainsi que son épouse Bérénice Bejo qui joue dans le film) et « Les nouveaux sauvages », produit par Almodóvar.
Enfin, en guise de clin d’œil au passé, Pedro Almodóvar, Xavier Dolan et Paolo Sorrentino ont tourné chacun en direct, rue du Premier Film, un remake des frères Lumière : « La sortie des usines Lumière ». Parmi les figurants se trouvaient Marisa Paredes, Rossy de Palma, Berenice Bejo et Isabella Rossellini, Keanu Reeves, John McTiernan, Marisa Paredes, Jean-Pierre Marielle, Michael Cimino, Jean-Pierre Jeunet, Tony Gatlif, Gaspard Ulliel, Ana Girardot…
Comme vous pouvez le constater, le Festival Lumière est un festival pour tous. Les films proposés sont très différents, de « Nosferatu » à « Piège de Cristal », «Ghostbusters » en passant par le western spaghetti, le documentaire ou le film de sabre japonais. Il y a même des films d’animations (cette année une séance de « ciné – goûter » a eu lieu ; on a projeté « Le Voyage de Chihiro » de Hayao Miyazaki devant 5 000 spectateurs.)
Enfin, le point d’orgue du festival : les ciné-concerts. J’ai eu la chance de voir et d’entendre, dans la magnifique salle de l’Auditorium, « le Dernier des hommes » de Murnau, film de 1924 d’une extraordinaire modernité. Un organiste accompagnait les images en live. Splendide et émouvant.
On avait l’impression de voyager dans le passé lors de ce spectacle exceptionnel.
Auguste Lumière était né un 19 octobre, date de clôture de cette édition 2014. Il était loin d’imaginer qu’un festival porterait son nom, et que cette célébration du cinéma serait une telle réussite, où toutes les séances sont pleines, et les festivaliers enthousiastes.