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[Avis] A Ghost Story de David Lowery avec Rooney Mara & Casey Affleck

A Ghost Story a fait sensation au dernier festival du film américain de Deauville d’où il est reparti primé, après avoir fait la clôture de Sundance.

Ce film de David Lowery est assez différent de son précédent- même si le réalisateur a à nouveau choisi le duo Rooney Mara/Casey Affleck (on lui doit « Les Amants du Texas » et « Peter et Elliott le dragon « , tous deux chroniqués sur le Blog. ).

A Ghost Story est une œuvre singulière, c’est une expérience de cinéma. Est-ce un film émouvant ou indigeste ?

L’histoire :

Apparaissant sous un drap blanc, le fantôme d’un homme rend visite à sa femme en deuil dans la maison de banlieue qu’ils partageaient encore récemment, pour y découvrir que dans ce nouvel état spectral, le temps n’a plus d’emprise sur lui. Condamné à ne plus être que simple spectateur de la vie qui fut la sienne, avec la femme qu’il aime, et qui toutes deux lui échappent inéluctablement, le fantôme se laisse entraîner dans un voyage à travers le temps et la mémoire, en proie aux ineffables questionnements de l’existence et à son incommensurabilité.

(via Universal)

AVIS : A Ghost story … L’esprit s’ennuie…

Étant donné que j’ai un avis très mitigé sur le film, j’ai décidé de lui attribuer des notes avec le même mot barème que celui que j’utilise habituellement pour les films de fantômes- barème totalement inventé par mes soins mais qui me permet de faire le point, même si ce film sort de l’ordinaire.

  • Scénario : le point de départ de l’histoire est très simple.
    C’est le même que « L’esprit s’amuse » de David Lean, ou encore  » Hanté par ses exs « ou « Ghost » un amoureux revient de l’au-delà pour observer l’être aimé, le sauver ou l’embêter. Si le ton des deux premiers films cités est comique, et Ghost est une romance, A Ghost Story se veut être une réflexion philosophique sur la vie et la mort, le deuil, l’amour et le temps qui passe …
    Le point de vue adopté est celui d’un être vêtu d’un drap, le fantôme d’un homme. Un personnage muet, qui ne peut pas communiquer avec les vivants, sauf en soulevant quelques objets ou en faisant clignoter des lumières. Il n’arrive pas à faire le deuil de sa femme, il ne parvient pas non plus à quitter leur maison.
    La seule personne avec qui il peut réellement communiquer est un autre fantôme (leur échanges sont muets et sous titrés) , fantôme qui a perdu la mémoire et sait juste qu’il attend quelqu’un.
    Le film de Lowery en profite pour imaginer le passé de la maison où habitait le jeune couple, depuis les pionniers jusqu’à un futur hypothétique. Car un fantôme est condamné à hanter un lieu…

« A Ghost Story » n’est en fait pas un film de fantômes ordinaire, il a un scénario très » littéraire », avec des citations de Virginia Woolfe. Il y a peu d’actions, beaucoup de réflexions, et de moments où il ne se passe rien du tout.
Dans le film, le couple n’est jamais nommé, on apprend sur une lettre que la jeune femme s’appelle « M. », et au générique que le jeune homme devenu fantôme avait un prénom commençant par un C. Sans doute pour donner au couple une dimension universelle…

  • Dialogues : 1/5

Ils sont réduits au minimum. Ce n’est visiblement pas ce qui intéresse le réalisateur. Dans A Ghost Story, on devine les pensées des personnages principaux par leur attitude. Quand Rooney Mara mange une tarte pendant plus de 5 minutes, on a l’impression d’assister à la scène, impuissants, en direct, sans pouvoir intervenir, tout comme son fantôme de mari… On peut décider que c’est ennuyeux et trouver cette scène totalement nulle.
Ou au contraire qu’elle est révélatrice d’une grande justesse, et imaginer les pensées du personnage de M., son stream of consciousness. Mais difficile de rendre un monologue intérieur palpitant. Lowery a aussi fait le choix que le fantôme ne parle pas, or le film est centré sur ce personnage. A part un monologue assez fou sur le sens de la vie d’un homme dans une soirée, le reste des dialogues est extrêmement réduit, et banal – et d’ailleurs parfois dans le films on ne parle plus en anglais, mais en espagnol (souvent non traduit, mais on comprend).

  • Atmosphère : 4/5

Ce que le film a enlevé en action et en dialogue, il le compense en atmosphère : nature sublime, jeux sur la lumière, gros plans sur un cosmos , long plan séquences … C’est chiadé et très beau.

La musique, bien trouvée, accompagne parfaitement le film. Casey Affleck interprète un musicien et son piano joue un rôle assez important dans le film.

  • Trouillomètre : 0,5 sur 5

Le fantôme ne fait pas peur (ou alors occasionnellement aux occupants de la maison). En tout cas, il ne fait pas peur aux spectateurs. On ne voit pas non plus de visions terrifiantes de l’au-delà. Non, finalement, ce qu’il y a de pire après la mort dans le film de Lowery, c’est la solitude, le silence, l’ennui et la perte de mémoire… Être oublié par ceux qu’on aime et oublier ceux qu’on a aimé, et ce, jusqu’à la fin des temps. On retrouve là, un peu, la thématique de Coco.

  • Romantisme : 5/5 , surtout dans la première partie, la relation entre C. et M lorsqu’ils vivent ensemble-, jusqu’au départ de C.
  • Humour : 0/5 (ou alors humour involontaire.) Certaines scènes frôlent le ridicule, et font sourire, par exemple le dialogue muet entre les fantômes, une sorte de télépathie entre un fantôme recouvert d’un drap blanc et l’autre fantôme couvert d’un drap fleuri.
  • Rythme : 1/5 David Lowery impose un rythme lent, quitte à accélérer par moments… Il joue clairement avec la notion de temps, ce qui nous déboussole un peu. Pour ne pas gâcher l’intrigue je ne parlerai pas de l’issue du film, mais sachez qu’à un moment on retrouve le concept de boucle temporelle… Le film ne dure qu’une heure et demie, et le passage de la tarte dure au moins cinq bonnes minutes.
  • Photographie et effets spéciaux : 4/5 L’image du film est proche de celle des films de Terrence Malick ; c’était déjà le cas pour « Les amants du Texas ». Il y a des effets spéciaux qui « ne se voient pas » comme par exemple lorsque le fantôme se défenestre…
  • Interprétation : difficile de juger du jeu de Casey Affleck qui, les 3/4 du film, joue sous un drap, sans dire un mot.
    Rooney Mara est convaincante en jeune femme, elle est émouvante, presque aussi avare en mots que son mari… Mais ce qu’elle dit a du sens. Ainsi, au début, quand elle confie qu’elle aime laisser des petits papiers contenant quelques mots d’amour aux maisons qu’elle a habité, on pense que c’est une anecdote, une manie assez étrange, et bien ce détail a une importance.
    Le réalisateur aime visiblement scruter la moindre de ses émotions en faisant des gros plans sur son visage. Les deux comédiens réussissent à nous intéresser à leur histoire, même sans dialogue et leur histoire d’amour sur grand écran semble crédible.

Conclusion :

Œuvre casse gueule, A Ghost Story est un film minimaliste, simple mais jamais vue encore. C’est une proposition de cinéma indépendant audacieuse, ambitieuse dans son discours, mais qui ne m’a pas totalement embarquée ni convaincue. Il faut aussi un certain temps pour digérer ce film, et peut-être même le revoir pour apprécier certains détails de la mise en scène.

  • images Copyright Universal Pictures International France

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